À mesure que les infrastructures prennent forme, le projet Nador West Med attire l’attention des observateurs économiques bien au-delà du Maroc. Ce futur complexe portuaire, en cours de finalisation sur la façade méditerranéenne du Royaume, est porteur d’enjeux dépassant largement la seule fonction logistique. Il cristallise une ambition : inscrire la région de l’Oriental dans une nouvelle dynamique de développement et repositionner le Maroc comme un acteur logistique incontournable dans l’ouest de la Méditerranée.
Conçu comme un complexe industrialo-portuaire intégré, le site associera un port en eau profonde à une plateforme industrielle connectée, sur un modèle déjà éprouvé avec Tanger Med. La ressemblance n’est pas fortuite. Il s’agit d’appliquer les leçons tirées du succès de Tanger, tout en adaptant l’approche aux spécificités économiques et sociales de l’Oriental. L’objectif est clair : transformer cette région historiquement marginalisée en une zone à forte intensité d’activité économique.
Les travaux d’infrastructure de la première phase du port sont achevés, tandis que les équipements nécessaires à sa mise en exploitation sont en cours de fabrication. L’entrée en service est prévue pour la fin de l’année 2026. Une première phase de la zone industrielle attenante sera mise en service simultanément, sur une superficie de 800 hectares, dont 270 seront directement affectés à des activités industrielles liées aux énergies renouvelables, aux équipementiers et aux industries manufacturières.
La conception modulaire du projet permet une montée en charge progressive. Initialement calibrée pour traiter 3,5 millions de conteneurs par an, la capacité du terminal devrait atteindre 5 millions dès les premières années, la demande ayant dépassé les prévisions. La décision d’anticiper l’extension du terminal ouest traduit un changement de rythme dicté par les besoins du marché.
Le potentiel de création d’emplois est significatif : entre 80 000 et 100 000 postes directs et indirects pourraient être générés dans les premières années d’exploitation. Cette dynamique devrait contribuer à l’émergence d’un tissu industriel nouveau, adossé à une plateforme logistique performante, dans une région en quête de diversification économique. L’impact attendu dépasse largement le périmètre de la région de l’Oriental : les régions voisines de Fès-Meknès, Draâ-Tafilalet et Tanger-Tétouan-Al Hoceima devraient également bénéficier de cette impulsion.
Le port est pensé comme un outil de polarisation d’investissements industriels et logistiques. L’industrie automobile et les énergies renouvelables sont identifiées comme les deux secteurs moteurs du projet. D’autres filières industrielles viendront compléter cet écosystème, avec l’objectif d’attirer à la fois des entreprises locales et des acteurs internationaux.
La conception intégrée du site, qui associe activités portuaires, zones franches industrielles et logistiques, permet de créer une synergie entre les différentes composantes du projet. Cette approche vise à optimiser les flux, à réduire les délais et à améliorer la compétitivité des entreprises implantées. Elle répond également à une logique d’attractivité territoriale, en rendant la région plus visible et plus accessible pour les investisseurs.
Sur le plan des infrastructures, les choix techniques reflètent une volonté d’excellence. Des solutions d’ingénierie avancées ont été retenues pour garantir la robustesse et la durabilité des installations. Le projet met également l’accent sur les technologies respectueuses de l’environnement, dans un souci d’alignement avec les engagements du Maroc en matière de développement durable.
L’investissement cumulé, public et privé, devrait dépasser les 80 milliards de dirhams. Au-delà de l’effet d’entraînement économique, ce volume témoigne d’une volonté politique forte de rompre avec les déséquilibres territoriaux. Il s’agit d’ouvrir un nouveau front de développement dans l’Est marocain, longtemps en marge des grandes dynamiques économiques du pays.
Nador West Med incarne ainsi une réponse opérationnelle à plusieurs défis stratégiques : désenclavement régional, renforcement de la souveraineté logistique, insertion dans les chaînes de valeur industrielles globales. Ce projet ambitionne aussi de repositionner le Maroc dans un environnement méditerranéen marqué par une forte concurrence portuaire. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter les capacités nationales, mais de se rendre indispensable dans les flux commerciaux régionaux.
L’intérêt que suscite déjà le projet à l’international atteste de son potentiel. Plusieurs opérateurs étrangers ont manifesté leur intention de s’implanter dans la zone industrielle, attirés par la position géographique du port, la disponibilité foncière, les incitations prévues et la qualité des infrastructures. Cette dimension internationale est au cœur du projet, qui se veut une porte d’entrée stratégique vers l’Afrique, mais aussi un point de transit vers l’Europe et le Moyen-Orient.
L’un des points d’attention dans les prochaines étapes concernera la formation de la main-d’œuvre. Pour répondre aux besoins de compétences liés à l’industrialisation et aux métiers logistiques, un effort de structuration de l’offre de formation devra accompagner le développement du site. La réussite du projet dépendra aussi de sa capacité à irriguer l’économie locale et à générer des effets d’entraînement dans les services, le commerce, et l’innovation.
En dotant l’Oriental d’un complexe de cette envergure, le Maroc traduit sur le terrain une ambition formulée à plusieurs reprises : celle d’un développement équilibré entre les territoires, fondé sur des infrastructures capables d’attirer l’investissement, de créer des emplois et de structurer de nouveaux bassins économiques.
Nador West Med n’est pas une simple infrastructure portuaire. C’est un projet à haute portée politique et économique, porteur d’une promesse de transformation pour un territoire longtemps éloigné des grands axes de croissance. Sa concrétisation et sa réussite en feront un marqueur durable de la stratégie d’aménagement du territoire et un levier de repositionnement du Maroc dans l’économie maritime mondiale.







![[INTERVIEW] Stage PFE : piloter la pyramide de talents chez Deloitte Maroc — Interview avec Mélanie BENALI et Hicham OUAZI l DRH.ma](https://drh-ma.s3.amazonaws.com/wp-content/uploads/2025/11/19103455/Interview-avec-Me%CC%81lanie-BENALI-et-Hicham-OUAZI.jpg)



