Depuis que plusieurs auteurs et chercheurs comme Travis Bardberry, Richard Davidson et Thomas Insel ont fait des présentations et des débats au Forum économique mondial de 2015 à Davos, sur le thème de la pleine conscience (mindfulness), une technique de méditation qui a récemment été intronisée dans les programmes de bien-être au travail de plusieurs grandes entreprises, cette méthode a été saluée, comme découverte révolutionnaire, et son fondateur (Jon Kabat-Zinn) visait des objectifs plus ambitieux.
La pleine conscience a maintenant recueilli de nombreuses critiques négatives, mais son importance n’a pas diminué. Cela dure depuis quelques années, mais la récente pandémie a ramené à l’attention l’importance du bien-être des employés, de la santé mentale et de l’inefficacité probable des styles et pratiques de gestion actuels. Bien que la recherche et l’innovation sur ces sujets soient pratiquement constantes, la question du bien-être des employés semble être toujours un enjeu récurrent.
Il y a probablement eu beaucoup de débats et de recherches sur le bien-être des employés depuis l’avènement de l’organisation moderne. Il s’agit d’une question qui défie la période historique, et ré-apparaît plutôt dans des conditions différentes, sous d’autres variables. Au cours des dernières décennies, l’économie mondiale a connu une croissance rapide et une plus grande intégration entre les marchés internationaux. Parallèlement aux progrès technologiques et à leur transformation ultérieure du paysage économique, l’entreprise elle-même a changé. Compte tenu de l’évolution des conditions de travail, la question du bien-être des travailleurs n’est toujours pas dépassée.
Au cours des dernières années, le débat sur le bien-être au travail, les risques psychosociaux et le stress a été plus ouvert et plus riche qu’auparavant. Cela a certainement attiré l’attention de plusieurs chercheurs et universitaires, et la plupart des entreprises ont modifié certains de leurs processus pour prendre en compte le bien-être des employés. Pourtant, c’est encore un sujet controversé. Les reportages et témoignages sur les conditions de travail de certaines entreprises, le niveau de stress, et la dégradation de la santé mentale sont périodiques. Les chercheurs et les entreprises, de leur côté, essaient toujours de développer des méthodes plus efficaces. Et comme la pandémie l’a montré, de nombreux aspects du travail peuvent nécessiter un réexamen.
Dans ce contexte, la Mindfulness est, dans ce contexte, le mot à la mode le plus récurrent. Il est à l’origine défini comme une technique de méditation axée sur le développement de la conscience et portant délibérément l’attention au moment présent ; attribuée à la tradition bouddhiste. Cette technique a été de plus en plus discutée dans les forums de gestion et les revues d’affaires au cours des dernières années. Elle est présentée comme la solution la plus efficace pour de nombreux maux du lieu de travail. Cependant, pour plusieurs raisons, elle suscite beaucoup d’avis négatifs, et devient presque un terme fourre-tout.
Le bien-être des employés est définitivement un paradigme dans la conception du lieu de travail moderne. Les programmes de bien-être et de réduction du stress ne sont plus un luxe, mais plutôt présents dans la plupart des bureaux. Les plus expérimentaux incluent un éventail plus large ; yoga, programmes de conditionnement physique et conseils, entre autres. La Mindfulness vient ici comme le dernier ajout, dans une tendance croissante à donner aux employés les outils pour développer leur santé mentale, et pour faire face à la nature du travail. Cela a été un élément important même avant la pandémie. Pourtant, tandis que les employés retournent lentement à leurs habitudes de travail, peut-on prévoir un réel changement ?
Comme pour les autres programmes de bien-être et les formations de réduction du stress, la pleine conscience a également subi une transformation avant de devenir la réduction du stress moderne basée sur la pleine conscience (MBSR) développée par Jon Kabat-Zinn. Ces méthodes, une fois introduites sur le lieu de travail, deviennent parties du business ; des stratégies proposées pour atteindre un objectif précis. Leur efficacité peut être quantifiée et mesurée. Bien qu’en affaires, il doit y avoir un certain niveau de standardisation et de précision calculable, il y a encore certains aspects qui ne peuvent pas être intégrés dans ce modèle.
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises tentent de transformer le modèle organisationnel actuel. La dynamique souhaitée entre l’employeur et l’employé est celle qui répond aux besoins des deux. La nécessité d’effectuer et de rendre l’opération économiquement viable, ainsi que la responsabilité personnelle de l’employé, équilibrée avec des conditions de travail et une rémunération décentes, un aménagement pour le confort des employés afin qu’ils performent au mieux. Cette concession nécessiterait de nouvelles méthodes pour déterminer le bien-être des employés, et pour mettre en œuvre une meilleure stratégie pour celui-ci. Comme Ronald Purser, professeur de management et auteur du livre McMindfulness, l’écrit dans un article pour le Guardian « Le problème est le produit qu’ils vendent et comment il a été emballé. La pleine conscience n’est rien de plus qu’un entraînement de concentration de base. Bien que dérivé du bouddhisme, il a été dépouillé des enseignements sur l’éthique qui l’accompagnaient. Ce qui reste est un outil d’autodiscipline, déguisé en auto-assistance. Au lieu de libérer les pratiquants, cela les aide à s’adapter aux conditions mêmes qui ont causé leurs problèmes. »
La pleine conscience est un excellent exemple de méthode bien pensée avec des applications et des implications problématiques. Si ces méthodes sont des tentatives de consolidation entre le modèle organisationnel actuel, l’innovation et les exigences du personnel, il semble qu’une transformation radicale du modèle organisationnel actuel ne soit pas nécessaire. Pourtant, la mise en œuvre complète de programmes de bien-être réels, avec les approches requises, pourrait être la transformation radicale du lieu de travail et de l’organisation.