Les 1er et 2 octobre 2025, Paris devient la capitale européenne de la donnée et de l’intelligence artificielle. La 14e édition de Big Data & AI Paris réunit pendant deux jours dirigeants, chercheurs, start-upers et responsables publics autour d’un enjeu central : comment faire de l’intelligence artificielle un levier de compétitivité et de transformation durable. Plus de 220 exposants et environ 17 000 participants sont annoncés, confirmant la place de cet événement comme le plus important en France sur le sujet.
Organisé depuis plus d’une décennie, le salon est progressivement passé d’un lieu de découverte technologique à une véritable agora stratégique. Là où les premières éditions mettaient en avant les promesses de l’IA et du big data, l’édition 2025 entend démontrer leur industrialisation et leur intégration dans les modèles d’affaires. L’axe choisi par les organisateurs, intitulé « Innovative Minds », illustre cette volonté : accompagner les entreprises dans le passage de projets pilotes à des déploiements à grande échelle, tout en intégrant les dimensions réglementaires et éthiques qui s’imposent désormais dans tous les secteurs.
La dynamique de cette édition s’inscrit dans un contexte particulier. L’Europe s’apprête à mettre en œuvre l’AI Act, un texte qui impose de nouvelles règles de gouvernance et de transparence. Dans le même temps, les tensions géopolitiques renforcent l’exigence d’indépendance numérique et rappellent la fragilité de l’Europe face à la domination américaine et chinoise. Le salon apparaît dès lors comme un espace où l’on ne discute plus uniquement de technologies, mais de stratégie industrielle, de souveraineté et de transformation organisationnelle.
Souveraineté numérique, IA frugale et open source : les piliers de l’édition
Trois thématiques dominent les discussions cette année et traduisent les priorités stratégiques de l’écosystème. La première est la souveraineté numérique européenne, enjeu qui dépasse largement la seule question technologique. Les dépendances aux infrastructures extra-européennes, qu’il s’agisse des fournisseurs de cloud ou des concepteurs de semi-conducteurs, posent un risque économique et politique majeur. Big Data & AI Paris veut contribuer à construire une feuille de route commune pour renforcer cette autonomie, en associant acteurs publics, régulateurs et entreprises privées.
La deuxième thématique est celle de l’IA frugale et responsable. Alors que les modèles génératifs de nouvelle génération consomment des volumes croissants de ressources, la question de leur empreinte écologique devient incontournable. Les sessions consacrées à ce thème cherchent à démontrer qu’il est possible de conjuguer performance et sobriété, en travaillant sur l’optimisation des architectures, l’efficacité énergétique et la mutualisation des ressources. Pour les DRH, cette tendance résonne avec la montée des préoccupations environnementales dans les politiques de responsabilité sociale des entreprises.
Enfin, le troisième axe met en avant l’open source et l’intelligence collaborative. Le rôle des communautés open source dans le développement d’outils performants et accessibles est désormais reconnu par l’ensemble de l’industrie. Cette édition entend souligner leur contribution à la démocratisation de l’IA et à l’émergence d’alternatives crédibles aux solutions propriétaires. Au-delà de l’aspect technique, cette approche collaborative représente aussi une manière de diffuser plus largement les compétences et de réduire la fracture numérique entre grandes entreprises et PME.
Le programme « Innovative Minds » : de la vision stratégique aux retours d’expérience
Le salon se structure autour du programme Innovative Minds – The Big Data & AI Summit, conçu comme un espace premium de réflexion et de partage. Plus de 60 sessions sont organisées sous trois formats complémentaires. Les Leaders Talks rassemblent des personnalités reconnues du secteur pour analyser les impacts sociétaux, économiques et réglementaires de l’IA. Les Use-Cases donnent la parole aux entreprises qui partagent leurs retours d’expérience, illustrant la manière dont elles transforment leurs métiers grâce aux données et aux algorithmes. Enfin, les Expert Sessions approfondissent les aspects techniques, qu’il s’agisse d’IA quantique, de cybersécurité, de gouvernance des données ou de conception de modèles frugaux.
Parmi les intervenants de cette édition figurent Florian Douetteau (Dataiku), Inès Leonarduzzi (Digital For The Planet), Vincent Champain (Framatome), Annabelle Gérard (Stellantis) et Yann Bonnet (Campus Cyber). Leur présence illustre la transversalité du sujet : l’IA n’est pas l’apanage d’un secteur, elle s’étend de l’énergie à l’automobile, de la culture à la régulation, en passant par les services numériques et la cybersécurité.
Ces conférences ne se contentent pas de dresser des perspectives. Elles mettent aussi en avant des cas concrets, à l’image de BlaBlaCar, qui réduit ses coûts d’infrastructure grâce à Vertex AI, ou de Carrefour, qui fiabilise ses données dans huit pays avec une plateforme d’observabilité avancée. Doctolib présente quant à lui sa nouvelle gouvernance des données, tandis que Veolia expose la manière dont l’IA générative améliore la gestion durable de l’eau. Ces exemples montrent comment l’IA s’intègre dans des modèles opérationnels et apporte des gains tangibles en performance et en durabilité.
PME, IA quantique et technologies émergentes : élargir le champ des possibles
Si les grands groupes dominent encore les annonces, Big Data & AI Paris 2025 met un accent particulier sur les PME, souvent confrontées à des obstacles structurels pour accéder à ces technologies. L’événement leur propose des parcours personnalisés, des démonstrations adaptées et des cas d’usage qui tiennent compte de leurs contraintes en termes de ressources humaines et financières. Cet effort traduit une volonté de démocratiser réellement l’accès à l’IA et de ne pas la limiter aux acteurs les mieux dotés.
L’édition inaugure également un espace consacré à l’IA quantique et aux technologies émergentes. En offrant un aperçu des ruptures à venir en matière de puissance de calcul, de nouvelles architectures et de traitement de données complexes, le salon ouvre une fenêtre sur ce que pourraient être les applications de demain. Cet espace attire l’attention des directions de l’innovation, mais aussi des DRH, qui doivent anticiper l’impact de ces ruptures sur les métiers et les compétences à mobiliser dans les prochaines années.
Les cahiers « Insiders » : prolonger la réflexion au-delà du salon
Autre nouveauté marquante : le lancement de la collection éditoriale The Big Data & AI Insiders, des cahiers numériques publiés tout au long de l’année pour approfondir les tendances structurantes du secteur. Le premier numéro est consacré aux agents IA, ces systèmes capables d’exécuter des tâches de manière autonome et de transformer en profondeur l’organisation du travail.
L’exemple de la banque singapourienne DBS, qui a remplacé 4 000 postes par des agents IA tout en créant 1 000 emplois complémentaires, illustre la double facette de cette technologie : elle génère des gains de productivité tout en redéfinissant les contours de l’emploi. Pour les DRH, cette mutation appelle des politiques d’accompagnement renforcées. Elle met aussi en lumière la nécessité de développer rapidement des programmes de formation continue, dans un contexte où Reuters estimait en 2024 que 50 % des postes en IA restaient non pourvus et que 70 % des effectifs des entreprises nécessitaient un upskilling.
Ces publications apparaissent comme un outil stratégique pour les décideurs, en leur offrant un regard documenté sur les tendances mondiales et en les aidant à anticiper leurs répercussions locales. Pour les entreprises marocaines et africaines, elles constituent une ressource précieuse pour mieux comprendre les transformations qui se dessinent et pour adapter leurs politiques de gestion des compétences.
Un carrefour entre innovation et responsabilité
L’édition 2025 confirme que Big Data & AI Paris n’est plus seulement un salon technologique, mais un espace de gouvernance et de prospective. En plaçant la souveraineté numérique, l’IA responsable et l’innovation ouverte au centre des échanges, l’événement montre que la transformation numérique ne peut être dissociée des enjeux sociétaux. La question écologique, l’inclusion des PME, la transparence des algorithmes et la formation des collaborateurs ne sont plus périphériques : elles deviennent des conditions de réussite.
Pour Émilie Pierre-Desmonde, directrice du salon, l’ambition est claire : faire de Big Data & AI Paris « un lieu stratégique où la réflexion rencontre l’action ». Cette approche traduit une conviction forte : l’innovation n’a de valeur que si elle s’accompagne d’une capacité à la mettre en œuvre de manière concrète, durable et responsable.
Avec plus de 17 000 participants attendus, Big Data & AI Paris s’impose comme une plateforme de synergies, où se côtoient démonstrations technologiques, débats réglementaires, ateliers pratiques et opportunités de networking. Pour les entreprises comme pour les institutions, il constitue un moment clé pour comprendre les mutations en cours et préparer les transformations à venir.
À l’heure où l’IA générative accélère et où l’Europe cherche à affirmer une voie propre, compétitive et éthique, ce salon devient un rendez-vous stratégique pour toutes les organisations qui veulent rester à la pointe. En combinant souveraineté, frugalité et ouverture, il propose une vision claire : celle d’une intelligence artificielle capable de renforcer la performance économique tout en respectant les valeurs collectives.







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