Les jeunes stagiaires d’aujourd’hui ne cherchent pas seulement une expérience professionnelle : ils veulent progresser, apprendre et comprendre. Pour eux, le stage est un tremplin de développement, pas une simple étape académique. Or, dans de nombreuses grandes entreprises marocaines, les PFE restent cantonnés à une mission unique, sans accompagnement structuré. Concevoir un « Learning Journey » parallèle à la mission principale permet de standardiser la qualité de l’expérience, de renforcer la marque employeur et de transformer chaque stage en levier de développement des compétences.
Mission PFE vs Learning Journey : deux logiques complémentaires
Le stage de fin d’études repose souvent sur une seule question : « Quelle mission confier au stagiaire ? ». Cette approche, centrée sur la productivité, omet une dimension essentielle : ce que le stagiaire va apprendre.
La mission PFE, c’est ce que le stagiaire fait pour l’entreprise : un projet, une étude, une contribution technique. Le Learning Journey, c’est ce que l’entreprise fait pour le stagiaire : un parcours de développement qui structure la montée en compétence et donne du sens à l’expérience.
Pour la génération Z, cette distinction est fondamentale. Les jeunes ne se contentent plus d’exécuter ; ils veulent comprendre l’impact de leur travail, découvrir différents métiers, acquérir des soft skills et recevoir du feedback régulier. Le DRH doit donc concevoir un parcours d’apprentissage global, parallèle à la mission, qui garantisse une valeur ajoutée pour tous, indépendamment du département d’accueil.
Le modèle du « Learning Journey » PFE en six mois
Concevoir un parcours de stage structuré, c’est offrir une expérience d’entreprise complète. Voici un modèle que les DRH peuvent adapter à la durée et à la nature de leurs stages.
- Mois 1 : Intégration – Culture et stratégie d’entreprise
Dès l’arrivée, le stagiaire doit comprendre la raison d’être, la vision et le fonctionnement de l’organisation. Une formation d’introduction à la stratégie, aux valeurs et aux métiers principaux ancre l’identité de l’entreprise et crée un sentiment d’appartenance.
Cette phase inclut la visite des sites, la rencontre des dirigeants et la présentation des produits ou services. Elle donne une perspective globale : le stagiaire ne travaille plus pour une équipe, mais pour un projet collectif.
- Mois 2 : Soft skills – apprendre à travailler en équipe
Les jeunes diplômés disposent de bases académiques solides, mais manquent souvent de compétences transversales : communication, feedback, gestion du temps, assertivité. Ce deuxième mois peut inclure des micro-formations pratiques animées par des experts internes : – « Communiquer avec impact » ; – « Donner et recevoir du feedback » ; – « Gestion de projet agile ».
Ces ateliers favorisent la collaboration intergénérationnelle et stimulent la confiance en soi.
- Mois 3 : Réseau – ouverture interne et échanges inter-métiers
L’un des grands manques des programmes de stage traditionnels est l’isolement. Les stagiaires restent souvent cantonnés à leur département. Organiser une learning expedition interne — rencontres avec d’autres business units, visites d’usines, échanges avec des responsables — élargit leur compréhension du modèle économique et nourrit leur curiosité.
Cette immersion croisée permet de révéler des vocations et d’identifier des affinités professionnelles.
- Mois 4 : Carrière – se préparer à l’emploi
Le quatrième mois marque un tournant : il s’agit d’aider le stagiaire à se projeter dans l’avenir. Les équipes RH peuvent animer des ateliers carrière : comment structurer un CV, préparer un entretien, utiliser LinkedIn de manière professionnelle.
C’est aussi le moment d’introduire des sessions de coaching individuel, centrées sur la confiance, l’orientation et la définition des priorités post-stage.
- Mois 5 : Livrables – storytelling et présentation
La préparation du mémoire ou de la soutenance finale devient un exercice de communication stratégique. L’entreprise peut proposer un module « Storytelling et Présentation » pour apprendre à valoriser un projet, construire un récit cohérent et s’exprimer avec aisance.
Ce travail bénéficie autant au stagiaire qu’à l’entreprise : une présentation claire et impactante renforce la visibilité du programme PFE auprès des écoles partenaires.
- Mois 6 : Conversion – du PFE au CDI
La dernière étape consiste à accompagner la transition vers l’emploi. Le DRH peut organiser une session « PFE to CDI », qui présente les opportunités internes, les parcours d’intégration, les dispositifs de graduate programs.
Cette approche valorise la continuité : le stage devient une porte d’entrée naturelle vers le recrutement.
Le plan d’apprentissage : un contrat de développement
Pour structurer le Learning Journey, chaque stagiaire doit disposer d’un Plan d’Apprentissage personnel, co-signé par le tuteur et le service RH. Ce document complète la convention de stage et précise : – Les objectifs pédagogiques (compétences à acquérir) ; – Les activités de développement prévues ; – Les ressources et formations mises à disposition ; – Les critères de succès ; – Les modalités de suivi (entretiens, feedback, points d’étape).
Le plan d’apprentissage donne une visibilité claire sur la progression attendue. Il responsabilise le stagiaire et engage le tuteur dans une logique de mentorat.
Ce système crée aussi un cadre d’équité entre les départements. Dans une grande entreprise, tous les stagiaires n’ont pas la chance d’avoir un encadrant expérimenté ou une mission inspirante. Le Learning Journey agit comme un filet de sécurité pédagogique : il garantit à chacun une expérience riche, même si sa mission opérationnelle est moins captivante.
Standardiser l’expérience pour en faire un levier RH
Le Learning Journey ne remplace pas la mission, il la complète. Il assure que chaque PFE devient une expérience cohérente, quel que soit le manager ou le service d’accueil. Cette standardisation est essentielle pour les grandes entreprises qui accueillent plusieurs dizaines de stagiaires par an.
Elle permet au DRH : – D’évaluer tous les stagiaires sur une base commune ; – D’assurer une expérience de développement équitable ; – D’identifier plus facilement les talents à fort potentiel ; – De renforcer la marque employeur à travers un parcours formalisé et mesurable.
Les entreprises qui adoptent cette approche peuvent communiquer sur leur programme PFE comme sur un véritable produit RH : un parcours d’apprentissage structuré, reconnu et valorisant.
De l’apprentissage individuel à la culture de transmission
Mettre en place un Learning Journey ne profite pas qu’aux stagiaires. C’est aussi un moyen d’ancrer dans l’organisation une culture de transmission. Les tuteurs deviennent des formateurs, les managers des coachs, et les RH des architectes de parcours.
Cette dynamique transforme le PFE en outil stratégique : non plus un processus d’intégration temporaire, mais une plateforme d’apprentissage continue.
L’entreprise ne forme pas seulement ses stagiaires ; elle se forme elle-même à accompagner la nouvelle génération. Et c’est là, plus qu’ailleurs, que se joue la fidélisation des talents.







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