L’industrialisation connaît une mutation sans précédent sous l’effet des innovations technologiques, de la digitalisation et des exigences environnementales. Face à ces bouleversements, les compétences techniques et managériales évoluent à une vitesse inédite, rendant obsolètes les modèles de formation traditionnels. Les universités d’entreprise, longtemps conçues comme de simples centres de perfectionnement, doivent aujourd’hui se transformer en véritables incubateurs de compétences dynamiques, alignés sur les mutations du secteur.
Un modèle dépassé face à des transformations accélérées
Historiquement, les universités d’entreprise ont joué un rôle clé dans la montée en compétences des collaborateurs. Elles proposaient des formations standardisées, souvent basées sur des modules théoriques et descendants. Cependant, dans l’industrie actuelle, où l’automatisation, l’intelligence artificielle et les nouvelles normes environnementales redéfinissent les métiers, cette approche n’est plus suffisante.
Les cycles d’innovation sont de plus en plus courts, obligeant les industriels à revoir en permanence leurs méthodes de production, leurs outils et leur organisation. Dans ce contexte, former ponctuellement les salariés ne permet plus d’assurer l’agilité nécessaire à la compétitivité des entreprises. La formation doit être continue, personnalisée et intégrée au quotidien des équipes.
Des universités d’entreprise repensées comme des écosystèmes d’apprentissage
Pour répondre aux nouveaux défis de l’industrie, les universités d’entreprise doivent abandonner leur fonctionnement traditionnel au profit d’un modèle plus agile et interactif. Plusieurs évolutions sont nécessaires :
Une approche par compétences et non par diplôme : plutôt que de proposer des parcours figés, les formations doivent s’adapter en temps réel aux besoins du terrain et favoriser l’acquisition de compétences opérationnelles directement applicables.
Le digital et l’apprentissage immersif : réalité virtuelle, simulateurs industriels, intelligence artificielle… L’usage des nouvelles technologies dans la formation permet une montée en compétences plus rapide et efficace, en conditions quasi réelles.
Une pédagogie collaborative et expérientielle : apprentissage entre pairs, mentorat interne, projets en groupe… La formation doit devenir un levier de collaboration et de transmission des savoirs entre générations et entre métiers.
L’ouverture sur l’écosystème externe : travailler en synergie avec les écoles d’ingénieurs, les start-up et les centres de recherche permet d’intégrer les dernières innovations et de renforcer l’employabilité des collaborateurs.
Un enjeu stratégique pour l’industrie marocaine
Au Maroc, où l’industrialisation s’accélère dans des secteurs stratégiques comme l’aéronautique, l’automobile et les énergies renouvelables, l’adaptation des compétences devient un impératif. Les universités d’entreprise ont un rôle clé à jouer pour accompagner cette montée en puissance et répondre aux exigences des investisseurs étrangers en matière de qualification des ressources humaines.
Certaines entreprises marocaines commencent déjà à transformer leur approche de la formation interne en intégrant des méthodes agiles et digitales. Mais pour que cette mutation soit efficace, elle doit être accompagnée par une réflexion globale sur le rôle des universités d’entreprise dans la stratégie de développement industriel du pays.
Vers une formation en continu et en temps réel
L’industrie de demain ne pourra fonctionner qu’avec des collaborateurs capables d’évoluer en permanence. Les universités d’entreprise doivent devenir de véritables laboratoires d’apprentissage, ancrés dans le terrain et connectés aux évolutions du marché. Leur mission ne sera plus seulement de former, mais de préparer les salariés à s’adapter en continu aux innovations.
Les entreprises qui réussiront cette transformation feront de leur capital humain un levier stratégique de compétitivité. Celles qui resteront figées sur d’anciens modèles risquent, à terme, de voir leur développement freiné par un manque d’agilité des compétences.