Créé en 1992 sous l’appellation Best Health, Vicenne est aujourd’hui un groupe multidisciplinaire opérant dans cinq domaines clés : les équipements médicaux lourds et semi-lourds (radiothérapie, IRM, blocs opératoires), les dispositifs médicaux implantables, le diagnostic in vitro, les services de maintenance biomédicale, et le traitement des déchets médicaux infectieux (DASRI). Présent au Maroc, au Sénégal depuis 2018 et en Côte d’Ivoire depuis 2021, le groupe s’appuie sur des partenariats industriels solides avec des marques internationales telles que Elekta, Philips, Abbott ou Beckman Coulter.
Le groupe revendique un portefeuille de plus de 1 800 établissements de santé clients et plus de 30 000 interventions en bloc opératoire à ce jour. Il a fait le choix d’une organisation en business units (BU), chacune dédiée à une ligne d’activité. Cette structuration garantit une autonomie opérationnelle tout en assurant la transversalité stratégique. Chaque BU est dotée d’équipes métiers spécifiques (commerciaux, techniciens, ingénieurs, responsables logistiques), tandis que les fonctions support – dont la direction RH – sont mutualisées au siège pour maintenir une cohérence de gouvernance et de gestion.
Au niveau des effectifs, Vicenne compte 310 collaborateurs, dont une soixantaine d’ingénieurs biomédicaux certifiés par les fabricants. Ces profils assurent l’intégration, la mise en route, la maintenance et la formation liée aux équipements médicaux. Leur expertise représente un avantage compétitif, notamment sur les marchés subsahariens où la qualité de service après-vente devient un critère décisif. Le groupe veille également à maintenir une veille technologique continue, notamment dans les domaines sensibles de l’imagerie médicale et de la radiothérapie.
Une performance économique soutenue par les services et un modèle RH qualifié
Le modèle économique de Vicenne repose sur un équilibre entre ventes ponctuelles d’équipements et services à récurrence (maintenance, consommables, DASRI). Cette seconde catégorie affiche une forte croissance : selon les prévisions du groupe, les revenus issus des consommables et des services de maintenance devraient croître respectivement de 16,7 % et 16,8 % par an entre 2025 et 2030. Ce modèle offre une meilleure visibilité financière et favorise la création d’emplois techniques pérennes.
Entre 2022 et 2024, le chiffre d’affaires est passé de 582 millions à 837 millions de dirhams, avec un excédent brut d’exploitation (EBE) de 174 millions de dirhams en 2024, soit une marge de plus de 20 %. Le résultat net s’établit à 91 millions de dirhams, reflétant une croissance organique bien maîtrisée et une discipline financière renforcée. La ligne DASRI, consolidée en 2022 par l’acquisition de Saiss Environnement, participe également à cette dynamique. Trois unités régionales (Rabat-Casablanca, Fès-Meknès, Marrakech-Agadir) sont en cours d’implantation pour garantir un traitement sécurisé des déchets médicaux, avec un impact positif sur la santé publique et l’emploi local.
Sur le volet RH, cette performance permet de sécuriser les investissements en formation, en certification continue et en structuration managériale. Le maintien de l’expertise interne est considéré comme stratégique : plusieurs ingénieurs biomédicaux suivent des parcours de spécialisation en partenariat avec les fabricants. Des dispositifs de formation interne sont également en cours de structuration, en lien avec les évolutions réglementaires et technologiques du secteur.
Une levée de fonds pour financer l’industrialisation et accélérer les recrutements
Le 18 juin 2025, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a accordé à Vicenne son visa d’introduction en Bourse sous la référence VI/EM/023/2025. L’opération consiste en une augmentation de capital de près de 500 millions de dirhams par l’émission de 2 118 644 actions au prix unitaire de 236 dirhams. Elle sera ouverte au public du 30 juin au 4 juillet 2025. À ce prix, la valorisation post-money du groupe est estimée à environ 2,4 milliards de dirhams.
Les fonds levés serviront à trois objectifs : renforcer la capacité logistique et industrielle, financer des acquisitions stratégiques (au moins deux sont prévues à court terme), et soutenir l’expansion internationale, notamment en Afrique de l’Ouest. Le business plan 2025–2030 table sur un chiffre d’affaires de 1,33 milliard de dirhams en 2027 (1,81 milliard en 2030), avec un EBE projeté de 296 millions de dirhams à horizon 2027, et un résultat net de 224 millions de dirhams en 2030.
Ces ambitions nécessitent un renforcement des ressources humaines. Des recrutements sont déjà prévus dans plusieurs directions : ingénieurs biomédicaux, techniciens de maintenance, responsables achats, profils logistiques, fonctions qualité et conformité réglementaire. La direction prévoit également d’étoffer les équipes RH groupe pour accompagner cette croissance, tant sur le plan opérationnel que stratégique.
Gouvernance, structuration RH et politique de marque employeur
La gouvernance de Vicenne s’appuie sur un comité exécutif expérimenté, composé notamment d’Adnane Zerhouni (Directeur général), Mhamed Benbrahim (Directeur administratif et financier) et Adil Bennani (Président du Conseil de Surveillance). Cette gouvernance bicéphale, alliant maîtrise industrielle et rigueur financière, permet une conduite agile des projets stratégiques.
Sur le plan RH, la transformation en cours exige une montée en puissance organisationnelle. Trois axes sont identifiés : structuration des échanges entre les BU et les RH groupe, formalisation d’indicateurs de performance RH (KPI), et déploiement d’un plan de développement des compétences à l’échelle du groupe. L’objectif est de garantir un alignement durable entre la stratégie d’expansion et la capacité des équipes à la mettre en œuvre.
Vicenne travaille également à renforcer sa marque employeur, en valorisant ses métiers techniques et son rôle dans la modernisation des systèmes de santé africains. Les profils recherchés – notamment en ingénierie biomédicale, qualité, R&D et environnement – seront ciblés via des canaux de recrutement spécialisés et des partenariats avec les écoles techniques.
Enfin, un chantier de formalisation d’une politique ESG (environnement, social, gouvernance) est engagé. L’objectif est de mettre en place un reporting extra-financier fiable et structuré, afin de répondre aux attentes croissantes des investisseurs et partenaires institutionnels.