Introduire des compétences critiques comme la résolution de problèmes, la pensée analytique ou encore la collaboration, dès le plus jeune âge ? C’est le pari qu’a pris le programme inwi Challenge, qui a mobilisé cette année 440 enseignants dans 399 établissements scolaires, totalisant 1 504 ateliers et 2 250 heures de formation.
Au cœur du dispositif : Minecraft Education, un environnement numérique immersif où les élèves construisent, modélisent et coopèrent dans le cadre de scénarios pédagogiques. Résultat : un apprentissage actif, contextualisé et engageant, en cohérence avec les programmes officiels du ministère. Loin d’être un simple outil ludique, Minecraft devient ici un levier structurant de pédagogie par projet, de développement cognitif et d’engagement collectif.
Depuis 2021, le programme a déjà touché plus de 110 000 élèves dans 1 029 établissements scolaires à travers le Royaume, et formé 1 308 enseignants à l’utilisation pédagogique des environnements immersifs numériques.
Un investissement RH… avant la lettre
Si inwi Challenge est d’abord un programme éducatif, il constitue aussi, de manière plus stratégique, un investissement précoce dans le capital humain du pays. À l’heure où les DRH doivent intégrer une nouvelle génération sur le marché du travail, souvent jugée insuffisamment préparée aux réalités professionnelles, les compétences que ce programme cultive prennent tout leur sens.
Une étude du Forum économique mondial (Future of Jobs Report 2023) indique que 6 compétences sur 10 les plus recherchées à l’horizon 2027 relèvent du registre cognitif et comportemental : pensée critique, résolution de problèmes complexes, créativité, leadership, et apprentissage continu. Ces aptitudes, à la fois fondamentales et transversales, ne peuvent plus être considérées comme des “soft skills annexes” : elles deviennent des compétences cœur, aussi vitales que la maîtrise technique.
Or, ces compétences ne s’improvisent pas à 25 ans. Elles s’apprennent. Et plus tôt l’individu y est confronté, plus solides seront ses réflexes cognitifs et sociaux. inwi Challenge propose donc une réponse concrète au décalage structurel entre les compétences scolaires traditionnelles et les attentes du monde professionnel.
Une cohérence forte avec la vision éducative du ministère
Le programme s’intègre de manière fluide à la feuille de route 2022-2026 du ministère de l’Éducation nationale, qui positionne l’intégration des technologies numériques comme un levier de transformation profonde des pratiques pédagogiques.
Cette feuille de route met l’accent sur trois axes majeurs :
- L’amélioration des apprentissages fondamentaux
- L’équité et l’inclusion
- L’élévation des compétences des enseignants
inwi Challenge coche ces trois cases. D’abord, en favorisant une approche active et expérientielle de l’apprentissage, bien plus efficace que la transmission magistrale dans l’ancrage des connaissances. Ensuite, en rendant l’école plus inclusive : le jeu numérique, lorsqu’il est bien encadré, devient un outil d’égalité pédagogique, qui engage aussi bien les élèves performants que ceux en difficulté. Enfin, en formant les enseignants à de nouvelles pratiques numériques, inwi contribue à la professionnalisation d’un corps enseignant souvent peu exposé à ces approches dans sa formation initiale.
Le succès du programme repose aussi sur un ancrage territorial fort. Les lauréats de cette 5e édition proviennent aussi bien de Taounate, El Hajeb, Midelt, Agadir que de Berkane ou Meknès. Ce maillage géographique démontre la capacité du programme à réduire la fracture numérique et à toucher des zones rurales ou périphériques, longtemps délaissées par les politiques d’innovation éducative.
Un modèle à fort impact social… et économique
Pour les décideurs RH, la dimension sociale du programme ne doit pas être dissociée de son impact économique. Former des jeunes à des compétences du XXIe siècle, c’est non seulement améliorer leur employabilité future, mais aussi garantir une main-d’œuvre mieux préparée aux réalités volatiles, incertaines et complexes du monde professionnel.
Selon une étude menée par McKinsey & Company en 2023, les organisations qui investissent dans le développement des soft skills chez leurs collaborateurs constatent une hausse de la productivité de 12 % en moyenne et une réduction du turnover de 22 %. Transposé à l’échelle nationale, cela signifie que des programmes comme inwi Challenge — en amorçant ce développement dès l’école — peuvent contribuer à long terme à stabiliser et renforcer le marché du travail marocain.
Vers un nouveau rôle pour les entreprises dans l’écosystème éducatif ?
L’implication d’un acteur privé comme inwi dans la formation de compétences clés dès l’école interpelle les DRH sur leur propre rôle dans l’écosystème de formation nationale. L’entreprise ne peut plus se limiter à “consommer” des talents formés ailleurs : elle devient co-actrice de leur développement.
Ce modèle de partenariat public-privé appliqué à l’éducation pourrait inspirer d’autres secteurs. À l’image de ce que font certains groupes industriels en matière de formation professionnelle ou d’alternance, des opérateurs du numérique, de la finance ou de l’industrie pourraient, à leur tour, s’impliquer dans la co-construction de programmes éducatifs, alignés avec les besoins futurs des entreprises.
Une telle démarche ne relève pas de la philanthropie, mais d’une logique d’investissement long terme dans le vivier de compétences nationales. Pour les DRH, cela signifie élargir leur périmètre d’action stratégique, en se positionnant comme contributeurs à la qualité de la formation initiale… dès le primaire.
Un signal stratégique à ne pas négliger
À l’heure où le marché marocain de l’emploi fait face à une double tension — inadéquation des compétences d’une part, aspirations accrues des jeunes talents de l’autre —, des initiatives comme inwi Challenge viennent dessiner une voie médiane. Celle d’un système éducatif qui n’oppose plus performance scolaire et employabilité, mais les articule dans une logique de compétences hybrides, transférables et évolutives.
Ce programme, en apparence scolaire, est en réalité porteur d’un signal fort pour les DRH :
- D’abord, il permet de cartographier les compétences émergentes dès leur stade embryonnaire.
- Ensuite, il offre une opportunité d’engagement sociétal fort, en lien avec les enjeux RSE et la marque employeur.
- Enfin, il interpelle sur la nécessité de repenser les collaborations entre école, entreprise et territoire.
Les entreprises qui misent sur l’innovation RH gagneraient à scruter ces signaux faibles : la bataille des compétences commence bien avant l’université — elle se joue déjà sur les bancs du primaire, armés de blocs Minecraft et de défis collaboratifs. La question pour les DRH n’est plus seulement : “Comment attirer les talents ?” mais : “Comment contribuer à les faire éclore ?”







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