Le 31 juillet 2025, le groupe chinois Shandong Kuntai New Material Technology a officialisé la création d’une filiale industrielle au Maroc, avec un investissement annoncé de 100 millions de yuans, soit environ 130 millions de dirhams. Cette implantation marque une nouvelle étape dans la stratégie d’internationalisation du leader des revêtements intérieurs automobiles, qui entend renforcer sa présence sur le marché européen en s’appuyant sur le positionnement géographique et logistique du Royaume.
Spécialisé dans la fabrication de tapis et moquettes automobiles, Kuntai concentrait jusqu’ici l’essentiel de sa production en Chine. En 2024, le groupe avait amorcé une première phase de déploiement international avec l’ouverture d’une unité au Mexique, destinée à servir les constructeurs nord-américains. Le choix du Maroc complète désormais ce dispositif mondial en ajoutant un troisième pôle de production, spécifiquement tourné vers l’Europe.
La nouvelle usine, opérée par la filiale Kuntai Hongjing Ltd., doit produire localement des revêtements automobiles à destination des marchés européens, avec l’objectif de réduire les délais de livraison, de maîtriser les coûts logistiques et de se rapprocher des donneurs d’ordre. Le groupe met en avant une réduction estimée à 80 % des temps de transport par rapport aux expéditions depuis la Chine, ainsi qu’une baisse de 60 % des coûts associés. À ces arguments s’ajoutent les avantages offerts par les accords de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne, qui permettent aux produits manufacturés localement d’entrer en Europe sans droits de douane.
L’investissement prévu doit permettre l’installation d’une unité de production dans l’un des pôles industriels marocains dédiés à l’automobile, probablement dans les régions de Kénitra, Tanger ou Casablanca. À ce stade, aucun site n’a été officiellement annoncé, mais le projet s’inscrit dans un environnement favorable, marqué par la présence de constructeurs comme Renault et Stellantis, ainsi que d’un réseau dense de fournisseurs, d’infrastructures logistiques et de main-d’œuvre qualifiée.
À ce stade, aucun chiffre officiel n’a été communiqué concernant le nombre d’emplois que l’implantation de Kuntai pourrait générer au Maroc. Ni la maison-mère en Chine, ni la filiale singapourienne Kuntai Hongjing Ltd., porteuse du projet, n’ont précisé les effectifs prévus ou les retombées sociales directes de cette installation. Une discrétion qui contraste avec d’autres annonces industrielles récentes, souvent accompagnées de projections chiffrées en matière d’emploi. Il faudra attendre les prochaines étapes opérationnelles du projet pour mesurer concrètement son impact sur le tissu local, notamment en termes de recrutement, de formation ou de montée en compétence.
Selon les éléments financiers rendus publics, l’activité export du groupe affiche une marge brute de 35,05 %, contre 25,55 % sur le marché domestique chinois. En renforçant sa présence à proximité des marchés européens, Kuntai espère optimiser cette rentabilité en limitant l’exposition aux fluctuations des tarifs de transport et aux mesures commerciales défavorables. À moyen terme, l’usine marocaine pourrait également jouer un rôle dans la recherche et le développement, et servir de base logistique pour l’ensemble du bassin méditerranéen.
Le marché mondial des tapis et revêtements automobiles est évalué à près de 189 milliards de dollars, dont environ 65 milliards pour la seule zone Europe-Amérique du Nord. Kuntai ambitionne de capter une part significative de cette demande grâce à son réseau de production déployé désormais sur trois continents. Pour le Maroc, l’arrivée du groupe chinois s’ajoute à une série d’investissements industriels récents, portés par d’autres acteurs asiatiques comme Gotion High-Tech dans le domaine des batteries, ou Sentury Tire dans la fabrication de pneus.
Au-delà de l’investissement initial, le projet devrait générer des emplois directs dans la production, la logistique et potentiellement l’ingénierie. Il s’inscrit dans la dynamique industrielle nationale qui fait de l’automobile le premier secteur exportateur du Royaume depuis plusieurs années. Il pourrait également avoir des retombées indirectes importantes, en stimulant l’intégration locale et en favorisant le transfert de compétences vers les opérateurs marocains.
L’implantation de Kuntai illustre aussi la consolidation du partenariat économique sino-marocain. Ces dernières années, le Royaume a intensifié ses liens avec la Chine dans plusieurs secteurs stratégiques, allant de la métallurgie à l’électronique, en passant par les énergies renouvelables. Ce rapprochement bénéficie d’un contexte géopolitique favorable, dans lequel le Maroc multiplie les initiatives d’ouverture vers l’Asie tout en consolidant sa place en tant que plateforme industrielle aux portes de l’Europe.
En s’installant au Maroc, Kuntai poursuit une stratégie de diversification géographique qui vise à limiter les risques liés aux tensions commerciales mondiales et à sécuriser ses chaînes d’approvisionnement. Cette logique d’implantation locale, au plus près des marchés finaux, devient une constante dans l’industrie automobile mondiale. Pour le Royaume, elle constitue une nouvelle reconnaissance de son attractivité industrielle, dans un contexte où la compétitivité logistique, la stabilité réglementaire et l’orientation vers l’export deviennent des arguments majeurs pour attirer les investisseurs.
Avec ce projet, Kuntai rejoint ainsi le cercle des industriels qui misent sur le Maroc comme levier de croissance à l’international. Un pari qui conforte la stratégie nationale de montée en gamme industrielle et consolide la position du pays comme carrefour incontournable des flux de production mondiaux dans l’automobile.







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