Les classements universitaires internationaux occupent une place prépondérante dans l’imaginaire collectif lorsqu’il s’agit d’évaluer les institutions d’enseignement supérieur. Cependant, pour les décideurs en ressources humaines au Maroc, ces référentiels mondiaux s’avèrent souvent insuffisants. Conçus autour de critères académiques généraux, ils ne répondent pas pleinement aux réalités et attentes spécifiques du marché marocain. Aujourd’hui, les DRH adoptent une approche pragmatique en privilégiant les classements locaux, plus à même de révéler les compétences réellement utiles pour le tissu économique national.
Les limites intrinsèques des classements internationaux sont désormais bien identifiées par les experts RH au Maroc. Prenons l’exemple du QS World University Rankings ou du célèbre classement de Shanghai (ARWU). Ces palmarès prestigieux concentrent leurs critères principalement autour de la recherche scientifique et des publications dans des revues de renommée internationale. Or, ces indicateurs ne tiennent pas suffisamment compte des besoins immédiats des entreprises marocaines, qui recherchent avant tout des diplômés opérationnels, dotés de compétences adaptées aux réalités économiques locales.
De manière plus détaillée, ces classements reposent fréquemment sur des enquêtes de réputation dont la représentativité reste discutable, favorisant souvent les institutions anglophones déjà solidement établies. Le poids donné à la taille des universités ou à leur productivité scientifique crée un biais systémique en faveur des grandes institutions, au détriment d’établissements de taille modeste mais reconnus localement pour l’excellence de leur enseignement pratique.
Ainsi, malgré quelques exceptions comme l’Université Mohammed VI Polytechnique, reconnue dans le classement Times Higher Education (401-500ème), ou Rabat Business School, citée par le Financial Times dans son classement Masters in Management, la majorité des établissements marocains reste sous-représentée dans les évaluations internationales. Cette réalité ne reflète pas nécessairement un manque de qualité, mais plutôt un décalage entre les indicateurs internationaux et les objectifs prioritaires des institutions locales, centrés sur l’employabilité immédiate et l’intégration réussie des diplômés sur le marché du travail marocain.
Face à cette problématique, les classements locaux émergent comme une réponse pragmatique et adaptée, véritable levier stratégique pour les responsables RH. Contrairement à leurs équivalents internationaux, ces évaluations prennent pleinement en compte les attentes réelles des recruteurs nationaux, en privilégiant des critères tels que l’employabilité, les compétences pratiques, ou encore l’adéquation entre formations dispensées et besoins des entreprises.
Le classement « Top School in Morocco » élaboré par Campus Mag constitue à ce titre un exemple concret. Basé sur les témoignages et évaluations de plus de soixante DRH issus des grandes entreprises marocaines, ce classement identifie précisément les écoles dont les diplômés s’insèrent rapidement et efficacement sur le marché de l’emploi. Les critères retenus comprennent la notoriété auprès des recruteurs, la qualité intrinsèque des diplômés en termes d’intégration professionnelle et de progression de carrière, ainsi que le niveau salarial à l’embauche. Cette approche pragmatique, centrée directement sur l’appréciation des employeurs, constitue une source précieuse d’information pour les DRH en quête de profils adaptés aux défis opérationnels du moment.
De la même manière, le classement « Meilleur Master et MBA au Maroc » proposé par MBA.ma répond spécifiquement aux attentes des professionnels en quête de formations continues ou exécutives. La rigueur méthodologique du classement MBA.ma se concentre sur la qualité pédagogique, la pertinence des contenus enseignés, la solidité des partenariats internationaux, ainsi que sur les infrastructures et l’accessibilité des campus. Comme le souligne Youssef El Hammal, président de MBA.ma, « ces classements représentent un véritable outil de décision pour les DRH, permettant de valoriser objectivement les formations continues ayant un impact réel et immédiat sur les carrières des cadres et managers marocains ».
Ce déplacement progressif vers les classements locaux révèle une évolution majeure dans les pratiques de recrutement au Maroc. Les entreprises privilégient désormais des outils d’évaluation spécifiquement adaptés à leurs besoins, reconnaissant la pertinence limitée des référentiels globaux dans leur processus décisionnel. Pour les DRH, cela signifie aussi un recentrage sur la réalité du marché local, en optimisant les chances d’intégrer des profils directement opérationnels et pleinement adaptés aux exigences professionnelles et culturelles nationales.
L’intérêt croissant porté à ces classements locaux marque également une volonté des entreprises marocaines de renforcer leurs partenariats avec les institutions académiques nationales. Cette dynamique contribue à améliorer continuellement l’adéquation des cursus aux réalités du marché de l’emploi marocain, favorisant ainsi un cercle vertueux bénéfique aux étudiants, aux établissements et aux employeurs.
Finalement, le choix stratégique des DRH marocains en faveur des classements locaux souligne une prise de conscience majeure : pour être compétitif, il est indispensable de disposer d’outils d’évaluation adaptés au terrain local. En privilégiant des critères concrets et directement applicables, les entreprises marocaines optimisent leur recrutement, gagnent en efficacité, et contribuent à une meilleure insertion professionnelle des diplômés. Cette approche pragmatique est désormais une tendance de fond dans le paysage RH marocain.