On entend souvent les plaintes des cadres de gestion contre des créatifs ingérables, improductifs ou même parfois problématiques. En effet, il y a tellement de clichés ou d’idées reçues associés aux créatifs qu’ils apparaissent des fois comme leur propre catégorie de travailleurs. Ce terme ‘créatif’ désigne souvent des employés dans des postes qui nécessitent un savoir-faire artistique, expérimental ou de création. Ils sont souvent considérés en tant que travailleurs de savoir (knowledge worker). En effet, la créativité dans les processus des entreprises englobe bien plus que ça.
De nos jours, plusieurs métiers nécessitent un certain niveau de créativité. La technologie, étant une force disruptive, a pu transformer la réalité de plusieurs industries, ce qui met un accent plus particulier sur la créativité, et le développement de nouvelles solutions innovatrices. La créativité ne se limite pas aux artistes et créateurs, certes, mais elle n’est pas aussi vitale pour certains que pour d’ autres.
Les mythes associés aux créatifs sont assez reconnaissables ; ingérables, rebelles par nature, ne pouvant pas se conformer aux normes de l’entreprise, entre autres. Bien sûr, tous ces clichés ne peuvent être vrai, pourtant, certaines catégories d’employés nécessitent d’autres considérations, d’autres méthodes de gestion, de quantification du travail. Là, il ne s’agit pas d’une méthodologie radicalement différente, mais adaptée. Depuis des siècles, le rendement et la productivité étaient les principales métriques pour quantifier la viabilité d’un employé ou d’un processus d’entreprise. Cela est nécessaire pour l’entreprise, mais il faut aussi admettre que certains métiers ou fonctions ne peuvent être valorisés de la même manière.
L’ENTREPRISE ET SES PROCESSUS
On peut distinguer deux types de mindsets relatifs aux fonctions d’entreprise: convergente et divergente. Une mindset convergente décrit une méthodologie qui favorise la prise des décisions, un esprit analytique et l’exécution des plans établis. L’objectif ici est surtout des résultats concrets et l’optimisation des processus. Par contre, une mindset divergente est optimale pour le développement de solutions innovatrices, l’exploration de différentes possibilités ; une pensée latérale. Chacune, de ces deux approches, a ses propres applications, donc il en va de même que chaque type de travail (basé sur une approche convergente ou divergente) soit quantifié ou mesuré d’une manière adéquate.
Les styles ou méthodologies de gestion appliqués actuellement, pour la plupart, ne prennent pas cette distinction en considération, même si on en parle sur les médias. Cela peut devenir préjudiciable aux processus créatifs des entreprises. Par exemple, l’expérimentation est l’une des caractéristiques manifestes des employés ayant des tâches de créativité. Elle n’est pas toujours la meilleure voie d’action pour l’entreprise, mais pour certaines fonctions ou métiers, c’est un paradigme. Les méthodes classiques de gestion, généralement influencées par des principes Tayloristes, ne sont pas souvent axées sur un équilibre qui favorise une différenciation entre productivité et créativité.
Cela peut amener vers le débat plus large de la créativité et son rôle dans le monde des affaires, ou si ce dernier l’offre une place. Il y a tant d’articles, de papier et de blogs sur les effets des processus et des comportements d’entreprise étant nuisibles à la créativité ; la phrase « tuer la créativité » est très utilisée dans ce contexte. De nos jours, on considère que le fossé entre la productivité business et la créativité est tout à fait naturel, et d’un même souffle, l’importance de la créativité pour les entreprises d’aujourd’hui. L’opposition entre ces deux ; créativité et productivité (ou plutôt les habitudes de gestion des entreprises), peut-elle donner une synthèse des deux ? Une constante transformation des processus et structures organisationnelles vers une forme durable qui accommode les deux ?
ENTRE CONCURRENCE ET DURABILITÉ
Lorsqu’une entreprise embauche des employés, ou des profils types, créatifs, il s’agit bien sûr d’un investissement. Une mauvaise gestion des équipes créatives peut se manifester sous différentes formes, et atteindre toute entreprise, peu importe la taille ou l’expertise. Cette problématique peut générer ses propres effets négatifs ; le burnout créatif, manque de motivation et d’engagement, et par conséquent la chute de l’investissement.
La créativité, surtout au sein de l’entreprise, doit être défiée par la convention, les normes et les attentes de l’entreprise. Dans ce sens, elle devient un paradigme du fonctionnement de l’entreprise. Il est possible de l’inculquer dans la culture d’entreprise, et de l’adopter dans plusieurs processus. En effet, les entreprises de différentes industries peuvent cultiver une culture créative, mais cela pourrait-il transformer ses priorités.
De nos jours, le monde des affaires se développe dans une direction qui favorise la créativité et l’innovation. Vu l’effet disruptif de la technologie, l’automatisation de plusieurs fonctions, et la création de nouvelles spécialités, couplée à la croissance accrue des marchés, la créativité devient primordiale. La question qui s’impose est si cela deviendra bientôt un pilier des fonctions d’entreprise, qui dépend surtout de leur volonté.