La question de l’écart de rémunération entre hommes et femmes au Maroc constitue un enjeu majeur dans le débat sur l’égalité des sexes et le développement économique. Cette disparité salariale reflète non seulement des inégalités inhérentes au marché du travail, mais soulève également des questions fondamentales concernant l’équité et la justice sociale.
Malgré les avancées réalisées depuis les années 1990, l’analyse de la rémunération entre les genres au Maroc révèle une persistance de l’écart salarial. Selon une étude réalisée par Douidich (2011), cet écart était de 56% en 1991, avant de se réduire à 28% en 1999 et à 17% en 2007. Ces chiffres illustrent une amélioration graduelle, mais l’écart demeure significatif et souligne l’existence de discriminations salariales à l’encontre des femmes.
La distribution sectorielle de l’emploi féminin au Maroc se caractérise par une prédominance dans le secteur agricole, contrairement à d’autres pays de la région MENA où les femmes sont davantage représentées dans le secteur des services. Cette concentration dans l’agriculture expose les femmes à une plus grande vulnérabilité face aux aléas externes tels que les variations climatiques et les fluctuations de la demande mondiale, augmentant ainsi leur risque de licenciement.
Les obstacles limitant la participation des femmes au marché du travail au Maroc sont donc multiples et comprennent des normes de genre, un cadre juridique défavorable et des facteurs structurels et démographiques.
Les normes sociales attribuant aux femmes le rôle principal dans les tâches domestiques et les soins aux enfants, ainsi que les pratiques de recrutement discriminatoires, restreignent leur accès à l’emploi. De plus, le faible niveau d’éducation des femmes et le manque d’adéquation entre leurs qualifications et les besoins du marché du travail constituent des freins supplémentaires à leur participation économique.
L’étude menée par Bargain et Bue (2021) met en lumière les bénéfices économiques potentiels de la réduction de l’écart d’emploi entre les genres au Maroc. Les simulations macroéconomiques suggèrent qu’une diminution de 25% de cet écart pourrait entraîner une augmentation de 5 à 9% du PIB industriel, tandis qu’une élimination complète de l’écart pourrait se traduire par une hausse de 17 à 24% du PIB industriel.
Le rapport « Women, Business and the Law » de la Banque mondiale offre, par exemple, un cadre d’évaluation des progrès réalisés vers l’égalité juridique des genres. Bien que le Maroc affiche un score supérieur à la moyenne régionale du MENA, des réformes demeurent nécessaires pour améliorer l’égalité légale des femmes, notamment en matière de rémunération, de mariage, de parentalité, et d’héritage.
La réduction de l’écart de rémunération entre hommes et femmes au Maroc nécessite une approche multidimensionnelle, abordant les barrières culturelles, juridiques et structurelles. Les politiques visant à promouvoir l’égalité des genres dans le marché du travail devraient non seulement s’attaquer à la discrimination salariale, mais également faciliter l’accès des femmes à l’éducation et à la formation, promouvoir une répartition plus équitable des responsabilités domestiques et familiales, et renforcer le cadre juridique pour garantir l’égalité des droits.