Variés sont les risques à prendre en considération pour quelconque déplacement professionnel. Bien que le risque infectieux semble figurer en tête de liste et attire la plus grande attention, d’autres éléments ne sont pas des moindres et nécessitent une considération bien particulière. D’une manière générale, et quels que soient les risques considérés, l’accord pour le départ doit reposer sur un équilibre entre l’état de santé, le poste à tenir pendant le séjour et l’état sanitaire et sécuritaire de la destination. À titre d’exemple, une maladie chronique n’est pas considérée comme une contre-indication au départ mais plutôt un élément majeur à en tenir compte pour mettre en adéquation le traitement, préventif soit-il ou curatif, et la mission. Même une situation de sûreté extrêmement tendue peut ne pas être une contre-indication, mais elle demandera en revanche le déploiement de moyens de prévention et de prise en charge très pointus en cas de besoin d’intervention.
En fin de compte, c’est l’employeur qui décide de la nécessité du déplacement, quel qu’il soit. Toutefois, le collaborateur peut invoquer un droit de retrait s’il estime se mettre en danger. Par ailleurs, le médecin du travail est seul habilité à donner un avis médical sur le poste de travail en mission ou en expatriation, à ne pas confondre avec les certificats d’aptitude au voyage que délivrent les centres de médecine des voyages, qui sont simplement un élément d’information médicale complémentaire pour le médecin du travail.
Déplacement en voiture, éventuels risques
Toutes destinations confondues, les accidents de voiture représentent la première cause de rapatriement sanitaire et de décès au cours d’un déplacement à l’international, il s’agit bien d’une information qu’il est important de donner aux voyageurs, en la renforçant de consignes précises. Ainsi, le déplacement entre l’aéroport et l’hôtel doit être organisé au moment de la préparation de la mission en s’assurant de l’envoi par le correspondant local d’un chauffeur de l’entreprise, en réservant un chauffeur d’une société de taxi à laquelle le correspondant local fait régulièrement appel, ou bien encore en s’organisant avec l’hôtel, qui peut programmer le transfert par taxi ou par navette, option pour laquelle l’inscription avant départ est recommandée afin que la navette ne parte pas sans le voyageur en cas de retard d’atterrissage, ce qui est fréquent.
Le transport depuis l’aéroport proposé par démarchage direct à la sortie de l’aéroport, les véhicules dans un état de délabrement évident, la circulation nocturne, en particulier dans les pays à risque de sûreté élevé ou aux infrastructures routières défaillantes, en ville et en-dehors des villes, sont toutes des pratiques à impérativement éviter. Si, en cas d’urgence, un déplacement en voiture a tout de même lieu la nuit, il faut s’attendre au non-respect des feux de circulation en ville. En dehors des villes, les risques sont nombreux, notamment le déficit de luminosité, la piètre qualité des voies de transport routier, la présence fréquente d’animaux ou de personnes mal ou non vus sont autant de causes d’accidents, souvent mortels. De ce fait, Il est conseillé de réserver, dans la mesure du possible, des vols permettant un atterrissage et un transfert jusqu’à l’hôtel de jour et non de nuit, ce qui sur certaines destinations est impossible.
Déplacement aérien, n’est pas à l’abri non plus
Faisant souvent l’objet de sources d’inquiétude parfois handicapante pour les voyageurs professionnels, les accidents d’avion sont moins fréquents mais plus dangereux. Afin de lutter contre la phobie de l’avion, certaines compagnies aériennes proposent des stages de thérapie comportementale et cognitive. En cas de médication, il est judicieux d’avoir déjà pris le médicament avant le vol : les effets paradoxaux des agitations, agressivités, confusions sont plus difficiles à appréhender à 10 000 mètres d’altitude qu’au sol. Petite astuce : il est recommandé de se placer le plus possible à l’avant de l’avion, les perturbations étant plus nettement ressenties à l’arrière. Ce dernier conseil est également valable pour les personnes souffrant du mal des transports provoqué par les mouvements de l’avion. Un traitement préventif par antihistaminique ou antiémétique peut aussi être utile. En effet, le transport aérien soumet le corps à trois modifications majeures d’où peuvent découler inconforts, voire douleurs : une importante sécheresse cutanée et des muqueuses, une expansion du volume des gaz corporels liée à la diminution de la pression environnante, et une diminution de la pression artérielle en oxygène, due à l’appauvrissement de l’atmosphère en oxygène.
Des risques relatifs à la sûreté
La notion de sûreté, composante potentielle de toute destination, recouvre la criminalité (du simple vol de bagage à l’agression violente voire à l’enlèvement express par un faux taxi par exemple), les désordres politiques et sociaux (violences interconfessionnelles, manifestations violentes, instabilité politique…) ainsi que le terrorisme. Il s’agit donc d’actes de malveillance, volontaires. Donc, mener une recherche d’informations précises sur la destination avant le départ est crucial et les conseils de vigilance doivent être adaptés à chaque lieu et contexte, tel que le choix de l’hébergement dans un pays à fort risque terroriste par exemple (les restaurants et hôtels pour expatriés étant alors une cible privilégiée). Les recommandations gouvernementales sont également à prendre très au sérieux et peuvent être affinées par les préconisations santé-sûreté des experts de l’entreprise ou missionnés par celle-ci. Car si l’employeur estime indispensable d’envoyer une personne en terrain compliqué, il en prend la responsabilité et il sera alors du ressort de ses experts d’accompagner au mieux la démarche, autant en informant des difficultés qu’en conseillant des actions de prévention adéquates. La spécificité de chaque mission et de chaque entreprise explique également que les préconisations puissent varier pour un même pays. La sûreté comporte invariablement aussi un volet sanitaire qui justifie d’associer à la réflexion systématiquement un expert médical. Le rappel par le service de santé au travail des coordonnées de l’entreprise d’assistance en santé-sûreté de l’entreprise est fondamental, car c’est elle qui organise les secours sur place, en s’appuyant sur les acteurs locaux. Il est également utile de préciser que certaines consignes de bon sens suffisent parfois à éviter des actes crapuleux et qu’il est indispensable de se les approprier et surtout de les respecter : il faut par exemple savoir garder profil bas, s’abstenir de photographier des bâtiments gouvernementaux ou des aéroports, éviter également de jouer aux aventuriers dans les quartiers ou les régions déconseillés.
Risques psychiques, pas des moindres !
Trop souvent considéré par l’entourage professionnel du voyageur comme une parenthèse dorée, le déplacement nécessite pourtant des efforts multiples, une sur-sollicitation physique et psycho-émotionnelle qu’il ne faut pas sous-estimer. La charge mentale est en effet nettement majorée en cas de mission, puisque le voyageur doit, en sus du cœur de sa mission, gérer le déplacement en lui-même et les nombreuses contraintes logistiques avant et pendant le déplacement – souvent très chronophages mais indispensables. Le déplacement lui-même est fatiguant : réveil précoce en général, temps de déplacement jusqu’à l’(aéro)gare, heures d’attente dans cette dernière, autant de moments perdus au cours desquels il est rare de pouvoir exercer son métier, sauf à travailler sur dossier (en ayant une forte capacité de concentration). En cours de séjour, dans un souci d’optimisation du temps passé sur place, le rythme de travail est souvent très soutenu, avec une nécessité de disponibilité d’esprit et de niveau d’énergie à maintenir, des horaires extensibles, une maximisation du nombre d’heures consacrées à la mission. Là encore réveil précoce, couchage tardif avec souvent des dîners professionnels, et en sus de la mission, la gestion des mails et des dossiers indépendants du déplacement. Un temps à soi est difficile à dégager mais est d’autant plus important qu’il améliore l’efficacité – qu’il s’agisse d’une lecture, d’exercices physiques ou d’une simple pause sans activité particulière. Les moyens modernes de communication permettent aux familles d’avoir un temps de rencontre à distance, visuel parfois, ce qui est un élément d’équilibre familial et donc du travailleur à considérer également.
Maladies à prévention vaccinale ou risques infectieux
Pour certains vaccins, le délai d’action peut être long, et certains pays exigent de ce fait que les vaccins soient réalisés au-delà d’un certain délai, il est donc essentiel d’encourager à vérifier le plus tôt possible la liste des vaccins obligatoires et recommandés. Cela peut même être proposé en dehors de toute programmation précise de déplacement, si l’on sait que le poste est lié à une forte probabilité de mobilité. Les vaccinations conseillées sont celles du calendrier vaccinal ainsi que celles adaptées à la destination et aux activités du voyageur. Les pathologies couvertes sont la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite (dont le virus circule encore dans plusieurs États, avec un risque de diffusion internationale), la coqueluche, la rougeole (pour laquelle la vaccination n’est efficace qu’en cas de schéma à deux injections – l’injection unique trop souvent retrouvée ne suffit pas), l’hépatite B, l’hépatite A et la typhoïde pour les zones tropicales, l’encéphalite à tiques (dont le nombre de cas en Europe en général a nettement augmenté au cours des trente dernières années). La vaccination contre l’encéphalite japonaise est recommandée pour les zones reculées d’Asie du Sud-Est et de Chine. La rage doit être considérée en cas de séjour prolongé ou isolé, ou en cas d’expatriation avec des jeunes enfants (chez qui les risques de contact avec les animaux et donc de léchage, griffures et morsures sont plus importants), en particulier dans les pays à risque. La vaccination contre la leptospirose est à discuter en cas d’activités aquatiques en eaux douces quel que soit le pays considéré.