À l’approche de l’Aïd Al-Adha, célébration majeure du calendrier musulman, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a lancé un appel significatif à ses membres : accorder un congé exceptionnel le lundi 9 juin 2025, troisième jour de cette fête. Une initiative symbolique, relayée par le président Chakib Alj, qui invite les entreprises privées à s’aligner, « dans la mesure du possible », sur la décision du gouvernement de suspendre le travail dans les administrations publiques et collectivités territoriales à cette date.
Une différenciation historique entre public et privé
Au Maroc, la législation en vigueur prévoit qu’à l’occasion de l’Aïd Al-Adha, les agents du secteur public bénéficient de deux jours fériés payés : le jour de la fête (cette année le samedi 7 juin) et le lendemain. En revanche, le Code du travail n’octroie aux salariés du privé qu’un seul jour de congé payé, à moins qu’une convention collective ou un accord interne ne prévoie un traitement plus favorable.
Cette différence, bien que légale, nourrit depuis plusieurs années un débat sur l’équité entre les secteurs, notamment lors des fêtes religieuses à forte dimension sociale et familiale.
Un geste managérial aux multiples enjeux
En appelant les entreprises à octroyer ce jour supplémentaire, la CGEM inscrit son action dans une logique de conciliation entre performance économique et bien-être des collaborateurs. Pour de nombreux DRH, cette journée de congé représente bien plus qu’un simple avantage social : elle devient un marqueur de reconnaissance culturelle et de respect des valeurs collectives.
Accorder ce jour de repos pourrait ainsi renforcer le climat social, favoriser l’engagement et témoigner d’un management attentif aux besoins humains. À l’heure où les entreprises repensent leur politique RH sous l’angle de l’inclusivité et de la qualité de vie au travail, cette décision, bien que facultative, pourrait faire école.
Une souplesse encouragée mais non contraignante
Il convient toutefois de rappeler que l’appel de la CGEM ne crée aucune obligation légale. La décision reste à l’appréciation de chaque entreprise, en fonction de sa réalité opérationnelle, de ses contraintes métiers et de sa politique interne.
Certaines entreprises, notamment dans les secteurs soumis à des impératifs de continuité d’activité (industrie, logistique, services clients à l’international), pourraient difficilement se permettre cette flexibilité. D’autres, en revanche, y verront l’occasion de renforcer leur marque employeur, notamment auprès d’un capital humain de plus en plus sensible à l’équilibre vie privée / vie professionnelle.
Et si cette initiative annonçait un changement de paradigme ?
Au-delà de cette mesure ponctuelle, l’appel de la CGEM pourrait relancer la réflexion sur la reconnaissance officielle de certains jours de congés supplémentaires dans le secteur privé lors des fêtes religieuses. Une évolution qui impliquerait, bien entendu, un dialogue social élargi entre partenaires économiques et syndicats représentatifs.
Réinterroger la gestion du temps de travail à l’aune des réalités culturelles et sociales constitue aujourd’hui un levier stratégique pour les entreprises soucieuses de fidéliser et d’engager durablement leurs collaborateurs.