Alors que le Maroc accélère la montée en compétence de sa jeunesse pour accompagner sa croissance économique, la reprise de l’ESA Casablanca par le groupe français Igensia Éducation marque un tournant stratégique. Plus qu’un simple changement de gouvernance, cette opération scelle un partenariat structurant entre deux espaces académiques complémentaires.
L’annonce a été officialisée fin janvier 2025. Le groupe Igensia Éducation, ex-groupe IGS, a conclu un accord avec la Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc (CFCIM) pour reprendre la gestion de l’École Supérieure des Affaires de Casablanca (ESA). Fondée il y a 37 ans, cette institution privée propose six programmes Bac+3 et Bac+5 dans les domaines du commerce, du marketing, de la communication digitale, de la gestion et des ressources humaines. Désormais, elle devient la tête de pont africaine d’un acteur de référence de l’enseignement supérieur français.
Un double-diplôme et une mobilité académique renforcée
Concrètement, les étudiants de l’ESA pourront désormais obtenir un double-diplôme associant leur cursus local à celui d’une des écoles du groupe Igensia : l’ICD (business), l’IPI (informatique) ou l’ESAM (finance & management). Ils bénéficieront aussi de la possibilité de poursuivre leurs études sur l’un des quatre campus français du groupe (Paris, Lyon, Toulouse, Nanterre), ou via le réseau international de partenaires académiques d’Igensia.
Ce rapprochement ne sera pas unilatéral. « Les étudiants français pourront également suivre une partie de leur scolarité à Casablanca », précise Sami Belhadj, le directeur de projet, franco-marocain et natif de la ville. À terme, cette logique de mobilité croisée renforce l’attractivité du Maroc en tant que hub académique régional, tout en exposant les étudiants marocains à des standards pédagogiques et managériaux internationaux.
Un marché en croissance rapide
Le choix du Maroc ne doit rien au hasard. « Le pays est un marché stratégique pour le développement de l’enseignement supérieur, avec une croissance notable du nombre d’étudiants et un fort dynamisme économique », souligne Stéphane de Miollis, Directeur Général d’Igensia.
Selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur marocain a dépassé 1,2 million en 2023, en hausse de plus de 25 % en cinq ans. Parallèlement, la réforme de l’enseignement supérieur, l’introduction du bachelor et l’ouverture croissante aux partenariats public-privé attirent des groupes internationaux. Igensia rejoint ainsi des acteurs comme Galileo Global Education ou Excelia, déjà implantés au Maroc.
Des enjeux RH au cœur de la stratégie
Pour les DRH marocains, cette opération n’est pas qu’un fait divers académique : elle a des implications directes sur la qualité des viviers de recrutement, notamment dans les secteurs clés comme la distribution, l’hôtellerie, la tech ou la finance.
L’ESA Casablanca bénéficie historiquement du réseau d’entreprises de la CFCIM pour insérer ses diplômés. Avec l’arrivée d’Igensia, ce réseau s’élargit et se professionnalise, à travers des programmes calibrés selon les attentes des entreprises françaises et européennes. Le maintien des frais de scolarité à 5 000 € par an pendant deux ans garantit une certaine accessibilité, même si l’enjeu de l’inclusion sociale dans l’enseignement privé reste un point de vigilance.
Une diplomatie économique et éducative assumée
Ce rapprochement illustre aussi une dynamique plus large : la diplomatie économique entre la France et le Maroc passe de plus en plus par l’éducation. Comme l’a déclaré Claudia Gaudiau-Francisco, présidente de la CFCIM :
« En nous associant à un partenaire français de renom tel que le Groupe Igensia, nous réaffirmons notre engagement à renforcer les relations d’exception qui unissent nos deux pays, notamment à travers la formation ».







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