C’est un secret de polichinelle : il est devenu de plus en plus compliqué de recruter. Les collaborateurs changent couramment d’emploi, les bons profils se font rares et on se les arrache, les très expérimentés se transforment de nomades en sédentaires… Bref, à l’heure où il est de plus en plus difficile de combler certains postes vacants, les entreprises devraient plutôt veiller de plus en plus à orienter leur démarche de recrutement non pas vers la perle rare, le salarié qui, avant même de venir, sait faire tout ce dont on a besoin, mais plutôt vers des candidats ayant l’envie d’apprendre et la capacité d’apprendre rapidement. Ailleurs d’ailleurs, les soft skills sont en vogue.
Les soft skills, également appelés qualités personnelles, savoir-être, ou encore compétences comportementales, n’ont rien à voir avec le domaine technique. Il s’agit, si on veut vulgariser, de tout ce qui a trait à l’humain, en matière de compétences sociales, d’interactions avec son prochain, de manière de communiquer, de traits de personnalité, peut-être même de style de vie. C’est-à-dire ce qu’est la personne, en dehors de son domaine professionnel. Ainsi, un médecin et un athlète peuvent parfaitement avoir les mêmes soft skills. Et les recruteurs commencent, un peu partout dans le monde, à accorder une attention toute particulière à ces facteurs.
Soft Skills, les must !
Dit ainsi, cela reste bien évidemment des termes vagues. Il convient donc de donner des exemples, afin de savoir ce qui est recherché en milieu professionnel. Les entreprises, quand il est question de soft skills, privilégient ces dix : communication, attitude positive, professionnalisme, intégrité, courtoisie, capacité d’assumer des responsabilités, éthique, esprit de collaboration, flexibilité, et capacité à assumer des responsabilités.
On peut aussi en citer d’autres : la confiance, l’intelligence émotionnelle, la gestion de temps, l’éloquence, la persévérance… il en existe une légion.
Pour recruter ? Cela semble risqué de miser dessus, non ?
Là n’est pas la question véritable. L’engouement des entreprises en Occident ne prend pas en compte seulement la difficulté de recruter aujourd’hui, mais l’impossibilité prévisible de recruter demain. Les compétences et les métiers évoluent si rapidement que l’on voit d’ailleurs, aujourd’hui et ici même, naître des métiers au sujet desquels on peut se demander : où peut-on bien apprendre à être ça ? C’est-à-dire que les cursus académiques proposés ne semblent pas avoir les capacités d’adaptation requises pour suivre le marché de l’emploi. Et des études le prouvent. On peut dès lors faire un constat : il y aura demain des métiers n’existant même pas aujourd’hui.
Et comme il y aura ce qu’il n’y a pas, il y a sans doute ce qu’il n’y aura pas ; des métiers sont probablement voués à disparaître. La recherche d’un profil commencera sans doute à être de plus en plus approximative, du point de vue et de l’expérience et du cursus académique. C’est dire l’importance qu’ont les soft skills.
Les entreprises doivent apprendre à s’adapter
L’entreprise de demain peut s’y mettre dès aujourd’hui : commencer à rechercher des profils disposant de soft skills permettant d’appréhender et d’accompagner tout changement. Curiosité, facilité d’apprentissage, capacité d’adaptation, envie d’étudier… Une formule sûre, dans ce monde en changement.
C’est pour ainsi dire une importance nouvelle qu’acquerront les soft skills, allant jusqu’à faire de l’ombre aux bonnes vieilles compétences techniques. Car déjà, dans certains domaines, les soft skills ont la côte : le domaine commercial, ou les métiers collaboratifs, par exemple, qui nécessitent bien entendu empathie, écoute et éloquence pour le premier, et esprit de collaboration pour les seconds.
Peut-on développer des soft skills qu’on n’a pas ?
Cela dépend de la qualité personnelle dont on parle et de la personne qui veut se l’approprier. Mais, grosso modo, la réponse est oui. Seuls le niveau de difficulté et la longueur du processus d’apprentissage changent.
Mais là encore la question véritable n’est pas là. On devrait plutôt se demander : est-il difficile d’acquérir des compétences techniques qu’on n’a pas ? La réponse est bien évidemment non, du moment que notre parcours académique soit globalement assez proche, ou permet une certaine accessibilité intellectuelle.
Autrement dit, s’il est risqué d’engager un collaborateur ayant tout ce qu’il faut en matière de hard skills, car l’enseignement des soft skills entre tout de même dans le domaine du « brouillard », il semble à l’opposé plus simple pour l’entreprise de recruter quelqu’un disposant de soft skills pour ensuite le former aux compétences techniques nécessaires.