Depuis toujours, et il est d’ailleurs encore le cas, les discussions sur les salaires entre collègues de travail sont un sujet complexe qui peut donner naissance à d’énormes tensions au sein d’une même entreprise. Bien que cela puisse sembler naturel, voire même légitime, de vouloir comparer son salaire à celui des autres, cette pratique peut engendrer des sentiments de jalousie, de sous-estime de soi et de méfiance.
Avant tout, il faudrait bien garder à l’esprit que les salaires sont, dans la majorité des cas, basés sur certains critères tels que l’expérience, les compétences, le niveau académique et la performance individuelle, entre autres. Cela dit, ces rémunérations sont susceptibles de varier considérablement même au sein d’une même entreprise. En abordant des discussions sur leurs salaires, les collaborateurs se lancent naturellement dans une approche comparative infondée car ne disposant pas de toutes les informations leur permettant de justement mettre en balance.
Du côté des entreprises, cette pratique n’est pas non plus appréciée. En fait, les employeurs peuvent décourager ce genre de discussions sur les salaires pour éviter les problèmes et les tensions au sein de l’équipe. Encore plus loin, et dans certains pays, les employeurs sont même légalement autorisés à interdire les discussions sur les salaires entre les collaborateurs. En revanche, et c’est là où réside le paradoxe, les collaborateurs ont le droit de savoir qu’ils sont rémunérés de manière équitable pour leur travail, et il se peut qu’ils veuillent discuter de leur salaire avec leur gestionnaire de carrière ou les ressources humaines. Cela dit, les employeurs se retrouvent entre le marteau de vouloir éviter le maximum possible ces discussions sur les salaires, et l’enclume de devoir faire sentir à leurs équipes que tout un chacun soit équitablement rémunéré pour le travail qu’il accomplit au sein de l’organisation, sans aucune discrimination basée sur le sexe, la race, la religion ou autres.
Mener une discussion sur le salaire, comment ?
Si jamais on est convaincu de la nécessité de parler salaire avec ses collègues, cela ne devrait pas se faire de manière aléatoire, mais plutôt en suivant une approche bien réfléchie. Il faut d’abord commencer par instaurer une relation de confiance en étant vous-même transparent sur votre salaire, afin d’amener vos collègues à la confidence. Ensuite il serait préférable de privilégier les fourchettes de salaires aux montants exacts, et ce pour éviter que vos interlocuteurs ne soient embarrassés ou mal à l’aise. Si la confiance s’installe, les chiffres exacts seront spontanément dévoilés.
Outre cela, étant donné que ce type de discussions peut engendrer des problèmes de tous genres, il serait plus judicieux de sélectionnez méticuleusement les collègues avec lesquels vous parlez salaire, et ce en évitant par exemple ceux qui ont sûrement une rémunération plus basse que la vôtre, mais également ceux qui sont à des postes et à un niveau hiérarchique différent du vôtre, et sont potentiellement mieux payés que vous.
Par ailleurs, et c’est le point le plus important semble-t-il, il faudrait éviter, à la fin des échanges, de tirer des conclusions hâtives et de se placer en position de victime si jamais on apprend qu’on est moins payé que certains collègues. Les écarts salariaux ne sont pas tout le temps synonymes d’injustice ou de discrimination, et il se peut que ses collègues en question soient plus expérimentés que vous, aient un niveau académique supérieur au vôtre, ou tout simplement apportent à l’entreprise plus que vous ne lui apportez.
Cependant, si jamais vous estimez que vous méritez une meilleure rémunération ou si vous vous sentez dans l’incertitude ou l’incompréhension, il ne faut surtout pas hésiter à solliciter vos supérieurs hiérarchiques pour qu’ils vous expliquent la politique de rémunération. De cette façon, soit vous parvenez à une augmentation de salaire si elle est légitime et méritée, soit vous comprenez les raisons derrière ces écarts salariaux.