La santé mentale s’impose aujourd’hui comme un pilier essentiel de la Qualité de Vie au Travail. La génération Z, qui entre progressivement sur le marché de l’emploi, place cet enjeu au cœur de ses priorités. Pourtant, les stagiaires de fin d’études, souvent en situation précaire et soumis à une forte pression de conversion, restent les grands oubliés des politiques de QVT. Entre incertitude, isolement et manque de repères, leur expérience peut rapidement se transformer en facteur de stress. Pour les DRH et les tuteurs, comprendre ces signaux et agir en prévention n’est plus une option : c’est un impératif managérial.
Une génération lucide et exigeante face à la santé mentale
Les études menées auprès de la génération Z montrent une évolution profonde des attentes vis-à-vis du travail. Pour ces jeunes collaborateurs, la performance ne se mesure pas seulement en résultats, mais aussi en équilibre psychologique. Ils souhaitent rejoindre des organisations qui intègrent la santé mentale dans leur culture managériale.
Leur principale source d’anxiété n’est pas la charge de travail, mais l’incertitude : ne pas savoir quand faire une pause, comment demander de l’aide, ou à quel moment exprimer une difficulté. Cette absence de repères, particulièrement forte dans les stages hybrides ou à distance, fragilise leur sentiment d’appartenance.
La santé mentale est donc devenue un marqueur générationnel. Ignorer ce besoin d’écoute et de clarté, c’est risquer de transformer une opportunité de fidélisation en expérience négative, amplifiée par le bouche-à-oreille ou les réseaux sociaux.
Les trois facteurs de stress les plus fréquents chez les stagiaires PFE
- La pression de conversion : Le stage de fin d’études est souvent perçu comme un entretien prolongé. Chaque tâche, chaque feedback, chaque silence est interprété comme un signe du futur recrutement. Cette tension constante épuise les stagiaires et altère leur confiance.
- L’isolement, accentué par le travail hybride : Loin du collectif, les jeunes stagiaires peinent à décoder la culture d’entreprise, les dynamiques d’équipe et les signaux informels. Ils se retrouvent souvent à travailler seuls, connectés à des outils numériques sans réel accompagnement humain.
- La peur de mal faire : Les premières expériences professionnelles sont marquées par la volonté de prouver sa valeur. Or, dans un environnement où les règles implicites dominent, la peur de poser des questions ou d’avouer une incompréhension conduit à un stress silencieux.
Ces trois dimensions — pression, isolement, peur — créent un terrain propice à la démotivation et à la détresse psychologique.
Le tuteur, premier filet de sécurité
Le tuteur n’est pas seulement un guide technique ; il est le pilier émotionnel du stage. Bien formé, il peut prévenir la majorité des risques psychosociaux.
Son rôle consiste à :
- Structurer un cadre clair : horaires, temps de pause, fréquence du télétravail, attentes précises. La clarté rassure et réduit l’incertitude.
- Instaurer un rituel de check-in régulier : des points courts, hebdomadaires, où l’on parle autant de la charge de travail que du ressenti du stagiaire.
- Valoriser les progrès : reconnaître les réussites, même modestes, renforce le sentiment d’appartenance et d’utilité.
- Oser aborder le bien-être : poser la question du moral, de la fatigue, de la motivation, sans tabou.
Le tuteur devient ainsi un acteur de QVT de première ligne. Encore faut-il qu’il soit formé à détecter les signaux faibles — isolement, repli, baisse d’initiative — et à orienter si nécessaire vers les dispositifs internes.
Le rôle du DRH : intégrer la santé mentale dans la politique de stage
Le département RH doit accompagner les tuteurs et les managers dans cette mission de prévention. Plusieurs leviers concrets peuvent être activés :
- Sensibiliser les encadrants : inclure la santé mentale et la gestion du stress dans la formation des tuteurs.
- Mettre à disposition des outils de QVT : programmes de sport, ateliers de respiration, plateformes d’écoute psychologique (EAP), cellules d’accompagnement.
- Créer une charte d’équilibre : préciser les droits du stagiaire en matière de pause, de temps de repos et de droit à la déconnexion.
- Promouvoir la transparence : clarifier le processus d’évaluation et de conversion pour réduire le sentiment d’incertitude.
La santé mentale ne doit pas être abordée comme une mesure correctrice, mais comme un élément structurel du parcours de stage.
La QVT n’est pas un luxe, mais un levier de performance
Le bien-être psychologique influence directement la productivité, la créativité et la fidélisation. Un stagiaire écouté, encadré et reconnu s’investit davantage, produit mieux et devient souvent un ambassadeur naturel de la marque employeur.
À l’inverse, un stagiaire isolé ou en détresse peut générer des effets en chaîne : désengagement des équipes, perte de réputation, voire départs prématurés. Les entreprises qui misent sur la prévention gagnent donc sur deux fronts : la performance immédiate et l’image durable.
Les outils de clarté — charte de stage, grille d’évaluation, accompagnement du tuteur — ne sont pas des process administratifs. Ils constituent les meilleures armes de la QVT moderne, celles qui traduisent la bienveillance en structure.
Réinventer l’accompagnement à l’ère du travail hybride
Le passage au mode hybride oblige à repenser les pratiques managériales. Le stagiaire doit se sentir intégré même à distance :
- Un accueil en présentiel la première semaine pour ancrer la relation humaine ;
- Des moments collectifs réguliers en visioconférence, mais à visée sociale (déjeuners virtuels, points informels) ;
- Un canal de communication clair avec le tuteur et l’équipe, distinct de la messagerie hiérarchique.
Le digital ne doit pas remplacer le lien humain ; il doit le prolonger. La technologie devient un support, pas un substitut.
Santé mentale et engagement : le nouveau contrat psychologique
L’attention portée au bien-être mental des stagiaires n’est pas une tendance, c’est une transformation culturelle. Elle redéfinit le contrat moral entre l’entreprise et la génération montante.
Investir dans la santé mentale, c’est investir dans la confiance, l’apprentissage et la fidélité. C’est aussi préparer des collaborateurs futurs plus conscients, plus résilients et plus loyaux.
La prévention du stress n’est pas un supplément de QVT : c’est un marqueur de maturité managériale. Et c’est souvent dans la façon dont une entreprise traite ses stagiaires que se révèle sa véritable culture du travail.








![[Interview] Allier proximité avec les talents et collaboration durable avec les écoles — Interview avec Amal LALAOUI, Staffing Business Manager de la BMCI](https://drh.ma/wp-content/uploads/2025/11/Interview-Allier-proximité-avec-les-talents-et-collaboration-durable-avec-les-écoles-—-Interview-avec-Amal-LALAOUI-Staffing-Business-Manager-de-la-BMCI-1-120x86.jpg)

![[ETUDE] Le stage PFE, un levier sous-exploité de gestion des talents : ce que révèle l’enquête nationale 2025](https://drh.ma/wp-content/uploads/2025/11/ETUDE-Le-stage-PFE-un-levier-sous-exploité-de-gestion-des-talents-ce-que-révèle-lenquête-nationale-2025-1-120x86.jpg)
