L’informalité : un défi pour l’économie marocaine
Le secteur informel est omniprésent au Maroc. Environ 77 % des travailleurs ne sont pas couverts par les régimes de protection sociale tels que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ou la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). Ces travailleurs, bien qu’exclus des mécanismes formels, jouent un rôle crucial dans l’économie. Ce secteur, bien qu’il offre un filet de sécurité pour de nombreux ménages, freine le développement économique à long terme du pays.
Malgré des efforts pour stimuler la croissance, comme l’augmentation du PIB de 2000 à 2018, la baisse de l’informalité reste marginale. Cette stagnation appelle à un changement profond de la structure des incitations.
Le coût de l’informalité : freiner la productivité et l’équité sociale
L’informalité coûte cher, à la fois pour l’État et pour les travailleurs eux-mêmes. Les entreprises non déclarées échappent aux taxes, ce qui entraîne des pertes fiscales considérables. De plus, elles exercent une concurrence déloyale vis-à-vis des entreprises formelles, affectant ainsi la compétitivité globale.
Du côté des travailleurs, être dans l’informalité signifie souvent des salaires plus bas, l’absence de couverture sociale et un accès limité aux avantages comme les retraites ou l’assurance maladie. Cette précarité accentue les inégalités sociales, en particulier pour les femmes et les jeunes, souvent surreprésentés dans ce secteur.
L’informel comme filet de sécurité : une réalité complexe
Bien que l’informalité soit perçue comme un problème, elle sert également de filet de sécurité pour de nombreux Marocains. Pour ceux qui n’ont pas accès au marché formel, notamment en raison du manque de compétences ou d’opportunités, le secteur informel est souvent le seul moyen de subsistance.
Repenser les incitations pour une économie formelle et inclusive
Pour réussir cette transition, il est nécessaire de revoir les incitations proposées aux entreprises et aux travailleurs. Voici quelques pistes :
- Alléger les charges sociales : Le coût d’embauche dans le secteur formel est un frein majeur pour les petites entreprises. En réduisant les charges sociales pour les nouvelles entreprises ou celles qui embauchent des travailleurs informels, l’État pourrait encourager la formalisation.
- Créer des incitations fiscales attractives : Les incitations fiscales, comme des réductions d’impôts pour les entreprises formalisant leurs employés, peuvent être un levier puissant pour intégrer davantage de travailleurs au secteur formel.
- Simplifier les procédures administratives : La bureaucratie lourde décourage souvent les petites entreprises et les travailleurs indépendants de se formaliser. La digitalisation des procédures et la simplification des démarches pourraient faciliter cette transition.
- Améliorer la protection sociale : Garantir un accès équitable à la protection sociale, même pour les travailleurs temporaires ou à bas revenus, est essentiel pour donner confiance aux travailleurs dans le secteur formel.
Téléchargez le rapport complet ici : L’informel au Maroc : repenser la structure globale des incitations pour une économie plus inclusive et dynamique.