Selon une étude de JLL (2024), 61 % des entreprises en Afrique du Nord envisagent de réaménager leurs espaces de travail dans les deux prochaines années, principalement en faveur de modèles flexibles. Le flex office ne relève plus d’une expérimentation marginale : il devient un marqueur fort de transformation organisationnelle.
Le flex office, bien plus qu’un aménagement d’espace
À la croisée du nomadisme numérique, de la montée du télétravail et des exigences croissantes en matière de qualité de vie au travail (QVT), le flex office s’impose comme une réponse à plusieurs enjeux RH simultanés : optimiser les mètres carrés, casser les silos, renforcer l’autonomie et répondre aux aspirations individuelles.
Dans sa forme la plus simple, le flex office signifie : plus de postes fixes. Les collaborateurs choisissent librement, chaque jour, leur espace de travail – en fonction de leur tâche, de leur humeur ou de leurs interactions prévues. Cette liberté est plébiscitée par les jeunes générations, mais aussi par les profils expérimentés en quête de sens et d’équilibre.
Bien-être au travail : un bénéfice tangible… à condition d’accompagnement
Plusieurs entreprises marocaines (banques, assurances, SSII) ont déjà entamé des pilotes ou des projets à grande échelle. Les premiers résultats sont positifs : baisse du présentéisme, amélioration du climat social, plus grande fluidité des échanges interservices.
Une étude menée par Steelcase (2023) révèle que 73 % des salariés ayant accès à des environnements flexibles se déclarent plus satisfaits de leur équilibre vie pro/vie perso. Un chiffre corroboré par les retours d’expérience d’entreprises basées à Casablanca et Rabat, où le flex office a réduit le stress lié aux horaires rigides et facilité la gestion des contraintes personnelles (enfants, santé, mobilité).
Mais ces gains ne sont ni automatiques, ni universels. Mal déployé, le flex office peut générer frustration, perte de repères, voire sentiment d’exclusion. En particulier pour les profils introvertis, les salariés à besoins spécifiques ou ceux dont les tâches nécessitent concentration et confidentialité.
Un changement culturel avant tout
Adopter le flex office, ce n’est pas simplement supprimer les bureaux attitrés. C’est revisiter la culture managériale, les règles implicites de présence, les modes de coordination entre équipes.
Au Maroc, cette transition suppose un double effort d’acculturation :
- Côté RH : redéfinir les modalités de performance (résultats vs présence), intégrer la flexibilité dans la politique QVT, adapter les chartes d’usage.
- Côté managers : développer des compétences en gestion à distance, confiance, coordination asynchrone, animation de collectifs hybrides.
Le ministère marocain de la Transition numérique travaille actuellement sur des référentiels pour favoriser l’hybridation du travail dans les administrations. Ce cadre pourrait inspirer les entreprises privées en quête de balises pratiques.
Infrastructure, outils et équité : les trois conditions du succès
Le flex office ne s’improvise pas. Il repose sur trois piliers essentiels :
- Des espaces différenciés : zones calmes, salles de réunion modulables, espaces de collaboration, bulles de concentration.
- Des outils numériques robustes : réservation de postes, synchronisation d’agendas, plateformes collaboratives.
- Une gouvernance équitable : garantir à chacun un accès équitable aux ressources (places disponibles, lieux adaptés à son activité, services associés).
Sans cela, le risque est réel : voir émerger une élite mobile profitant du système et une majorité frustrée subissant les contraintes.
Le flex office est un révélateur : il interroge la confiance, la maturité managériale, et la capacité des RH à articuler performance économique et bien-être durable. S’il est bien pensé, il devient un formidable levier d’engagement et d’attractivité. S’il est mal cadré, il accentue les fractures. À la fonction RH de trancher – et de piloter cette transition avec lucidité.







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