12 millions de candidatures en un semestre : c’est l’un des indicateurs les plus marquants du bilan de Stagiaires.ma pour les six premiers mois de 2025. Cette dynamique illustre à la fois l’ampleur des besoins d’insertion chez les jeunes et la centralité croissante des plateformes digitales dans le matching entre offres et profils.
Mais derrière ce chiffre record, un changement structurel s’opère. Si les stages représentent toujours la première porte d’entrée vers l’entreprise (avec près de 291 000 demandes), d’autres formes de travail gagnent du terrain : les candidatures pour un premier emploi ont progressé de 18 % par rapport à 2024, celles pour le freelance de 22 %, et les demandes liées à l’alternance et au bénévolat de 30 % au total. La quête d’expériences professionnelles s’émancipe ainsi du cadre classique, traduisant un besoin d’agilité, de montée en compétences et de sens.
Selon une enquête 2024 de l’OIT sur l’emploi des jeunes en Afrique du Nord, 61 % des jeunes diplômés marocains se disent prêts à accepter un travail indépendant ou non conventionnel, à condition qu’il leur permette d’apprendre, de contribuer et de progresser. La plateforme capte parfaitement cette tendance.
Une diversité de profils qui interpelle les recruteurs
Avec plus de 400 000 jeunes inscrits entre janvier et juin 2025, Stagiaires.ma dresse un panorama fidèle de la jeunesse formée au Maroc. 68 % des inscrits proviennent du secteur public, 22 % des écoles privées, et 10 % d’autres structures. Cette pluralité rend possible une meilleure adéquation entre profils disponibles et besoins en compétences.
Du côté des entreprises, les pratiques de sourcing se diversifient également :
- 8 105 recrutements via la CVthèque,
- 5 376 à travers les offres publiées,
- 694 grâce aux candidatures spontanées.
Ce recours simultané à plusieurs canaux reflète l’impératif de réactivité dans un marché où les meilleurs profils sont très sollicités. Pour les DRH, cela signifie deux choses : affûter leur stratégie de visibilité sur les plateformes et optimiser l’expérience candidat pour se démarquer.
Télétravail, inclusion régionale : les lignes bougent
Si le modèle présentiel reste dominant (près de 4 720 offres), les nouvelles modalités de travail gagnent en légitimité : 368 offres en télétravail et 291 hybrides ont été proposées, soit 12 % des opportunités diffusées. Un chiffre modeste, mais en hausse constante.
Ce basculement, encore discret, ouvre une voie stratégique pour les entreprises en quête de talents hors des zones métropolitaines. D’après le HCP, seuls 26 % des jeunes diplômés issus des zones rurales trouvent un emploi dans leur région. En proposant des postes télétravaillables, les employeurs peuvent accéder à des viviers jusque-là sous-exploités.
Un levier d’engagement social adossé à l’opérationnel
Loin de se limiter à la mise en relation entre candidats et recruteurs, la plateforme s’appuie sur la Youth Africa Foundation pour proposer un accompagnement renforcé. En 2025, huit webinaires de préparation au CV ont réuni plus de 3 200 participants, avec un focus sur les régions éloignées des grands bassins économiques. Cette stratégie de maillage territorial contribue à réduire les inégalités d’accès à l’emploi dès l’étape de la candidature.
La fonction RH face à un impératif de reconfiguration
L’analyse de ces données impose une remise en question des pratiques RH traditionnelles. D’un côté, les jeunes ne se contentent plus d’un “stage classique” : ils explorent des modalités multiples pour tester, apprendre et s’insérer. De l’autre, la multiplication des formats, des statuts et des attentes oblige les entreprises à repenser leurs parcours d’intégration et à investir dans des outils digitaux performants.
Selon le baromètre Deloitte Human Capital Trends 2025, 72 % des dirigeants RH en Afrique francophone considèrent l’expérience pré-embauche (stages, missions, alternance) comme un levier stratégique de fidélisation et de montée en compétences. Stagiaires.ma s’inscrit pleinement dans cette logique, en tant qu’interface agile entre marché du travail et systèmes de formation.
Un signal faible devenu indicateur fort
Longtemps cantonnées à la périphérie des politiques RH, les plateformes comme Stagiaires.ma deviennent des observatoires clés pour comprendre l’évolution des comportements professionnels. Leurs données ne servent plus uniquement à recruter, mais à anticiper les mutations à l’œuvre, tant dans les aspirations des jeunes que dans la structuration des parcours professionnels.
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