Depuis la création de l’entreprise moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui ; une organisation qui fonctionne presque quotidiennement, emploie des personnes et génère des revenus ; la gestion du temps était un aspect très important. Presque toutes les entreprises dans le monde suivent un modèle de 9h à 5h. La devise des managers est le temps qu’il faut pour terminer une tâche, et le maintien du même horaire de travail est d’une importance primordiale. Il existe une croyance insaisissable ; que lorsqu’une équipe de professionnels, ou l’ensemble du personnel, fonctionne selon le même calendrier, c’est la seule façon pour l’entreprise de faire un suivi des projets, et atteindre ses objectifs.
Cependant, de nombreux aspects du travail ont toujours été de nature asynchrone. Les entreprises ont tendance à travailler avec des partenaires à l’étranger. Le courrier et l’e-mail sont asynchrones, et il en va de même pour une grande partie de la communication business, bien que certains aspects synchrones aient toujours existé. Avec l’intégration croissante de la technologie sur le lieu de travail et la transformation numérique avec laquelle de nombreuses entreprises sont encore aux prises, le travail et la communication asynchrones semblent plus plausibles, et parfois même plus pratiques
En fait, depuis que la technologie a été intégrée au travail et à la gestion, elle a semblé évoluer dans le sens de faciliter et de permettre l’asynchronie. Les services et solutions de messagerie, bien que présentés comme des outils de communication instantanée, peuvent être utilisés pour l’asynchronie, et le sont souvent. Grâce aux TIC, les partenariats à et l’échange à l’international sont devenus plus faciles. Ce qui a également facilité la création de succursales à l’étranger et l’intégration de leurs processus à ceux d’autres équipes, ainsi que la création de nouveaux modes de collaboration entre entreprises.
L’asynchronie, ou plus précisément le travail asynchrone, est la collaboration entre plusieurs employés, par des contributions individuelles. Un travail collectif qui ne se produit pas aux mêmes horaires. Les progrès peuvent ensuite être suivis et partagés avec les autres membres de l’équipe. Plusieurs outils disponibles aujourd’hui facilitent ce genre de travail, comme Gitlab, Slack, une grande partie des groupware et la plupart des outils Google, bien que la norme pour la plupart des entreprises aujourd’hui est la synchronie. Le temps est toujours un élément essentiel des processus d’entreprise, et la technologie, apparemment, finit par revigorer principalement la nécessité d’une communication instantanée et d’un partage rapide des informations. Néanmoins, ces technologies ont aussi facilité l’asynchronie. Les télétravailleurs, même avant la pandémie, s’appuyaient majoritairement sur la communication asynchrone. C’était bien la pandémie qui avait mis ce terme en évidence.
Les différents défis managériaux qui ont marqué les entreprises au cours de l’année écoulée sont exemplaires des conditions qui nécessitent une solution radicale. Le télétravail par exemple nécessitait un modèle différent pour assurer la communication entre les équipes et un meilleur suivi de l’avancement des projets. Les deux ne sont cependant pas équivalents, mais se chevauchent. Par contre, l’asynchronisme pourrait ouvrir la voie à d’autres développements du lieu de travail. L’entreprise agile est désormais l’idéal que presque toutes les organisations essaient d’accomplir. Au milieu d’une cacophonie de moyens et de méthodes pour y parvenir, c’est presque un terme fourre-tout. Néanmoins, les chefs d’entreprise et les managers se rendent compte qu’une économie, un marché et un monde en évolution rapide requièrent une approche et une structure différentes ; une capacité à adapter les processus aux exigences des tendances économiques. Durant la pandémie, cela a été contré par le télétravail, qui a donné lieu à un éventail de défis. Il a nécessité une communication plus urgente et instantanée, et a suscité une attitude ‘toujours-connecté’.
Le fait que le travail et la communication asynchrones suscitent de plus en plus d’intérêt de la part des entreprises témoigne davantage du fait que les outils technologiques deviennent de plus en plus courants et adaptés à ces nouveaux modes de travail. Plusieurs entreprises technologiques et start-up travaillent désormais à développer cet axe. Range, outil numérique de suivi et de contrôle des progrès, en est un parfait exemple. Weet a développé une solution pour enregistrer l’écran, la webcam et le flux audio (comme une visio-conférence alternée) et l’intégrer dans d’autres outils de travail collaboratif. De même, Grapevine développe constamment son modèle de vidéoconférence asynchrone. La start-up française Slite a elle aussi développé un outil plus complet pour faciliter la gestion et la communication dans le travail asynchrone et à distance.
En regardant les nombreux avantages du travail asynchrone, cela semble révolutionnaire, mais il a ses inconvénients. Tout cela permet l’allocation de temps pour des tâches ou des processus qui nécessitent un peu d’innovation, compense la fatigue, facilite l’intégration de nouveaux employés, et est également bénéfique pour l’équilibre travail-vie personnelle. Cependant, cela ne convient pas à toutes les entreprises et ne peut pas non plus être adopté comme norme. Même si cela donne plus d’autonomie aux employés, cela exige aussi de la responsabilité. Une mesure raisonnable consiste à tirer parti des deux méthodes, selon les caractéristiques de chaque projet, ou équipe. Le travail asynchrone ne serait pas une alternative aux processus habituels, mais il était jusqu’à présent tenu pour acquis. Compte tenu des récentes découvertes, une approche hybride entre ces deux modèles (synchrone et asynchrone) est à prévoir.