Les suppressions concernent principalement les unités de recherche fondamentale (Facebook AI Research), les pôles produits IA et les services techniques. À l’inverse, le laboratoire TBD Labs, dédié aux grands modèles de langage et aux projets de superintelligence, poursuit ses recrutements. Ce laboratoire pilote notamment le développement de Llama, modèle open source concurrent de ChatGPT.
Dans une note interne, le directeur de l’intelligence artificielle, Alexandr Wang, explique que cette réduction d’effectifs permettra de rendre les décisions plus rapides et plus efficaces. Chaque collaborateur devra désormais avoir un champ d’action élargi et un rôle plus déterminant. L’entreprise vise une structure plus compacte, capable d’agir sans lourdeurs hiérarchiques.
Une politique RH fondée sur la performance individuelle
Cette opération s’inscrit dans la continuité d’un mouvement amorcé en début d’année par Mark Zuckerberg. Près de 3 600 postes, soit environ 5 % des effectifs mondiaux, avaient déjà été supprimés. Meta cherche à consolider une culture de haute exigence, centrée sur la contribution mesurable et l’impact réel des collaborateurs.
Les employés concernés par cette vague bénéficient d’un accompagnement comprenant des indemnités et la possibilité de postuler à d’autres postes internes. Mais le message est clair : la valeur ajoutée et la rapidité d’exécution priment désormais sur la simple ancienneté. Cette approche, inspirée des structures agiles du conseil et des start-ups, met en avant la responsabilisation et la densité de talent plutôt que la multiplication des niveaux hiérarchiques.
L’organisation devient ainsi plus sélective et plus directe. Les managers doivent identifier les compétences clés, ajuster les rôles et garantir une cohérence entre objectifs et ressources. La fonction RH évolue vers un pilotage plus stratégique, où l’efficacité des équipes remplace la logique d’expansion continue.
Un ajustement dans un paysage technologique sous tension
Meta agit dans un environnement fortement concurrentiel. OpenAI, Google DeepMind et Anthropic se disputent la première place sur les grands modèles de langage et les systèmes génératifs. Pour maintenir sa position, Meta a multiplié les investissements en infrastructures et recruté plusieurs experts venus d’autres géants du secteur.
Mais cette expansion rapide a généré des doublons et une perte de réactivité. En réduisant ses effectifs, Meta cherche à simplifier sa structure et à optimiser ses ressources. Cette rationalisation n’a rien d’un repli : elle marque une adaptation pragmatique à la nouvelle équation technologique, faite d’innovation rapide, de contraintes budgétaires et d’attentes accrues des marchés.
L’entreprise poursuit d’ailleurs l’intégration de l’intelligence artificielle dans ses produits principaux : amélioration des recommandations sur Facebook et Instagram, automatisation de la modération, et création de fonctionnalités conversationnelles sur WhatsApp. Le recentrage s’accompagne donc d’un maintien fort de l’activité en production.
Des enseignements RH pour la filière technologique
Le cas Meta illustre les mutations qui redéfinissent aujourd’hui la gestion des talents dans la tech. La performance individuelle devient un critère déterminant, mais elle ne peut s’exercer efficacement sans une politique d’accompagnement claire. La fonction RH doit maintenir l’équilibre entre exigence et bien-être, entre évaluation et progression.
La montée en puissance de l’automatisation transforme également la nature du travail. Certaines fonctions liées à la supervision ou à la conformité sont remplacées par des outils d’intelligence artificielle. Les équipes RH doivent anticiper ces changements en accompagnant la requalification vers des rôles plus analytiques et créatifs.
Les entreprises qui réussiront seront celles capables d’aligner leurs objectifs technologiques avec un développement continu des compétences. Cela suppose une cartographie précise des savoir-faire, des programmes de formation adaptés et un dialogue interne permanent.
Perspectives pour les organisations marocaines et africaines
Les entreprises marocaines et africaines engagées dans la transformation numérique peuvent tirer plusieurs enseignements de la démarche de Meta. D’abord, la planification des compétences devient un enjeu prioritaire. Développer des projets liés à l’intelligence artificielle exige une vision claire des besoins en talents et des passerelles entre métiers.
Ensuite, l’agilité organisationnelle s’impose comme un facteur de compétitivité. Les structures doivent être capables de réagir rapidement, d’expérimenter et d’ajuster leurs effectifs selon la valeur créée. Enfin, l’accompagnement humain reste essentiel. Les transitions doivent être expliquées, anticipées et soutenues pour éviter la démotivation ou la perte de confiance.
Au Maroc, où plusieurs secteurs – industrie, banque, énergie, télécoms – investissent dans la digitalisation, ces principes peuvent servir de guide. La réussite d’un projet d’IA ne dépend pas uniquement de la technologie, mais de la qualité des équipes et de la clarté de la gouvernance RH.
Une stratégie de concentration et d’efficacité
Meta ne se désengage pas de l’intelligence artificielle ; elle affine son approche. L’entreprise privilégie des équipes resserrées, des décisions rapides et des objectifs mesurables. Ce modèle, fondé sur la clarté et la responsabilité, pourrait inspirer l’ensemble du secteur.
Pour les directions RH, le message est net : l’innovation ne peut prospérer sans une organisation fluide et une politique de compétences alignée sur la stratégie. La technologie évolue vite, mais la maîtrise de son potentiel repose sur la gestion humaine. C’est dans cette articulation entre rigueur et confiance que se jouera la compétitivité des entreprises à l’ère de l’intelligence artificielle.







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