Selon une étude de PwC France, 75 % des employeurs ayant testé le recrutement gamifié affirment avoir découvert des talents qu’ils n’auraient pas identifiés via des méthodes classiques. En parallèle, près de 85 % des candidats considèrent ce mode de sélection plus motivant et moins discriminant. Ces chiffres, encore marginaux au Maroc, invitent à réfléchir à l’opportunité stratégique que représente le jeu vidéo dans les processus RH.
Dans une région où le chômage des personnes en situation de handicap dépasse les 60 % selon le HCP (2023), l’accessibilité devient un impératif opérationnel. Le jeu vidéo, en tant qu’outil de sélection, permet de contourner les biais structurels des méthodes classiques : CV, lettre de motivation, ou même entretien physique. Une épreuve gamifiée peut, à elle seule, révéler la capacité d’analyse, la logique, la réactivité ou la persévérance d’un candidat — sans jamais exiger une maîtrise rédactionnelle ou orale avancée.
Technologie accessible, recrutement élargi
Le développement de périphériques adaptés (manettes ergonomiques, claviers en braille, logiciels de commande oculaire…) ouvre la porte à une participation élargie. En France, des initiatives comme celle de l’Agefiph ou de Microsoft Adaptive Gaming en partenariat avec Capgame ont déjà permis à des centaines de candidats en situation de handicap de participer à des recrutements ludiques dans des secteurs comme la tech, le retail ou l’assurance. Le Maroc, où les normes d’accessibilité en entreprise tardent à se généraliser, pourrait en tirer des enseignements précieux.
Autre avantage : le jeu vidéo brise les barrières socioculturelles. Peu coûteux, souvent jouables sur un simple smartphone, les modules de recrutement gamifié atteignent des publics jeunes, issus de zones rurales ou périurbaines, qui échappent aux radars traditionnels des recruteurs. Une banque de la place a ainsi récemment testé un mini-jeu mobile pour identifier des compétences en service client auprès de jeunes non diplômés à Fès, Meknès et Oujda.
Un outil stratégique pour les DRH africains
Inclure davantage de profils atypiques ne relève pas d’un simple devoir moral. C’est une réponse directe aux enjeux de compétitivité. Une méta-analyse de Deloitte Africa (2024) confirme que les entreprises les plus diversifiées affichent une rentabilité supérieure de 33 % par rapport à leurs concurrentes. En intégrant le recrutement par le jeu vidéo dans leur arsenal, les DRH disposent d’un outil pour élargir leur champ de recrutement, tout en renforçant l’engagement des candidats.
Mais encore faut-il que les organisations s’y préparent. Cela suppose d’aligner les tests sur les compétences réellement utiles au poste, de former les recruteurs à l’analyse des résultats, et de s’assurer que les technologies utilisées respectent les critères d’accessibilité universelle.
Un signal fort pour la marque employeur
L’adoption du recrutement gamifié envoie également un message clair : celui d’une entreprise moderne, attentive à l’équité des chances et capable d’innover sans exclure. Pour les jeunes diplômés marocains, dont 78 % se disent en quête d’employeurs « socialement responsables » (enquête OMPIC-ANAPEC 2023), cela peut faire la différence.
Ce type d’approche peut aussi aider les entreprises à répondre à des obligations futures. Le projet de loi marocain sur l’inclusion des personnes en situation de handicap dans l’emploi privé, actuellement en discussion, pourrait imposer de nouvelles règles de conformité. Anticiper via des dispositifs inclusifs devient dès lors une stratégie de gestion des risques.
Le recrutement par le jeu vidéo n’est pas un gadget technologique, mais un levier d’innovation RH à part entière. Encore sous-exploité au Maroc et en Afrique francophone, il pourrait bien devenir un standard incontournable pour les entreprises qui veulent conjuguer performance, diversité et responsabilité.







![[INTERVIEW] Stage PFE : piloter la pyramide de talents chez Deloitte Maroc — Interview avec Mélanie BENALI et Hicham OUAZI l DRH.ma](https://drh-ma.s3.amazonaws.com/wp-content/uploads/2025/11/19103455/Interview-avec-Me%CC%81lanie-BENALI-et-Hicham-OUAZI.jpg)



