La fonction RH ne peut plus se limiter à l’exécution de process. Elle est désormais attendue sur sa capacité à produire de la valeur, à prendre des décisions fondées sur des données tangibles, et à démontrer son impact. C’est précisément à cette exigence que répond Joëlle Imbert dans son ouvrage Les tableaux de bord RH – Construire, mettre en œuvre et évaluer le système de pilotage.
Le livre propose une démarche structurée et accessible pour concevoir des outils de suivi RH à forte valeur ajoutée. Pas de jargon inutile ni d’approche abstraite : l’autrice livre une méthode pas à pas pour mettre en place des tableaux de bord utiles, lisibles et directement exploitables par les équipes RH, les managers opérationnels et la direction générale.
Construire un tableau de bord utile : aller à l’essentiel
Le premier mérite de l’ouvrage est de rappeler une vérité simple : un bon tableau de bord ne consiste pas à empiler des indicateurs. Il s’agit de sélectionner ceux qui traduisent fidèlement les objectifs RH de l’entreprise. Joëlle Imbert insiste sur la nécessité d’un cadrage clair : quel est le besoin d’analyse ? Pour qui est destiné l’outil ? Quelle fréquence d’actualisation ? Quels objectifs sert-il réellement ?
À travers plusieurs exemples, l’auteure montre comment identifier les bons indicateurs par domaine RH : taux de turn-over, coût du recrutement, taux d’absentéisme, indicateurs de performance de la formation, suivi des effectifs critiques, etc. Elle propose aussi des pistes pour intégrer des données qualitatives, comme la perception du climat social ou le niveau d’engagement.
Mise en œuvre : du tableur à la décision stratégique
Le tableau de bord RH n’est pas un outil réservé aux grands groupes. Il peut être adapté à toutes les tailles d’organisation, à condition d’être construit avec rigueur. Joëlle Imbert décrit les étapes clés de la mise en place : choix des données sources, structuration du modèle de reporting, création des supports de restitution.
L’approche est pragmatique. Le livre détaille comment utiliser Excel ou d’autres outils pour automatiser la collecte, fiabiliser les données et produire des visuels compréhensibles. Mais l’essentiel reste l’interprétation. Un tableau de bord n’a de valeur que s’il permet d’analyser les écarts, d’anticiper les tendances et de corriger les dérives.
L’auteure encourage une appropriation par les managers. Elle recommande des formats simples, partagés régulièrement, et intégrés au processus de décision managériale. L’objectif est clair : que la donnée RH devienne un réflexe dans la gouvernance de l’entreprise.
Une posture nouvelle pour les professionnels RH
Au fil des chapitres, Joëlle Imbert dessine aussi un nouveau visage du professionnel RH : un acteur capable de lire les dynamiques humaines à travers les indicateurs. Le tableau de bord devient alors un levier d’influence, un outil d’alerte, un support pour convaincre, prioriser, argumenter.
Cette posture exige de la précision, mais aussi de la pédagogie. Il ne suffit pas d’afficher un taux de départs : il faut l’expliquer, le comparer, le relier à d’autres données, en tirer des scénarios. L’ouvrage insiste ainsi sur la capacité d’analyse du RH, et sur sa responsabilité dans l’interprétation des signaux faibles.