Près d’un tiers des accidents du travail concernent des collaborateurs ayant moins d’un an d’ancienneté. Ce chiffre, confirmé par de nombreuses études, prend une résonance particulière pour les stagiaires de fin d’études, souvent jeunes, inexpérimentés et désireux de bien faire. La sécurité au travail ne peut pas être improvisée. Dès le premier jour, le DRH et les managers ont le devoir de protéger, de former et de sensibiliser les stagiaires aux risques spécifiques de leur environnement.
La statistique qui alerte : 30 % d’accidents chez les nouveaux arrivants
Les chiffres de la prévention des risques professionnels sont sans appel : les collaborateurs les plus récents, notamment les stagiaires et intérimaires, sont ceux qui subissent le plus d’accidents. Le manque de repères, la méconnaissance des procédures, et l’envie de prouver leur valeur les poussent souvent à agir sans mesurer les risques. Ce phénomène est amplifié dans les environnements industriels, logistiques ou techniques, où les stagiaires peuvent être amenés à manipuler des équipements, se déplacer sur des sites à risque ou côtoyer des environnements bruyants et contraignants.
La cause principale n’est pas la négligence, mais l’absence de formation initiale adaptée. Les stagiaires ne savent pas toujours à qui poser leurs questions, et les tuteurs n’ont pas toujours été sensibilisés à leurs obligations de prévention.
Une obligation légale et morale pour l’entreprise
Le Code du Travail marocain impose à tout employeur d’assurer la sécurité et la santé de toute personne présente sur le lieu de travail, y compris les stagiaires. Cela inclut une formation à la sécurité dès le premier jour, avant toute prise de poste ou manipulation de matériel. Cette formation ne doit pas être perçue comme un simple briefing, mais comme une étape obligatoire du processus d’intégration.
L’accueil sécurité doit couvrir trois volets :
- L’information : présenter les risques généraux de l’entreprise et ceux spécifiques au poste.
- La formation pratique : montrer les bons gestes, les postures, l’utilisation correcte des équipements et des protections.
- La traçabilité : formaliser cet accueil par une signature attestant de la formation reçue.
Sur le plan moral, cette démarche incarne une valeur fondamentale : aucun stagiaire ne doit être mis en danger au nom de l’apprentissage. L’entreprise a une responsabilité éducative autant qu’économique.
La checklist de l’accueil sécurité – Jour 1
Un bon plan de prévention se construit avant même l’arrivée du stagiaire. Voici les étapes essentielles à suivre dès la première journée :
- Présenter les documents clés
- Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP), qui recense les dangers identifiés sur le site et les mesures de prévention associées.
- Le règlement intérieur précisant les règles de sécurité et de discipline.
- Les consignes spécifiques liées au poste ou à l’environnement (incendie, évacuation, zones interdites).
- Former aux bonnes pratiques
- Port des Équipements de Protection Individuelle (EPI) : casque, gants, chaussures de sécurité, lunettes de protection.
- Utilisation sécurisée des outils et machines : consignes d’usage, zones de danger, procédures d’arrêt d’urgence.
- Gestes et postures : prévenir les troubles musculosquelettiques et les accidents liés à la manutention.
- Procédures d’intervention : qui prévenir, comment réagir en cas d’incident, où se trouvent les secours.
- Formaliser la formation
- Faire signer une attestation d’accueil sécurité par le stagiaire et le tuteur, à conserver dans le dossier RH.
- Enregistrer cette étape dans le plan de formation de l’entreprise pour assurer la traçabilité en cas de contrôle.
Le rôle des tuteurs et des responsables RH
Le tuteur est en première ligne. Il doit :
- Présenter les lieux : zones d’accès, équipements de sécurité, points de rassemblement.
- Vérifier la compréhension du stagiaire après la formation.
- Surveiller les premières tâches pour s’assurer que les consignes sont bien appliquées.
De son côté, le département RH doit :
- Intégrer la sécurité dans le processus d’onboarding.
- Assurer la formation des tuteurs à la prévention et à la sensibilisation aux risques.
- Mettre à disposition des supports visuels, vidéos ou modules e-learning pour renforcer la mémorisation.
Certaines entreprises ont mis en place des parcours sécurité interactifs, où les nouveaux arrivants passent des tests de compréhension avant d’être autorisés à accéder à certaines zones.
Quand la prévention devient un enjeu stratégique
Un accident impliquant un stagiaire a des conséquences multiples :
- Légales, car l’entreprise peut être tenue pour responsable d’un manquement à son obligation de sécurité.
- Financières, en raison des arrêts de travail, des indemnisations ou des pénalités.
- Réputationnelles, car un incident grave peut gravement nuire à la marque employeur.
Pour une grande entreprise, la politique de prévention ne se limite pas à la conformité : elle fait partie intégrante de la culture managériale. Chaque stagiaire doit bénéficier d’une formation structurée, suivie d’une évaluation avant toute prise de poste. Ce niveau d’exigence est le seul gage d’un risque zéro.
Vers une culture de la prévention partagée
Protéger un stagiaire, ce n’est pas seulement éviter un accident : c’est lui apprendre à devenir un professionnel responsable. La sécurité au travail doit être perçue comme une compétence à part entière, au même titre que la technique ou la communication.
En intégrant la prévention dans chaque étape du parcours de stage — de la charte d’accueil à la formation des tuteurs — l’entreprise transforme une contrainte en levier de performance et de confiance.
La sécurité n’est pas une case à cocher, c’est une culture à transmettre. Et c’est souvent dès le premier jour de stage que se joue la différence entre un futur collaborateur confiant et un jeune professionnel désengagé.
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