Le recrutement ne se limite plus à la vérification d’un CV. Les DRH sont confrontés à une multiplicité d’intitulés qui ne traduisent pas toujours une valeur académique ou professionnelle équivalente. La distinction entre un Master national, un Mastère Spécialisé (label français) et un certificat d’école privée est essentielle.
Un Master universitaire, accrédité par le ministère de l’Enseignement supérieur, confère un grade reconnu et ouvre la voie à la fonction publique, à l’international ou au doctorat. À l’inverse, le Mastère Spécialisé® (MS) français est un label délivré uniquement par les grandes écoles membres de la CGE, axé sur la spécialisation professionnelle post-bac+5.
Le problème surgit lorsque des établissements marocains privés reprennent l’intitulé « Mastère Spécialisé d’Université » sans qu’il corresponde ni à un MS accrédité en France ni à un Master national reconnu au Maroc.
Les implications pour le marché du travail
L’enjeu dépasse la simple question académique. Pour un DRH, accepter un diplôme non reconnu peut générer plusieurs problèmes :
- Risques de surévaluation des candidats. Un intitulé flatteur ne garantit pas la qualité de la formation ni l’acquisition des compétences attendues.
- Inégalités entre collaborateurs. Deux candidats titulaires d’un « mastère » n’ont pas toujours le même niveau : l’un avec un Master accrédité, l’autre avec un certificat privé.
- Problèmes de mobilité interne. Un collaborateur issu d’un diplôme non homologué peut rencontrer des blocages lorsqu’il sollicite des promotions nécessitant une reconnaissance académique claire.
- Manque de crédibilité vis-à-vis des partenaires internationaux. Dans des groupes multinationaux, la lisibilité des diplômes est essentielle pour harmoniser les parcours et valoriser les talents.
Les zones grises des diplômes privés
Le secteur privé marocain de l’enseignement supérieur connaît un dynamisme réel, mais aussi des dérives. Certaines écoles, non accréditées, affichent des « mastères spécialisés » qui ne sont ni inscrits au système LMD marocain, ni reconnus par les autorités compétentes.
Cette ambiguïté n’est pas toujours frauduleuse, mais elle entretient une confusion qui pèse sur les entreprises. Quand un recruteur croit valoriser un profil hautement qualifié, il peut en réalité intégrer un collaborateur dont le diplôme n’offre ni équivalence académique ni reconnaissance officielle.
Le rôle des DRH dans la vérification des diplômes
Les responsables RH doivent se doter de réflexes méthodiques pour sécuriser leurs recrutements :
- Vérifier l’accréditation. Tout diplôme reconnu au Maroc doit être publié par le ministère de l’Enseignement supérieur. L’absence sur cette liste officielle est un signal clair.
- Analyser le statut. S’agit-il d’un Master national, d’un partenariat international validé ou d’un simple certificat privé ?
- Consulter les ressources spécialisées. Des plateformes comme MBA.ma permettent de comparer les Masters et Mastères réellement accrédités au Maroc et à l’international.
- Évaluer les partenariats. Certaines écoles affichent des conventions avec des institutions étrangères. Encore faut-il vérifier la reconnaissance de ces dernières dans leur pays d’origine.
Vers une approche plus stratégique du recrutement
La vigilance face aux intitulés ne doit pas être perçue comme un frein, mais comme une opportunité pour les DRH. En intégrant des critères de vérification académique dans leurs process, ils gagnent en crédibilité et protègent la valeur de leurs recrutements.
Cette démarche s’inscrit aussi dans une logique de gestion des compétences. Un diplôme officiel et accrédité garantit une base solide pour la formation continue, l’évolution interne et la mobilité internationale. À l’inverse, un parcours flou peut fragiliser l’investissement de l’entreprise dans le collaborateur.
Un enjeu collectif pour l’écosystème RH
La question des diplômes ne concerne pas seulement les étudiants et les écoles, mais bien l’ensemble de l’écosystème RH. Les recruteurs, les institutions publiques et les écoles responsables doivent travailler ensemble pour clarifier le paysage.
La transparence est la clé : elle permet de renforcer la confiance dans le secteur privé, d’éviter les abus et de protéger la crédibilité du marché marocain de l’emploi.
En définitive, la question des « Mastères Spécialisés d’Université » dépasse le seul cadre étudiant. Pour les DRH, il s’agit d’un enjeu stratégique : garantir la qualité des recrutements, protéger l’investissement formation et renforcer la crédibilité de l’organisation.
Le marché marocain a besoin de clarté, et les managers RH en sont les premiers garants. Distinguer les diplômes officiels des intitulés marketing, c’est aussi affirmer une culture d’exigence et de transparence qui bénéficie à l’ensemble de l’entreprise.
Et pour aller plus loin dans l’analyse des formations disponibles et leur reconnaissance, MBA.ma constitue une ressource incontournable pour les professionnels RH comme pour les étudiants.







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