Basé sur les retours de millions de passagers, le classement Skytrax analyse de multiples critères : confort à bord, qualité du service, restauration, propreté ou encore ponctualité. Ce recul de Royal Air Maroc intervient alors que d’autres compagnies, notamment européennes et africaines, progressent dans le classement. Air France, par exemple, accède au top 10 mondial grâce à l’excellence reconnue de sa première classe et de sa gastronomie, tandis qu’Ethiopian Airlines consolide sa place de numéro un africain.
RAM, pour sa part, conserve une position significative sur le continent africain en se classant deuxième meilleure compagnie derrière Ethiopian Airlines, et devant South African Airways et Kenya Airways. Elle reste également la seule compagnie nord-africaine à figurer dans le top 100, ce qui atteste de sa résilience malgré le recul mondial. Forte d’un réseau dense entre le Maghreb, l’Afrique subsaharienne, l’Europe et le Moyen-Orient, elle joue toujours un rôle central dans le transport aérien régional.
Mais cette dynamique régionale ne suffit plus à masquer les lacunes structurelles qui freinent sa progression sur la scène internationale. L’expérience passager sur certaines lignes demeure inégale, en particulier en classe économique, et les standards attendus par les voyageurs ne cessent de monter. Les compagnies concurrentes misent sur l’innovation, la formation continue du personnel, la ponctualité rigoureuse et la personnalisation des services pour se différencier. Autant de domaines où Royal Air Maroc devra intensifier ses efforts.
La modernisation de la flotte est un autre point critique. Bien que des acquisitions récentes aient enrichi la flotte avec des Boeing 787 Dreamliner, l’homogénéité de l’expérience à bord reste à parfaire. Dans un univers où la technologie et le confort définissent l’attractivité, une politique d’investissement ambitieuse semble désormais incontournable.
L’enjeu dépasse le simple classement. À travers Royal Air Maroc, c’est l’image du Maroc en tant que hub aérien qui est en jeu. Chaque interaction avec la marque — de l’application mobile aux salons d’aéroport — participe à façonner la perception du pays auprès de millions de voyageurs. En cela, le classement Skytrax devient aussi un miroir de la promesse nationale d’hospitalité, de modernité et de fiabilité.
La comparaison avec Air France met en lumière le chemin à parcourir. En s’appuyant sur un positionnement premium affirmé et une identité forte, la compagnie française a su fidéliser une clientèle exigeante et s’imposer comme référence. Royal Air Maroc pourrait s’inspirer de cette approche pour valoriser ses liaisons long-courriers, notamment vers l’Amérique du Nord et l’Europe, tout en renforçant son ancrage panafricain.
Le classement 2025 appelle donc moins à une réaction ponctuelle qu’à une refondation stratégique. Royal Air Maroc dispose des fondations nécessaires pour rebondir : une identité forte, une position géographique avantageuse, une reconnaissance continentale. Il lui reste à consolider ces acquis par une transformation en profondeur de son modèle opérationnel et relationnel. L’objectif ne saurait se limiter à remonter dans le classement, mais bien à restaurer une relation de confiance durable avec ses passagers, bâtie sur l’excellence et la cohérence.
Les mois à venir seront déterminants pour redéfinir une trajectoire à la hauteur des ambitions affichées. La baisse au classement Skytrax, loin d’être une fatalité, peut devenir le point de départ d’une dynamique vertueuse. Encore faut-il en faire un levier de changement.