D’ici 2030, près de 1 milliard de personnes dans le monde devront se requalifier pour suivre l’évolution du marché de l’emploi, selon le Forum Économique Mondial. Pour les DRH marocains, la formation à distance s’impose non seulement comme une réponse aux contraintes géographiques et budgétaires, mais aussi comme un levier stratégique de performance.
Le virage numérique de la formation continue
Depuis la pandémie de COVID-19, les directions RH n’ont eu d’autre choix que d’intégrer massivement les outils numériques dans leurs dispositifs de formation. Une évolution qui s’est accélérée, mais qui reste encore inégalement structurée. D’après une étude menée par LMS365 en 2024, 78 % des responsables formation en Afrique francophone estiment que l’e-learning est désormais intégré dans leur stratégie globale, mais seuls 42 % considèrent que les résultats sont mesurables et alignés sur les objectifs business.
Au Maroc, le Code du travail n’impose pas de formation formelle continue, mais l’article 281 incite l’employeur à “assurer l’adaptation des salariés à leur poste”. À l’ère numérique, cela suppose des parcours digitaux récurrents, ciblés et suivis.
Des plateformes diversifiées, mais souvent sous-exploitées
Le marché mondial de l’e-learning, estimé à 375 milliards de dollars d’ici 2026 (Research and Markets), témoigne d’une adoption massive. Pourtant, dans les faits, beaucoup d’entreprises se contentent d’un catalogue générique sur des plateformes comme Coursera ou edX, sans réelle personnalisation ni intégration stratégique.
Or, la performance des dispositifs repose aujourd’hui sur leur capacité à proposer :
- Des contenus contextualisés : adaptés aux enjeux sectoriels et aux référentiels métiers locaux.
- Des formats multimodaux : combinant vidéos, classes virtuelles, microlearning et mentorat.
- Une dimension sociale et collaborative : via des outils comme Teams ou Slack, qui facilitent le partage de pratiques entre pairs.
Les DRH doivent aller au-delà de la simple mise à disposition de contenu. Il s’agit de construire un parcours d’apprentissage structuré, mesurable et aligné avec les besoins stratégiques de l’entreprise.
L’IA et l’adaptive learning changent la donne
L’émergence de plateformes d’apprentissage adaptatif – telles que Docebo, 360Learning ou encore MobieTrain – permet de personnaliser l’expérience de formation selon les profils d’apprenants. Grâce à l’intelligence artificielle, ces solutions ajustent le rythme, le contenu et les évaluations en fonction des résultats et comportements individuels.
Ce niveau de granularité est particulièrement utile dans des environnements comme le BTP, la grande distribution ou les centres de relation client, où les niveaux d’alphabétisation numérique peuvent être très hétérogènes.
5 leviers pour réussir sa stratégie de formation digitale
- Cartographier les compétences critiques : identifier les écarts entre les compétences actuelles et celles à développer à 12-24 mois.
- Co-construire les parcours : impliquer les managers dans la définition des contenus, pour assurer la pertinence et l’ancrage terrain.
- Piloter par la donnée : exploiter les analytics fournis par les plateformes pour mesurer l’impact business de la formation.
- Favoriser l’ancrage culturel : animer des communautés d’apprentissage et valoriser les “champions internes” comme relais de savoirs.
- Accompagner le changement : former les RH eux-mêmes au digital learning et instaurer une gouvernance claire du dispositif.
Un investissement stratégique, pas un coût
Trop souvent, la formation à distance est perçue comme un “plan B” économique. Or, les entreprises les plus performantes sur la durée sont celles qui investissent durablement dans l’apprentissage. Une étude de Deloitte (2024) révèle que les organisations avec une forte culture de l’apprentissage ont 92 % plus de chances d’innover et 58 % plus de chances d’attirer les talents de haut niveau.
Pour les DRH marocains et africains, le défi n’est pas technologique : il est managérial. Il s’agit de repositionner la formation continue au cœur des trajectoires professionnelles, comme un facteur clé de rétention, d’engagement et d’adaptabilité.
La montée en puissance du travail hybride ne fait que renforcer l’urgence d’un virage stratégique vers un développement professionnel à distance intelligent, contextualisé et mesurable. La question n’est plus de savoir si l’entreprise doit former, mais comment elle le fait et dans quelle mesure cela alimente sa performance globale.







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