Trop souvent, les grandes entreprises pilotent leurs programmes de stages à l’instinct, en se concentrant sur le volume de stagiaires accueillis plutôt que sur la valeur réellement créée. Pourtant, derrière chaque PFE se cache un potentiel d’embauche, de performance et de fidélisation mesurable. Pour professionnaliser cette démarche, le DRH doit adopter une logique d’audit et de reporting similaire à celle des investissements stratégiques. Un programme de stage qui se mesure est un programme qui progresse.
L’audit de départ : poser les bases d’une campagne mesurable
Avant de lancer une nouvelle édition de sa campagne PFE, le DRH doit d’abord auditer ses pratiques. L’objectif n’est pas seulement de dresser un bilan quantitatif, mais d’établir une cartographie précise des modes de fonctionnement internes : qui recrute ? comment ? avec quels critères et sur quels besoins ?
Ce diagnostic de départ doit intégrer trois dimensions :
- Organisationnelle : identifier les acteurs impliqués (RH, managers, écoles partenaires) et leurs rôles respectifs ;
- Prévisionnelle : recenser les besoins métiers à court et moyen terme afin d’aligner les stages sur la stratégie de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) ;
- Analytique : exploiter les données de la campagne précédente — taux de conversion, coûts de sourcing, volume de candidatures, durée moyenne de recrutement.
Ce travail permet de basculer d’une approche réactive à une logique d’anticipation. En mesurant les écarts entre besoins réels et offres de stages proposées, l’entreprise commence déjà à professionnaliser son dispositif.
Le bilan de fin de campagne : transformer les données en indicateurs de performance
À la clôture de chaque cycle PFE, le DRH doit produire un bilan structuré qui servira à la fois d’outil de pilotage interne et de support de reporting pour le comité de direction. Ce bilan repose sur cinq indicateurs clés qui mesurent non seulement l’efficacité du programme, mais aussi sa rentabilité.
KPI 1 – Le taux de conversion PFE-CDI C’est l’indicateur central. Il mesure la part de stagiaires recrutés en CDI à la fin de leur stage. Un bon taux traduit la pertinence du sourcing et la qualité du tutorat. C’est le meilleur argument de continuité pour la Direction Générale.
KPI 2 – Le coût d’acquisition du talent (CAC) Il s’agit de comparer le coût global d’un PFE converti (indemnité, encadrement, temps RH) avec celui d’un recrutement externe équivalent. Dans la plupart des cas, le coût d’un PFE converti est significativement inférieur, ce qui en fait un levier d’optimisation budgétaire.
KPI 3 – La satisfaction stagiaire Les retours d’expérience — qu’ils prennent la forme d’un rapport d’étonnement, d’un entretien de sortie ou d’une enquête anonyme — offrent une mesure qualitative essentielle. Ils permettent de détecter les points de friction dans le parcours d’intégration, les attentes non satisfaites et les leviers d’amélioration de la marque employeur.
KPI 4 – La satisfaction des tuteurs et managers Cette évaluation interne mesure la capacité du stagiaire à être « job-ready » et la qualité du support apporté par les RH. Elle met en lumière les dysfonctionnements du processus et oriente les ajustements de formation et d’accompagnement.
KPI 5 – La rétention à N+1 Un indicateur souvent négligé, mais révélateur de la réussite globale du dispositif. Il compare la stabilité des collaborateurs issus de stages PFE à celle des recrutements externes. Une meilleure rétention valide la qualité du processus d’intégration et la cohérence du modèle de recrutement.
Calculer le retour sur investissement (ROI)
L’audit de fin de campagne ne se limite pas à l’analyse qualitative. Il doit permettre d’évaluer le retour sur investissement (ROI) du programme PFE. Un modèle simple peut être appliqué :
(Coûts de recrutement externe évités) + (économies d’onboarding accéléré) – (coût total du programme PFE) = ROI global.
Les économies réalisées sont souvent substantielles. Le stagiaire, déjà formé à la culture et aux outils de l’entreprise, nécessite moins de temps d’intégration. De plus, un PFE bien accompagné réduit les risques d’erreur de recrutement, qui représentent un coût caché majeur pour l’entreprise.
De l’audit au pilotage stratégique
Au-delà des chiffres, la démarche d’audit installe une culture de la mesure et de la responsabilité au sein de la fonction RH. Elle fait évoluer la perception du stage de simple obligation administrative à véritable outil de gestion de la performance.
Le DRH peut ainsi présenter au comité de direction un tableau de bord clair et consolidé, reliant chaque indicateur à un enjeu stratégique : attractivité, performance, engagement ou fidélisation. Ce reporting donne de la légitimité à la politique PFE et renforce la crédibilité de la fonction RH comme partenaire stratégique.
Un nouvel impératif pour les DRH
Auditer sa campagne PFE, c’est professionnaliser sa politique de recrutement à la source. Dans un marché de l’emploi où la guerre des talents s’intensifie, mesurer devient un acte de pilotage, pas de contrôle. Un dispositif de stage bien mesuré, bien évalué et bien piloté n’est plus un simple vivier de stagiaires : c’est un réservoir de futurs collaborateurs performants, un levier d’économie pour l’entreprise et un argument d’attractivité pour les jeunes diplômés.
En d’autres termes, un programme PFE qui se pilote par la donnée devient une véritable stratégie d’investissement dans le capital humain.









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