Près d’un candidat sur deux déclare avoir déjà refusé une offre d’emploi à cause d’une mauvaise expérience durant le processus de recrutement (CareerBuilder, 2023). Dans un marché du travail marocain où les jeunes diplômés sont à la fois nombreux et de plus en plus exigeants, ignorer ce signal revient à saboter ses propres efforts d’attraction.
Expérience candidat : un levier trop souvent négligé
Longtemps sous-estimée, l’expérience candidat s’impose aujourd’hui comme un facteur déterminant dans la guerre des talents. Elle désigne l’ensemble des perceptions qu’un candidat développe vis-à-vis d’une entreprise, du premier clic sur une offre à la communication post-entretien. Chaque interaction – qualité de l’annonce, transparence du processus, réactivité des recruteurs – influe directement sur la décision finale du candidat.
Au Maroc, où le taux de chômage des jeunes diplômés s’élève à 17,2 % selon le HCP (T1 2025), on pourrait croire que les entreprises ont l’avantage. En réalité, ce sont les meilleurs profils qui choisissent les meilleures entreprises, et non l’inverse. Or ces profils évaluent l’entreprise dès le premier contact. Une interface de candidature mal conçue, un silence prolongé après l’entretien ou un manque de considération suffisent à les détourner, parfois définitivement.
Génération Z : exigence, authenticité et reconnaissance
Les jeunes talents n’attendent pas uniquement une fiche de poste bien rédigée. Ils veulent des échanges humains, directs, et surtout authentiques. L’automatisation à outrance, les réponses impersonnelles ou les entretiens stériles sont autant de signaux négatifs pour cette génération en quête de sens et de reconnaissance.
Selon une étude de Deloitte (Global 2024 Gen Z & Millennial Survey), 57 % des jeunes interrogés déclarent accorder une grande importance à la qualité des interactions humaines dans leur processus de recrutement. Traduction pour les RH : il faut humaniser les échanges, même en cas de non-sélection. Un retour personnalisé vaut mieux qu’un silence radio.
Dans un pays comme le Maroc, où les valeurs de respect, d’écoute et de relationnel demeurent fondamentales, ignorer cette attente revient à briser un code culturel implicite.
Communication et réactivité : les deux piliers sous tension
Un bon candidat attend une réponse rapide. Une absence de retour crée frustration et désengagement. Et ce, à toutes les étapes : confirmation de réception, prise de contact, résultats d’entretien, suite donnée à la candidature. Or dans trop d’organisations, le processus reste lent, opaque, parfois incohérent entre RH et managers.
Ce manque de fluidité génère non seulement des départs vers la concurrence, mais détériore aussi la marque employeur. D’après LinkedIn Talent Solutions (2024), 72 % des candidats ayant une mauvaise expérience la partagent sur leurs réseaux sociaux ou leur entourage professionnel. Pour les jeunes ultra-connectés, un mauvais avis peut rapidement viraliser et nuire durablement à l’image de l’entreprise.
Simplifier sans dénaturer : un équilibre à trouver
À l’ère de la digitalisation RH, les jeunes attendent une expérience simple, fluide, mais pas déshumanisée. Inutile de les faire passer par 5 entretiens et 2 tests de logique pour un stage de 6 mois. Rationaliser le processus, c’est aussi reconnaître la valeur du temps du candidat.
Certaines entreprises marocaines pionnières, notamment dans les secteurs technologiques et de la grande distribution, ont déjà revu leur processus : candidatures mobiles en 2 minutes, prise de rendez-vous automatisée mais personnalisée, et retours systématiques, quel que soit le résultat. Les résultats en termes de vivier de talents et de réputation RH sont au rendez-vous.
Feedback et relation continue : un vivier à cultiver
Dernier levier – et non des moindres : ne jamais rompre le lien. Même non retenu, un candidat satisfait de son expérience peut devenir ambassadeur de la marque, ou intégrer un futur besoin. En sollicitant des feedbacks post-processus, l’entreprise améliore son système et témoigne d’un réel respect pour les candidats.
Mettre en place une base de données centralisée, entretenir le lien via des newsletters RH ciblées ou des événements « offboarding candidats », voilà autant d’actions qui permettent aux entreprises de transformer un “non” en opportunité future.
Dans un marché où les compétences rares se disputent, l’expérience candidat n’est plus un supplément RH. C’est un actif stratégique. Les DRH qui réussiront seront ceux qui sauront penser comme des marketeurs, agir comme des communicants, et recruter comme des psychologues. Car en définitive, chaque interaction de recrutement est une promesse d’entreprise. Encore faut-il la tenir.







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