La qualité du recrutement repose de plus en plus sur la capacité à s’appuyer sur des données fiables, contextualisées et directement opérationnelles. Or, la majorité des classements académiques internationaux échouent à refléter la réalité du marché de l’emploi marocain. Ils favorisent des critères éloignés des préoccupations quotidiennes des DRH : employabilité immédiate, adéquation des compétences, potentiel d’évolution. C’est dans ce vide stratégique que s’inscrivent Campus Mag et MBA.ma, deux dispositifs éditoriaux marocains pensés pour les recruteurs et les responsables du développement des talents.
Campus Mag : un baromètre centré sur l’employabilité réelle
Le classement « Top School in Morocco » 2024-2025, porté par Campus Mag, a été élaboré à partir des retours de 60 DRH issus de grandes entreprises opérant au Maroc. L’approche repose sur une conviction simple : l’employabilité des jeunes diplômés ne se mesure pas uniquement à la notoriété d’un établissement ou à ses accréditations académiques, mais à la manière dont ses alumni s’intègrent, performent et évoluent dans les organisations.
Trois critères structurent ce classement :
- La notoriété, fondée sur les citations spontanées des DRH interrogés, mesure la visibilité et la reconnaissance réelle des écoles sur le marché marocain.
- La qualité des diplômés, critère central, évalue les compétences pratiques, le savoir-être, la capacité à travailler en équipe et à évoluer dans des environnements exigeants.
- Le salaire à l’embauche, enfin, traduit la valeur perçue du diplôme sur le marché, indicateur souvent corrélé à la rareté et à la désirabilité des profils.
L’innovation méthodologique majeure de cette édition tient à la segmentation des résultats en trois niveaux : Top Tier 1, Top Tier 2 et Top Tier 3. Seules les écoles délivrant un diplôme Bac+5 reconnu par l’État sont incluses. Cette gradation permet aux recruteurs d’orienter leurs efforts vers les établissements les plus alignés avec les besoins immédiats du tissu économique local.
Campus Mag ne se positionne pas comme un classement d’excellence académique abstraite, mais comme un outil opérationnel. Il aide les DRH à ajuster leur sourcing, affiner leur politique de relations écoles et bâtir un vivier de jeunes diplômés directement employables.
MBA.ma : un outil d’aide à l’investissement en formation continue
Complémentaire à Campus Mag, le classement MBA.ma répond à une autre problématique stratégique : comment identifier, parmi les centaines de formations continues disponibles au Maroc, celles qui ont un réel impact sur les parcours professionnels des cadres et des managers ?
Le classement 2024-2025 recense 17 programmes, sélectionnés parmi plus de 300 formations dispensées par 83 établissements. Les critères d’évaluation ont été définis pour répondre aux besoins spécifiques de la formation executive :
- La qualité pédagogique, en évaluant la cohérence des contenus avec les enjeux actuels du management.
- Les infrastructures, qui garantissent un environnement d’apprentissage professionnel adapté aux contraintes des cadres en activité.
- Les partenariats internationaux, indicateurs d’ouverture et de reconnaissance des diplômes à l’échelle régionale ou mondiale.
- L’accessibilité logistique, un facteur déterminant pour les professionnels basés en région ou ayant des emplois du temps complexes.
L’objectif de MBA.ma n’est pas de promouvoir une école en particulier, mais de valoriser les programmes les plus pertinents au regard des enjeux de transformation des entreprises marocaines. En ce sens, il s’inscrit pleinement dans les politiques de développement des compétences, de fidélisation des talents et de préparation à la relève managériale.
Des outils de pilotage pour une politique RH intégrée
Si Campus Mag s’adresse en priorité aux équipes en charge du recrutement de jeunes diplômés, MBA.ma s’intègre davantage aux politiques de formation, de mobilité interne et de succession planning. L’usage croisé de ces deux ressources permet de construire une stratégie RH cohérente, alignée sur les objectifs de performance à court et moyen termes.
La consolidation des liens avec les établissements Top Tier identifiés par Campus Mag peut, par exemple, déboucher sur des partenariats écoles renforcés : co-construction de parcours de stage, participation à des jurys, interventions en cours, etc. De leur côté, les programmes listés dans MBA.ma peuvent alimenter les plans de développement individuel ou collectif, en proposant des solutions locales alternatives aux formations internationales, souvent coûteuses et moins accessibles.
Dans un paysage où l’information est abondante mais souvent déconnectée du terrain, ces classements apportent une lecture rationnelle du marché éducatif. Ils permettent aux DRH d’éviter les biais de réputation ou les effets de mode, en s’appuyant sur des retours structurés de professionnels qui ont expérimenté la qualité des profils formés.
Vers une normalisation des indicateurs RH ?
L’existence même de ces classements soulève une question plus large : comment standardiser, à l’échelle nationale, les critères d’évaluation de la qualité des formations du supérieur du point de vue des entreprises ? Si le Haut-Commissariat au Plan ou l’ANAPEC produisent régulièrement des indicateurs macroéconomiques sur l’emploi, peu de dispositifs analysent la performance réelle des cursus du point de vue de l’insertion professionnelle.
En créant une évaluation par les pairs — DRH, managers, recruteurs —, Campus Mag et MBA.ma posent les fondations d’un système de référence fondé sur les usages. Ils participent à une meilleure articulation entre l’offre de formation et les besoins du marché, tout en incitant les établissements à améliorer l’accompagnement à l’employabilité.
Cette approche incarne aussi une forme de souveraineté informationnelle. En s’appuyant sur des outils construits localement, le Maroc gagne en autonomie vis-à-vis des classements internationaux dont les référentiels sont parfois inadaptés aux spécificités de l’écosystème national.
Un levier pour renforcer l’attractivité des DRH
Au-delà de la sélection des profils ou des programmes, l’usage de ces classements contribue également à renforcer la fonction RH dans son rôle stratégique. Être capable de justifier ses choix de recrutement ou d’investissement formation par des données tangibles et comparées est un facteur clé de légitimité pour les DRH face aux directions générales.
Par ailleurs, ces outils offrent une opportunité précieuse d’affiner la marque employeur. En identifiant les bons partenariats académiques et en investissant dans les bonnes formations, les entreprises peuvent améliorer leur proposition de valeur auprès des jeunes diplômés comme des talents confirmés.
Campus Mag et MBA.ma s’imposent progressivement comme des standards d’évaluation RH au Maroc. Leur succès repose sur une approche pragmatique, connectée aux réalités de terrain, et sur une volonté d’objectivation des pratiques. Pour les décideurs RH, ils ne sont pas de simples repères mais des outils de pilotage, au service d’une gestion des talents exigeante, structurée et ancrée dans les besoins du pays.







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