Alors que 70 % des entreprises marocaines déclarent manquer de profils qualifiés en cybersécurité et cloud computing (source : Baromètre IT Skilliance 2024), le Maroc joue une carte audacieuse : investir dans la formation ultra-spécialisée de ses chercheurs dès le stade doctoral.
L’innovation comme levier d’internationalisation des compétences
Du 17 au 27 août 2025, vingt doctorants issus des universités publiques marocaines ont été accueillis en Chine pour un programme intensif articulé autour de deux axes : immersion technologique et exploration industrielle. Cette initiative fait suite au protocole d’accord signé au GITEX Africa 2025 entre le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation et Huawei Maroc.
Ce partenariat illustre une orientation stratégique claire : aligner la formation académique marocaine sur les standards internationaux de l’innovation, et faire des futurs docteurs de véritables vecteurs de transfert technologique.
Shenzhen, Dongguan : plongée dans les capitales industrielles de demain
Les doctorants ont d’abord été plongés dans les coulisses de la Longgang Smart City, vitrine des technologies urbaines intégrées. Là, ils ont observé en temps réel la convergence entre infrastructure, IA et data dans la gestion intelligente des villes.
La deuxième semaine s’est déroulée au cœur des centres d’innovation de Huawei. Visite d’usines automatisées, démonstrations de cloud industriel, ateliers pratiques avec des ingénieurs R&D : une expérience complète conçue pour passer de la théorie à l’impact. L’objectif : familiariser les participants avec les logiques d’industrialisation numérique à grande échelle.
Un programme pilote, des ambitions systémiques
« Ce programme ne forme pas seulement des chercheurs ; il façonne les futurs architectes du Maroc numérique », commente un professeur encadrant de l’Université Hassan II. L’approche est inédite par son ciblage : des profils en cours de thèse, encore peu sollicités dans les initiatives de transformation digitale.
Ce choix s’inscrit dans une tendance mondiale. Selon l’étude “Global Talent Trends” de Mercer (2024), les pays émergents qui réussissent leur transition numérique sont ceux qui intègrent les compétences STEM dans une logique de souveraineté. À titre d’exemple, le Vietnam a multiplié par trois le nombre de partenariats université-industrie en moins de cinq ans, dans les filières IA et robotique.
Un enjeu pour les DRH du secteur technologique
Pour les responsables RH des entreprises marocaines opérant dans les TIC, l’intérêt est double. D’abord, ces doctorants représentent un vivier de talents hautement qualifiés, capables d’innover en local tout en intégrant des standards globaux. Ensuite, ces programmes peuvent inspirer les politiques internes de formation : immersion terrain, mentorat par des experts métiers, apprentissage par projet… Autant de leviers transposables dans les stratégies de développement des compétences.
Le modèle proposé ici par Huawei Maroc peut ainsi servir de référence pour les entreprises souhaitant aller au-delà des séminaires théoriques, en créant des ponts durables entre recherche et industrie.
Entre diplomatie scientifique et stratégie RH nationale
Au-delà de ses retombées immédiates, ce programme soulève une question de fond : qui prépare aujourd’hui les compétences qui façonneront la souveraineté numérique de demain ? Dans un monde de plus en plus polarisé autour de la maîtrise technologique, le Maroc semble miser sur une voie peu explorée : l’internationalisation de sa recherche appliquée comme levier de compétitivité.
C’est désormais aux DRH, aux décideurs publics et aux acteurs académiques de structurer ce type d’initiatives dans une politique de gestion prévisionnelle des talents à l’échelle nationale.







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