Le discours royal prononcé à l’occasion de la Fête du Trône 2025 n’a laissé place à aucune ambiguïté sur l’orientation à donner aux prochaines politiques publiques : la réduction des disparités sociales et territoriales devient une priorité nationale, urgente, structurante. En ciblant clairement les zones qui, malgré la dynamique générale du pays, demeurent à la marge du progrès, le Souverain a désigné un chantier essentiel, non seulement pour l’État, mais aussi pour les entreprises, les collectivités et l’ensemble des forces vives. Car ce qui est en jeu, ce n’est plus uniquement le rattrapage d’un retard historique, mais la capacité du pays à consolider sa trajectoire de développement sur des bases équitables et durables.
Ce changement de perspective appelle à une redistribution des responsabilités. Et les directions des ressources humaines, souvent cantonnées à leur périmètre fonctionnel, sont directement concernées. Dès lors que le développement territorial devient l’unité d’action de la politique économique et sociale, les DRH sont interpellés sur leur rôle dans la transformation locale. L’entreprise, entendue comme actrice du tissu social, devient un levier de cohésion. Et ses politiques RH, lorsqu’elles sont alignées avec les spécificités territoriales, peuvent être un puissant moteur de progrès partagé.
L’analyse du discours permet d’identifier cette articulation nouvelle entre stratégie nationale et déclinaison locale. Le Souverain ne se contente pas d’appeler à un sursaut de l’investissement public dans les infrastructures ou les services sociaux. Il fixe un cap clair : passer des canevas classiques du développement social à une approche intégrée, fondée sur la valorisation des ressources propres à chaque région, la mutualisation des efforts entre acteurs, et la complémentarité entre entités territoriales. Cette dynamique ne pourra aboutir sans la pleine implication des entreprises implantées dans les régions, qui doivent désormais intégrer dans leur modèle de croissance une dimension territoriale assumée.
Pour les DRH, cela suppose un déplacement du centre de gravité. Recruter localement, former selon les besoins réels des bassins d’emploi, construire des parcours professionnels contextualisés, instaurer des mobilités interrégionales soutenues, tout cela devient partie intégrante d’une gestion prévisionnelle sérieuse et responsable. À l’heure où le Maroc affiche des ambitions industrielles fortes, la cohérence entre développement économique et intégration sociale ne peut plus être laissée à l’écart des choix managériaux. Une politique RH recentrée sur les territoires peut jouer un rôle décisif dans la répartition équitable des opportunités.
Le discours évoque clairement la nécessité de créer de l’emploi là où il manque, en valorisant les potentialités économiques locales. Cette orientation oblige les DRH à reconfigurer leurs circuits de sourcing. Les logiques de centralisation ou de recrutement standardisé montrent ici leurs limites. Identifier les viviers de compétences au niveau régional, travailler avec les structures de formation locales, développer des ponts avec les universités ou les centres OFPPT du territoire devient indispensable. Cela demande une véritable stratégie de présence territoriale, au-delà de la simple implantation logistique ou commerciale.
Le message royal va plus loin. Il met l’accent sur l’accès aux services sociaux de base – santé, éducation, infrastructures – en tant que conditions nécessaires à la dignité et à l’égalité entre citoyens. Si ces enjeux relèvent d’abord de la puissance publique, ils interpellent aussi les DRH sur la manière dont ils prennent en compte l’environnement de travail dans leur politique d’attractivité. Proposer un poste dans une zone défavorisée ne peut s’accompagner des mêmes dispositifs que dans une capitale régionale bien desservie. Le logement, la mobilité, les congés, l’accès aux soins ou à la garde d’enfants doivent faire l’objet de politiques différenciées, plus inclusives, plus équitables. Le management RH ne peut être indifférent à l’inégalité d’accès aux conditions de vie dignes.
La régionalisation avancée, telle qu’évoquée dans le discours, offre un cadre institutionnel favorable à cette territorialisation des politiques RH. En appelant à une complémentarité renforcée entre les régions et à la valorisation de leurs spécificités, le Souverain invite les entreprises à sortir d’un modèle uniforme, centralisé, parfois déconnecté des réalités locales. Adapter les politiques RH aux dynamiques des territoires devient une opportunité stratégique. Il ne s’agit pas simplement de répondre à une exigence morale ou politique, mais d’optimiser les ressources humaines dans une logique de performance territoriale. À compétences égales, la fidélisation est plus forte lorsque l’ancrage local est respecté et valorisé.
L’appel royal résonne également comme une incitation à décloisonner les fonctions RH. Le DRH de demain ne sera pas seulement le garant de la conformité administrative ou du climat social interne. Il devra devenir un acteur de la cohésion sociale, un interlocuteur du développement local, un partenaire des politiques publiques régionales. Cela nécessite une montée en compétence, un changement de posture, une capacité nouvelle à dialoguer avec les élus, les agences de développement, les acteurs de l’éducation et de la santé. Le DRH territorialisé est un DRH élargi, qui dépasse les murs de l’entreprise pour contribuer activement à son écosystème.
L’enjeu est d’autant plus stratégique que les entreprises marocaines se retrouvent, dans plusieurs secteurs, confrontées à une pénurie de compétences techniques et managériales. Le recrutement local, souvent sous-exploité, peut offrir une réponse partielle à ce déséquilibre. Mais il ne suffit pas de recruter, encore faut-il investir dans la montée en compétences, accompagner les trajectoires, créer des passerelles durables. La formation continue, le tutorat, les partenariats avec les établissements d’enseignement deviennent des axes structurants d’une politique RH au service de l’équité territoriale.
En toile de fond, c’est un nouveau contrat social qui se dessine. Non plus vertical et centralisé, mais territorial et inclusif. Il suppose un alignement fort entre les ambitions de l’État et les pratiques des entreprises. Et ce sont les DRH qui en détiennent la clé opérationnelle. Le discours royal ne se contente pas d’un constat. Il fixe un horizon, trace un chemin, engage les responsabilités. Réduire les inégalités territoriales n’est pas une question secondaire. C’est une condition de stabilité, de justice et de performance globale. C’est aussi un marqueur de modernité pour les organisations qui veulent inscrire leur croissance dans un pacte sociétal partagé.
Le temps n’est plus à la démonstration. Les diagnostics sont connus, les ambitions sont claires, les marges de manœuvre existent. Ce qu’il faut désormais, ce sont des politiques RH cohérentes, audacieuses, ancrées dans le réel des territoires. Le Maroc ne réussira son développement que s’il en fait une réussite partagée. Et dans cette ambition, les DRH ne sont pas en retrait. Ils sont au cœur de la solution.
Retrouvez le texte intégral du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI prononcé à l’occasion de la Fête du Trône 2025 :
” Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Cher peuple,
La célébration de la Glorieuse Fête du Trône constitue un rendez-vous annuel qui renouvelle les liens d’allégeance mutuelle qui nous unissent. Elle est aussi un moment privilégié pour exalter de nouveau les sentiments d’affection et de loyauté qui nous lient indéfectiblement, sans jamais cesser de gagner en intensité.
L’occasion nous est également donnée de faire le point sur l’état de la Nation, en dressant le bilan des acquis que nous avons engrangés et en faisant la synthèse des projets et des défis qui nous attendent. Nous nous mettons ainsi en capacité d’aborder l’avenir avec confiance et optimisme.
Depuis Notre Accession au Trône, Nous avons œuvré à la construction d’un Maroc avancé, uni et solidaire, aussi bien à travers la promotion du développement économique et humain global que par la ferme volonté de conforter la place de notre pays dans le concert des nations émergentes. Loin d’être le fruit du hasard, les réalisations accomplies par notre pays procèdent plutôt d’une vision à long terme et elles reflètent la pertinence des choix majeurs opérés en matière de développement. Elles ont également été favorisées par le climat de sécurité et de stabilité politique et institutionnelle dont jouit le Maroc.
Partant de cette base solide, et en accord avec le Nouveau Modèle de Développement, Nous nous sommes attaché à consolider les attributs de cet essor socio-économique et à bâtir une économie compétitive, plus diversifiée et plus ouverte, dans un cadre macro-économique sain et stable.
En dépit de la succession d’années de sécheresse et de l’exacerbation des crises internationales, l’économie nationale a maintenu un taux de croissance conséquent et régulier, au cours des dernières années.
Par ailleurs, le Maroc connaît un renouveau industriel sans précédent : les exportations industrielles, notamment celles liées aux métiers mondiaux, ont plus que doublé depuis 2014.
Grâce aux orientations stratégiques que le Maroc s’est tracées, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, des énergies renouvelables, des industries agroalimentaires et du tourisme constituent désormais un levier essentiel de notre économie émergente, tant en termes d’investissements qu’en matière de création d’emplois.
Terre d’investissement s’il en est, le Maroc émergent est singulier par la multiplicité et la diversité des partenaires dont il est un associé responsable et fiable. En effet, à la faveur des accords de libre-échange, l’économie nationale est liée à plus de trois milliards de consommateurs à travers le monde.
Aujourd’hui, le Maroc dispose également d’infrastructures modernes, robustes et aux standards mondiaux.
En consolidation de ces infrastructures, Nous avons récemment lancé les travaux d’extension de la Ligne Grande Vitesse reliant Kénitra à Marrakech, ainsi qu’une série de projets d’envergure dans les domaines de la sécurité hydrique et alimentaire de notre pays et de sa souveraineté énergétique.
Cher peuple,
Ainsi que tu le sais, aucun niveau de développement économique et infrastructurel ne saurait Me contenter s’il ne concourt pas effectivement à l’amélioration des conditions de vie des citoyens, de quelque frange sociale et de quelque région qu’ils appartiennent.
Partant de là, Nous avons toujours porté un intérêt particulier à la promotion du développement humain, notamment à travers la généralisation de la protection sociale et l’attribution de l’aide directe aux ménages qui y sont éligibles.
Les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2024 ont mis en évidence un ensemble de transformations démographiques, sociales et spatiales dont il faudra tenir compte dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques.
A titre d’exemple, le niveau de la pauvreté multidimensionnelle a nettement reculé à l’échelle nationale, passant de 11,9 % en 2014 à 6,8% en 2024.
Par ailleurs, le Maroc a dépassé, cette année, le seuil de l’Indice de Développement Humain (IDH), pour se classer désormais dans la catégorie des pays à “développement humain élevé”.
Mais il est regrettable de voir que certaines zones, surtout en milieu rural, endurent encore des formes de pauvreté et de précarité, du fait du manque d’infrastructures et d’équipements de base.
Cette situation ne reflète en rien Notre vision de ce que devrait être le Maroc d’aujourd’hui. Elle ne donne pas non plus la pleine mesure des efforts que nous déployons pour renforcer le développement social et réaliser la justice spatiale.
De fait, il n’y a de place, ni aujourd’hui, ni demain pour un Maroc avançant à deux vitesses. Cher peuple,
Voici venu le temps d’amorcer un véritable sursaut dans la mise à niveau globale des espaces territoriaux et dans le rattrapage des disparités sociales et spatiales.
Nous appelons donc à passer des canevas classiques du développement social à une approche en termes de développement territorial intégré.
Notre objectif est que, sans distinction ni exclusion, et dans quelque région que ce soit, les fruits du progrès et du développement profitent à tous les citoyens. A cet effet, Nous avons orienté le gouvernement pour l’élaboration d’une nouvelle génération de programmes de développement territorial fondés sur la valorisation des spécificités locales, la consolidation de la régionalisation avancée et le principe de complémentarité et de solidarité entre les entités territoriales.
Ces programmes doivent pouvoir compter sur la mutualisation des efforts de tous les acteurs et sur leur articulation autour de priorités clairement définies et de projets générateurs d’impacts réels, couvrant notamment :
Premièrement : la promotion de l’emploi, à travers la valorisation des potentialités économiques régionales et l’instauration d’un climat favorable à l’entrepreneuriat et à l’investissement local.
Deuxièmement : le renforcement des services sociaux de base, plus particulièrement l’éducation et l’enseignement ainsi que les soins de santé, de manière à préserver la dignité des citoyens et à instaurer la justice spatiale. Troisièmement : l’adoption d’un modèle de gestion proactive et durable des ressources en eau, au regard de l’aggravation du stress hydrique et du changement climatique.
Quatrièmement : le lancement des projets de mise à niveau territoriale intégrée, en totale résonance avec les mégaprojets en chantier à l’échelle du pays.
Cher peuple, A près d’un an de la tenue des prochaines législatives, prévue à l’échéance constitutionnelle et légale ordinaire, Nous insistons sur la nécessité de préparer le Code général des élections à la Chambre des représentants afin qu’il soit adopté et porté à la connaissance générale avant la fin de l’année en cours.
A cet égard, Nous avons donné Nos Hautes Directives à Notre ministre de l’intérieur pour que le prochain scrutin législatif fasse l’objet d’une préparation judicieuse et, qu’à cet effet, des consultations politiques soient ouvertes avec les différents acteurs. Cher peuple,
Notre souci de conforter la place du Maroc en tant que pays émergent va de pair avec Notre engagement réitéré à demeurer ouverts sur notre environnement régional et plus particulièrement sur notre voisinage immédiat avec le peuple algérien frère.
En Ma qualité de Roi du Maroc, Ma position est claire et constante : le peuple algérien est un peuple frère que des attaches humaines et historiques séculaires lient au peuple marocain, particulièrement par la langue, la religion, la géographie et le destin commun.
Pour toutes ces considérations, J’ai constamment tendu la main en direction de nos Frères en Algérie. J’ai également exprimé la disposition du Maroc à un dialogue franc et responsable ; un dialogue fraternel et sincère portant sur les différentes questions en souffrance entre les deux pays.
Notre attachement inébranlable à la politique de la main tendue en direction de Nos Frères en Algérie procède de l’intime conviction que Nous portons en Nous, quant à l’unité de nos peuples et à notre capacité commune à dépasser cette situation regrettable.
Nous réaffirmons également notre attachement à l’Union du Maghreb dont Nous sommes persuadés qu’elle ne pourra se faire sans l’implication conjointe du Maroc et de l’Algérie, aux côtés des autres Etats frères.
D’autre part, Nous sommes fiers du soutien international croissant à la Proposition d’Autonomie, considérée comme la seule et unique solution au conflit autour du Sahara marocain. A cet égard, Nous exprimons Nos remerciements et Notre considération au Royaume-Uni ami et la République Portugaise pour leurs positions constructives venues appuyer la Proposition d’Autonomie, dans le cadre de la souveraineté du Maroc sur son Sahara et renforcer celles de nombreux pays dans le monde.
Ces positions favorables au bon droit et à la légitimité nous inspirent honneur et fierté. Elles nous poussent davantage à la recherche d’une solution consensuelle qui sauve la face à toutes les parties, où il n’y aura ni vainqueur ni vaincu.
Cher peuple, La commémoration de la Glorieuse Fête du Trône est l’occasion pour Nous de rendre un hommage particulier à Nos Forces Armées Royales, à la Gendarmerie Royale, à l’Administration territoriale, à la Sûreté nationale, aux Forces Auxiliaires et à la Protection civile, toutes composantes confondues, pour leur dévouement et leur mobilisation constante, sous Notre commandement, à défendre l’unité nationale et à préserver la sécurité et la stabilité du pays.
A cet égard, Nous nous remémorons avec une vive émotion le souvenir des valeureux martyrs de la Nation, au premier rang desquels Notre Auguste Grand-Père, feu Sa Majesté le Roi Mohammed V et Notre Illustre Père, feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu les ait en Sa sainte miséricorde. Pour conclure, il n’y a rien de mieux que ce verset du Saint-Coran : «Qu’ils adorent le Seigneur unique de cette Maison qui les a nourris contre la faim et les a rassurés contre la peur ». Véridique est la parole de Dieu. Wassalamou alaikoum wa rahmatoullah wa barakatouh”.







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