Le géant mondial de l’aviation Emirates Group annonce une campagne de recrutement sans précédent en 2025, avec 17 300 postes à pourvoir dans 350 métiers. Cette dynamique d’expansion concerne également le Maroc, positionné comme réservoir stratégique de talents pour le groupe basé à Dubaï. Pour les DRH marocains, cette initiative soulève autant d’opportunités que de défis en matière de fidélisation et de mobilité internationale des compétences.
Un volume de recrutement digne d’une ville moyenne
Lancée à l’échelle planétaire, cette opération de « talent acquisition » équivaut, en nombre, à la population d’une ville comme Mohammedia. Emirates Group — qui regroupe la compagnie aérienne Emirates et le prestataire mondial de services aéroportuaires dnata — ambitionne de renforcer ses effectifs dans tous les domaines : personnel navigant, ingénieurs, spécialistes IT, experts financiers, fonctions commerciales, RH, logistique, catering ou encore traitement de fret. Dnata, filiale du groupe, prévoit à elle seule le recrutement de plus de 4 000 spécialistes en services au sol.
Cette campagne fait suite à une période de croissance continue : depuis 2022, plus de 41 000 professionnels ont rejoint le groupe, dont 27 000 sur des postes opérationnels. La masse salariale actuelle dépasse les 121 000 collaborateurs. Et la dynamique se poursuit.
Dubaï : un écosystème RH de classe mondiale
Ce plan de recrutement s’inscrit dans la D33, feuille de route économique de l’Émirat, qui vise à doubler le PIB de Dubaï d’ici 2033. « Nous cherchons des talents de classe mondiale pour concrétiser notre ambition audacieuse et redéfinir l’avenir de l’aviation », a déclaré Cheikh Ahmed ben Saeed Al Maktoum, président-directeur général du groupe Emirates.
Le succès de l’attractivité du groupe ne repose pas uniquement sur son image de marque. En 2024, Emirates a reçu plus de 3,7 millions de candidatures, selon ses données internes. Ce chiffre s’explique notamment par un package RH particulièrement compétitif : rémunération nette d’impôts, participation aux bénéfices, assurance santé et vie, billets annuels pour la famille élargie, réductions partenaires, et surtout, un environnement de travail multiculturel fortement valorisé.
Le Maroc, vivier stratégique de talents
Emirates intensifie ses recrutements dans plusieurs régions du monde, y compris le Maroc, où le groupe organise des événements de sélection tout au long de l’année. Au total, plus de 2 100 journées de recrutement seront organisées dans 150 villes à travers le monde. Pour les jeunes talents marocains — notamment les diplômés d’écoles d’ingénierie, d’informatique, d’aéronautique ou de commerce — ces campagnes représentent une opportunité de carrière internationale à forte valeur ajoutée.
Pour les DRH marocains, ce phénomène interroge sur la capacité à retenir les hauts potentiels. Alors que le pays investit massivement dans la formation, notamment via des pôles comme l’Institut des Métiers de l’Aéronautique (IMA) ou l’Université Mohammed VI Polytechnique, l’émigration de talents qualifiés vers les Émirats devient un enjeu stratégique de gestion des ressources humaines à l’échelle nationale.
Une concurrence mondiale pour les compétences africaines
Selon un rapport de Deloitte Africa (2024), 78 % des grandes entreprises du Golfe prévoient d’augmenter leur présence en Afrique pour y capter des compétences techniques et managériales. Cette intensification de la concurrence RH n’épargne pas le Maroc. Le pays, avec ses profils francophones, multilingues et bien formés, devient une cible prioritaire.
La réponse RH marocaine ne peut plus se contenter de logiques défensives. Il devient crucial de développer des politiques de rétention basées sur des parcours individualisés, une gestion fine des mobilités, et une attractivité repensée autour de la qualité de vie au travail. Les DRH devront aussi intégrer la mobilité internationale comme un levier de carrière, plutôt que comme une fuite à éviter.
Vers une nouvelle donne RH internationale
Le cas Emirates illustre une tendance de fond : la structuration croissante des grands groupes autour de pôles de talents globaux, capables d’intégrer rapidement des profils venus de marchés tiers. Cette logique transforme la fonction RH : elle passe d’un rôle de gestion interne à une mission d’anticipation stratégique à l’échelle transnationale.
Les décideurs RH marocains sont donc face à un double défi : préserver leur capital humain face à l’attractivité grandissante de centres économiques comme Dubaï, tout en repensant leur rôle dans la circulation internationale des compétences africaines. Faut-il résister, collaborer, ou s’aligner sur les standards RH globaux ? La réponse conditionnera la performance des organisations dans les dix prochaines années.







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