Trois semaines après son lancement officiel à Rabat, le programme national Tadarroj entre dans sa phase de mise en œuvre avec la signature de ces deux conventions intersectorielles à Mohammedia. L’objectif : renforcer la qualification des jeunes, rapprocher la formation du monde de l’entreprise et répondre aux besoins urgents en main-d’œuvre dans deux piliers économiques du pays.
Doté d’un budget global de 800 millions de dirhams, Tadarroj ambitionne de former 100 000 jeunes d’ici 2030 dans plus de 200 métiers. Sa méthode repose sur un équilibre précis : 20 % de formation théorique et 80 % de pratique en entreprise. Ce modèle d’alternance, déjà expérimenté dans plusieurs régions pilotes, doit ancrer durablement la formation professionnelle dans la réalité économique des territoires.
Former 16 600 apprentis par an dans deux secteurs stratégiques
Les deux conventions signées à Mohammedia encadrent la création de nouvelles filières de formation par apprentissage pour 15 000 jeunes dans l’agriculture et 1 600 dans la pêche maritime chaque année à partir de 2026. Ces chiffres traduisent la volonté de donner une dimension nationale et sectorielle à la réforme de la formation professionnelle.
L’agriculture et la pêche mobilisent près de 40 % de la population active marocaine. Pourtant, leur transformation reste freinée par un déficit de compétences. En formant localement des jeunes capables d’intégrer rapidement les chaînes de valeur, Tadarroj apporte une réponse structurelle aux besoins du secteur. Les premières promotions seront déployées dans les régions de Souss-Massa, Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Dakhla-Oued Eddahab.
Un partenariat interministériel fondé sur la proximité
Les ministères signataires ont prévu de mobiliser un réseau d’équipements publics existants : maisons de jeunes, foyers féminins et centres d’apprentissage serviront de points d’appui régionaux pour accueillir les formations et orienter les candidats. Ce maillage territorial permettra de former les jeunes au plus près des besoins des entreprises et des coopératives locales.
Les premières conventions régionales de déploiement sont attendues avant mars 2026, avec un suivi technique assuré par les directions régionales des deux ministères. Cette approche collaborative vise à harmoniser les curricula, certifier les parcours et renforcer la gouvernance de la formation par apprentissage à l’échelle nationale.
Répondre à l’urgence de l’insertion des jeunes
Avec un taux de chômage des jeunes supérieur à 25 % selon le HCP, le Maroc fait de l’apprentissage un levier central pour l’emploi. Tadarroj introduit une passerelle directe entre formation et insertion : les apprentis bénéficient d’une couverture sociale, d’un encadrement personnalisé et d’une évaluation en continu.
Le ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, a annoncé que 4 000 jeunes rejoindront le dispositif dès cette année, répartis sur dix régions pilotes. Pour Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, cette démarche repose sur « un partenariat solide entre les services publics et les entreprises », garantissant des cursus certifiants et des débouchés réels.
Les Chambres d’agriculture, les offices régionaux de la pêche et plusieurs coopératives professionnelles participeront à la mise en œuvre locale du dispositif.
Une formation axée sur la pratique et la certification
Chaque parcours Tadarroj durera de 12 à 24 mois et associera des modules de théorie en centre agréé à une immersion prolongée en entreprise. Le ratio 20/80 favorise la montée en compétences sur des postes réels : machinisme agricole, irrigation, maintenance, transformation agroalimentaire, pêche côtière, aquaculture ou valorisation des produits de mer.
Les formations déboucheront sur des certifications reconnues par l’État, assurant une meilleure mobilité professionnelle et un accès rapide à l’emploi. Cette approche vise aussi à encourager l’entrepreneuriat local et la création de micro-projets dans les zones rurales et côtières.
Vers un maillage national de la formation par apprentissage
Le programme Tadarroj s’inscrit dans la feuille de route gouvernementale pour le développement du capital humain adoptée en février 2025. Il s’articule avec les politiques d’emploi, de développement rural et de cohésion sociale.
À ce jour, 168 centres de formation participent déjà au programme, et leur nombre devrait croître rapidement pour couvrir toutes les régions du Royaume. Le gouvernement prévoit une évaluation annuelle des taux d’insertion et de satisfaction des entreprises afin d’adapter les contenus pédagogiques.
En ciblant ces deux secteurs, Tadarroj soutient la montée en compétences des jeunes ruraux et maritimes, tout en consolidant la sécurité alimentaire et la compétitivité à l’export.
Les premières promotions issues des conventions signées à Mohammedia intégreront leurs entreprises d’accueil dès avril 2026. Ce calendrier traduit une volonté claire : faire de la formation par apprentissage non pas un dispositif ponctuel, mais un pilier durable de la stratégie nationale pour l’emploi et le développement territorial.







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