Acteur majeur du secteur bancaire marocain et filiale du groupe BNP Paribas, la BMCI réunit aujourd’hui 2690 collaborateurs, avec un taux de féminisation de 56% et une moyenne d’âge de 38 ans. La banque s’appuie sur des équipes jeunes et engagées, une organisation RH certifiée « Top Employer » et un modèle intégré qui regroupe recrutement externe, mobilité interne, développement des talents, communication interne et pilotage de la performance au sein du pôle « Développement RH et Staffing ».
Dans cette architecture unifiée, les stages PFE et PFA occupent une place centrale : ils constituent un vivier structurant pour les métiers de la finance, du risque, du digital, de l’IA et de la data, avec une vingtaine de conversions en CDI chaque année. La BMCI a professionnalisé l’ensemble du parcours stagiaire, du processus d’accueil à l’encadrement, grâce à un double tutorat systématique, un « Guide de l’Encadrant » et l’implication directe des managers, dont certains supervisent simultanément 3 à 4 stagiaires.
Cette politique s’appuie aussi sur des partenariats académiques structurants, notamment le programme « Next Bankers » avec l’ISCAE et le « BMCI Lab » codéveloppé avec l’École Centrale de Casablanca, dédié à des projets réels autour de la data, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle.
C’est dans ce cadre que s’inscrit l’entretien avec Amal LALAOUI, Staffing Business Manager, qui détaille la logique, la méthode et les ambitions de cette stratégie de développement des talents.
Vous occupez le poste de Staffing Business Manager. Quelle est la portée réelle de cette fonction dans votre stratégie RH ?
Amal LALAOUI : Ce rôle est le résultat d’une transformation majeure de la fonction RH afin de mieux s’aligner sur le modèle du groupe BNP Paribas. J’exerçais auparavant en tant que Talent Acquisition Manager, avec un périmètre axé principalement sur le recrutement externe. La création de la « Staffing Business Platform » a élargi le champ d’action en unifiant, au sein d’une même entité, le recrutement externe et la mobilité interne.
L’objectif est d’éviter une gestion fragmentée du vivier de compétences. Qu’un poste soit pourvu par un candidat externe ou par un collaborateur interne en mobilité, la logique de staffing reste identique : proposer la meilleure réponse possible au manager en mobilisant l’ensemble des talents disponibles. Avoir un interlocuteur unique pour les managers garantit une cohérence, une fluidité et une visibilité globale sur les parcours.
Cette plateforme est intégrée dans un pôle plus large, « Développement RH et Staffing », qui rassemble également la communication interne, la gestion de la performance et le développement des talents. Cette organisation donne une continuité au parcours collaborateur et assure une expérience homogène, quel que soit le point d’entrée.
Dans ce modèle intégré, le stage semble occuper une place stratégique. Comment démarrez-vous une campagne PFE et comment identifiez-vous vos besoins ?
Amal LALAOUI : La préparation démarre bien avant les forums. Nous travaillons avec la communication interne pour définir la stratégie annuelle : messages clés, écoles cibles, forums prioritaires et équilibre entre filières d’ingénieurs et filières de commerce. Cette phase amont est essentielle pour garantir la cohérence de notre présence sur le terrain.
Sur l’identification des besoins, nous avançons selon deux approches complémentaires. D’un côté, nous capitalisons sur l’expérience accumulée : les forums sont des espaces d’écoute et de détection, et nous avons une connaissance précise des besoins récurrents des différentes directions. De l’autre, nous menons un recensement ciblé auprès des entités dont les besoins en stages sont réguliers : Corporate Banking, Finance, Risques, Transformation Digitale, Digital Factory. Ces directions expriment généralement des thématiques stables d’une année à l’autre, ce qui permet d’anticiper et de préparer des fiches de besoins précises avant même nos déplacements dans les écoles.
Cette double dynamique — anticipation structurée et ouverture aux opportunités — nous permet d’aligner au mieux les profils rencontrés et les attentes des managers.
Vous concentrez vos efforts sur les PFE et PFA. Quel cadre proposez-vous pour garantir une expérience de qualité ?
Amal LALAOUI : Les PFE et PFA constituent le socle de notre stratégie, car ce sont des stages adossés à de véritables projets métier. Ils permettent aux étudiants d’apporter une contribution tangible et de se confronter aux réalités opérationnelles de la banque. Nous accueillons également des stages d’observation, principalement dans le réseau, mais notre priorité reste les stages de fin d’études.
Pour les PFE, nous avons conçu un parcours d’intégration structuré : présentation de la banque, immersion dans le périmètre métier, explication de nos outils internes — particulièrement importants dans un groupe comme BNP Paribas — et rencontre avec l’équipe d’accueil. Ce dispositif permet au stagiaire d’être rapidement opérationnel.
La sélection est également encadrée : tout stagiaire destiné aux services centraux passe par un échange RH, puis par un entretien métier. Ce double passage garantit une bonne compréhension du projet, une adéquation avec les besoins et une intégration réussie. Tous les stages PFE et PFA sont gratifiés selon une grille définie, mais l’essentiel reste l’accompagnement, qui constitue la véritable valeur ajoutée de notre dispositif.
L’encadrement est souvent un point faible dans de nombreuses organisations. Comment en garantissez-vous la qualité ?
Amal LALAOUI : Nous avons fait de l’encadrement un pilier central. Chaque stagiaire bénéficie d’un double tutorat :
- un référent RH issu de mon équipe, responsable du suivi administratif et de l’accompagnement humain ;
- un tuteur managérial, au sein de l’équipe d’accueil, chargé du suivi opérationnel.
Pour harmoniser les pratiques, nous avons élaboré un « Guide de l’Encadrant ». Il précise les étapes du stage, les échéances, les attendus, la logique de feedback et les modalités d’évaluation. Ce guide professionnalise le rôle du tuteur et clarifie le cadre.
Les managers se sont pleinement approprié ce fonctionnement. Certains encadrent plusieurs stagiaires simultanément, tout en assurant un référent distinct pour chacun. L’encadrement n’est pas symbolique : il conditionne la qualité du stage et contribue directement à notre attractivité.
L’arrivée de la Génération Z sur le marché influence-t-elle votre façon d’accompagner les stagiaires et d’interagir avec eux ?
Amal LALAOUI : Nos équipes ressentent clairement cette évolution. La Génération Z arrive avec des attentes très affirmées : besoin de sens, volonté de comprendre l’impact de leurs missions, recherche d’un cadre clair et d’un feedback continu. Cette génération est exigeante, mais également très engagée. Elle sait ce qu’elle veut apprendre et pourquoi.
La culture de la BMCI facilite cette relation, car nos équipes sont jeunes et alignées sur ces attentes. Les managers ont appris à ajuster leur posture : davantage d’explication, plus de transparence, un accompagnement régulier. Ce n’est pas une contrainte, c’est une dynamique qui améliore nos pratiques. En réalité, cette génération nous pousse à renforcer ce que nous valorisons déjà : l’écoute, la pédagogie, et la capacité à donner du sens.
Cette recherche de feedback et de progression se reflète-t-elle dans votre quotidien ?
Amal LALAOUI : Très clairement. Les stagiaires ne se contentent plus d’une évaluation finale : ils souhaitent des points réguliers, une montée en compétence tangible et un échange honnête sur leur progression. Ils veulent comprendre où ils en sont, ce qui fonctionne, ce qui doit être ajusté.
Cette demande a un effet positif sur nos pratiques. Elle encourage nos managers à adopter une posture plus explicative et à justifier les missions confiées. Elle renforce la culture de feedback, qui est désormais un réflexe. D’un point de vue humain, cette dynamique est très enrichissante. La seule difficulté réside parfois dans la charge administrative liée au volume, mais la relation humaine reste extrêmement positive.
Vous restez très présents sur les forums d’écoles. Pourquoi maintenir ce format physique à l’ère du digital ?
Amal LALAOUI : Les forums restent essentiels. Ils offrent une rencontre directe, qui permet de percevoir la personnalité, la curiosité et l’énergie des étudiants — des éléments impossibles à capter via un CV. Nous nous y rendons toujours avec des managers ou des experts métiers, ce qui permet aux étudiants d’échanger immédiatement avec un tuteur potentiel.
Ces rencontres sont également utiles pour nos managers, qui restent ainsi connectés aux attentes des nouvelles générations. Le forum n’est pas seulement un dispositif de recrutement : c’est un acte de communication, d’écoute et de présence auprès de l’écosystème académique.
Vous avez développé des partenariats écoles comme “Next Bankers” ou le BMCI Lab. Quelle est la logique derrière ces initiatives ?
Amal LALAOUI : Ces partenariats prolongent notre volonté d’entretenir une relation durable avec les écoles. Avec l’ISCAE, le programme « Next Bankers » ouvre un accès privilégié aux stages dans les métiers de la finance et du risque. Avec l’École Centrale de Casablanca, le « BMCI Lab » marque une étape supplémentaire : un espace de travail intégré au sein de l’école, où les étudiants développent des solutions concrètes autour de la data, de l’IA et de l’automatisation, accompagnés par nos experts.
Ces initiatives permettent aux étudiants d’acquérir des compétences de pointe, tout en nourrissant nos équipes avec des solutions innovantes. C’est un échange structurant pour les deux parties.
Quelle vision portez-vous pour les prochaines années ?
Amal LALAOUI : Notre feuille de route est claire : poursuivre et renforcer les partenariats ciblés en cohérence avec nos besoins métiers. Historiquement, nous avons démarré par la finance et le risque avec l’ISCAE. Aujourd’hui, notre transformation nous pousse vers la data, le digital et l’IA, ce qui justifie le partenariat avec Centrale Casablanca.
Nous souhaitons multiplier ces passerelles, élargir les points d’entrée, attirer davantage de talents et renforcer les conversions en CDI. Nous continuerons à collaborer avec d’autres écoles, publiques ou privées, en fonction de leurs spécialisations et de l’évolution de nos métiers. Nous ne sommes pas seulement un recruteur : nous nous positionnons comme un partenaire durable de l’écosystème académique.
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