OpenAI prévoit pour 2026 le lancement d’une plateforme dédiée à la mise en relation intelligente entre employeurs et candidats, centrée sur les compétences en intelligence artificielle. Fidji Simo, CEO des Applications chez OpenAI, explique que l’outil utilisera les capacités de l’IA pour identifier « la correspondance parfaite entre les besoins des entreprises et les talents des travailleurs ».
Cette annonce place directement OpenAI en concurrence avec LinkedIn, leader historique du recrutement digital, notamment sur les métiers technologiques. La comparaison n’est pas anodine : Reid Hoffman, cofondateur de LinkedIn, fut un des premiers investisseurs d’OpenAI avant de quitter son conseil d’administration en 2023 pour éviter un conflit d’intérêts.
La plateforme ne cible pas seulement les grands groupes : elle offrira aussi une voie dédiée aux PME et aux administrations locales, souvent exclues des dynamiques de recrutement high-tech. La Texas Association of Business a d’ores et déjà manifesté son intérêt pour connecter des milliers d’employeurs régionaux à des talents capables d’automatiser et de moderniser leurs opérations.
Une certification accessible via ChatGPT
En parallèle, OpenAI déploie un programme de certification inédit visant à démocratiser les compétences IA. Accessible directement depuis ChatGPT via un mode « Study », il permettra aux travailleurs d’apprendre et de se préparer sans quitter l’application. Les certifications couvriront des compétences de base – comme l’usage des outils IA au quotidien – jusqu’à des techniques plus avancées telles que l’ingénierie de prompts.
Ce dispositif s’appuie sur l’OpenAI Academy, lancée en 2025, qui a déjà formé plus de deux millions de personnes. Les premières certifications devraient être disponibles dès fin 2025, avec une montée progressive en complexité au cours de 2026.
Le géant Walmart s’engage comme partenaire stratégique de ce projet. Son PDG, John Furner, a confirmé que les 1,6 million de collaborateurs américains du groupe bénéficieront gratuitement de cette formation. Déjà utilisateur de l’IA pour la gestion des plannings et des stocks, Walmart souhaite renforcer l’expertise de ses équipes pour optimiser sa logistique et améliorer l’expérience client.
Répondre à la disruption annoncée
L’ambition affichée par OpenAI répond à une réalité inquiétante : la montée en puissance de l’IA suscite des craintes quant à son impact sur l’emploi. Selon Dario Amodei, PDG d’Anthropic, jusqu’à 50 % des emplois de col blanc d’entrée de gamme pourraient disparaître d’ici 2030.
Dans un billet de blog, Fidji Simo reconnaît cette menace mais insiste : « Nous ne pouvons pas éliminer la disruption. Nous pouvons cependant donner aux individus les moyens de s’adapter, en devenant capables avec l’IA et en se connectant aux employeurs. »
Cette posture traduit une stratégie d’anticipation : plutôt que de subir les effets de l’automatisation, OpenAI cherche à outiller les travailleurs pour transformer un risque en opportunité. Une démarche en phase avec les priorités de la Maison Blanche, qui encourage la diffusion des savoirs numériques à large échelle.
L’intégration des compétences IA dans l’entreprise
Au-delà des individus, le programme vise à devenir un levier stratégique pour les organisations. Les entreprises pourront intégrer cette certification dans leurs plans de formation interne, rendant la montée en compétences plus fluide et mieux alignée avec leurs besoins opérationnels.
L’approche retenue repose sur un principe pédagogique novateur : utiliser l’IA pour enseigner l’IA. Cette méthode vise à rendre l’apprentissage plus intuitif, contextualisé et évolutif. Elle permet également de contourner les limites des programmes traditionnels de formation, souvent critiqués pour leur manque d’adaptabilité face à des technologies en constante évolution.
Un enjeu de compétitivité mondiale
En choisissant d’investir dans l’éducation et l’emploi, OpenAI change de registre stratégique. Jusqu’ici focalisée sur ses modèles d’IA générative, la société s’oriente vers un rôle institutionnel de formation et de certification.
Cet engagement survient dans un contexte de concurrence exacerbée pour attirer les meilleurs talents en IA. Sam Altman, PDG d’OpenAI, a dénoncé récemment les primes faramineuses offertes par certains concurrents, dont Meta, pour recruter des chercheurs. Positionner son offre comme un tremplin pour des millions de travailleurs représente donc aussi une manière de sécuriser un écosystème de compétences autour de ses propres technologies.
Sur le plan financier, l’initiative pourrait également diversifier ses revenus. OpenAI, malgré un chiffre d’affaires estimé à 3,7 milliards de dollars en 2024, reste déficitaire de 5 milliards. Miser sur la formation et l’emploi pourrait ouvrir de nouvelles sources de financement institutionnel et partenarial.
Vers un marché du travail hybride
La promesse de certifier 10 millions d’Américains d’ici 2030 traduit une ambition massive. Au-delà des chiffres, ce projet esquisse un futur du travail où l’employabilité se redéfinit par la maîtrise des outils numériques avancés.
Pour les petites entreprises, les collectivités locales ou les secteurs industriels en reconversion, cette initiative peut constituer un levier décisif. En facilitant l’accès à une main-d’œuvre formée et reconnue, OpenAI propose une transition plus inclusive vers l’économie de l’IA.
Alors que la crainte de pertes massives d’emplois alimente les débats, l’entreprise se positionne comme un acteur capable d’apporter une réponse pragmatique : transformer la menace en opportunité, la rupture en montée en compétences, et la peur en stratégie.
Une réponse pragmatique à la crise de l’emploi
OpenAI, en lançant sa plateforme d’emploi et son programme de certification, ne prétend pas effacer les bouleversements engendrés par l’intelligence artificielle. Mais en rendant les compétences IA accessibles à grande échelle, en s’alliant avec des géants comme Walmart, et en visant des millions de travailleurs, elle inscrit sa démarche dans une logique d’adaptation collective.
Cette stratégie redéfinit la place de l’IA sur le marché du travail : non plus comme une simple technologie disruptive, mais comme une opportunité d’apprentissage, de résilience et de transformation pour les organisations comme pour les individus.







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