L’essor que les sujets liés aux domaines de la gestion et des ressources humaines connaissent aujourd’hui, surtout de la part des décideurs et chefs d’entreprises, est relativement récent, surtout au Maroc. A ce titre, les DRH ont amorcé une transformation radicale de leur profession, leur rôle au sein d’une organisation, ainsi que l’élargissement de leur sphère d’influence. Tandis que cette tendance s’inscrit dans un phénomène global de capitalisation des RH sur une position de partenaire stratégique, la recherche et l’expérimentation sont toujours en phase. Au Maroc, le développement de la gestion RH est plus suscité, pourtant, l’état des lieux, selon de nombreux observateurs, pourrait être meilleur.
Dans les pays du premier monde, l’avènement d’une nouvelle réalité économique, provoquée par des facteurs tels que l’influence croissante des start-ups et des petites entreprises, l’induction de l’entreprise basée sur le savoir et le développement (IP holding company) des travailleurs du savoir a changé la réalité des organisations. Ce nouveau paysage tente désormais d’établir un modèle qui repose principalement sur les employés pour innover, développer de nouvelles méthodes et de nouveaux processus afin de maintenir un avantage concurrentiel. En tant que tel, l’acquisition et la rétention des talents est primordiale. C’est ainsi qu’a commencé la transformation de la fonction RH. Au Maroc, ce discours sur la transformation des entreprises, du lieu de travail et des RH n’est devenu ouvert et possible que pendant la pandémie.
Il est possible de citer plusieurs secteurs et industries au pays qui essaient activement d’innover en termes de styles de gestion, de structure organisationnelle et de relations employeur-employé, mais seulement une poignée d’entre eux engrangent réellement des investissements dans ce volet, et sont capables de réaliser une croissance substantielle. Selon une étude, largement citée, élaborée par Mohamed Baayoud, professeur, et Hicham Zaounat, pour DRH de Danone-Centrale Laitière, Il existe quatre typologies d’entreprises marocaines, classifiées selon leurs pratiques RH ; Les multinationales constituent les réelles moteurs d’innovation dans ce volet, offrant à leurs salariés des conditions très avantageuse, et réalisent de gros investissement pour mettre en place une fonction RH effective. Le DRH fait ici partie des instances de décision. Ces dernières sont plus ou moins similaires à certaines entreprises nationales qui ont fait “le choix d’intégrer les nouvelles exigences de l’économie internationale dans leur stratégie d’affaires et, en particulier, de tenir compte des fragilités qui découlent d’une prise en compte insuffisante du facteur humain.”
Certaines entreprises nationales éprouvent une dualité des pratiques RH ; d’un côté elles font preuve d’une réelle volonté de développer leurs pratiques et départements RH, mais mettent en place des pratiques préjudiciables. Enfin, on ne peut nier les entreprises dont la pratique RH se limite aux tâches élémentaires, ce qui crée un environnement professionnel où la formation et le développement passent au deuxième plan.
Pour l’essentiel, au Maroc, la gestion des RH tend à être plus ou moins uniforme et standardisée. Plusieurs raisons sont présentées comme cause: le manque des programmes d’enseignement supérieur spécialisés en gestion de ressources humaines, le manque de talents et d’expertise dans certains domaines spécialisés et métiers techniques, ainsi que l’absence de représentation syndicale, et parfois même la non-application du code du travail. Ces derniers ne sont que quelques défis auxquels le développement du marché du travail au Maroc est confronté. Certes, il s’agit des faiblesses structurelles, mais cela ne peut entraver toute tentative de développement.
Les innovations en cours, touchant à la fonction RH, et la recherche sur les applications des nouvelles découvertes ont commencé à changer la réalité quotidienne des travailleurs dans plusieurs pays. Les chefs d’entreprise du monde entier ont pu expérimenter et élucider plusieurs aspects de la trajectoire que les RH prennent. De nos jours, on parle des RH stratégiques ; en tant que composant intégral de la direction générale de l’entreprise, dont les décisions et pratiques servent à accomplir des objectifs business.
Au Maroc, il y a certainement une amélioration, surtout après la période de pandémie, et certainement beaucoup plus d’intérêt pour les dernières innovations et recherches académiques en gestion des RH. Les professionnels sont en effet plus conscients de l’impact potentiel d’une gestion RH solide et inventive. C’est un point positif certain, mais cela reste un simple intérêt. La période pandémique avait montré qu’un grand nombre d’organisations avaient les démarches nécessaires pour être à la hauteur des exigences des situations. Comme tous les marchés du travail dans le monde, le marché marocain fait preuve lui aussi de plusieurs faiblesses. Néanmoins, les organisations marocaines, pour la plupart, semblent prêtes à franchir une nouvelle étape dans le développement de la fonction RH.
Une question s’impose: quel est vraiment l’état actuel de la gestion des RH au Maroc. Il sert à démontrer certains points lorsque les découvertes révolutionnaires sont juxtaposées à l’application réelle ; il semble que les éléments importants, la sensibilisation et la compréhension, soient là, et la transition vers une approche plus pratique semble très possible.
Au cours de la dernière année seulement, certains problèmes liés au marché du travail et au capital humain ont fait la une des journaux, tels que le manque cruel de professionnels dans le secteur de santé, la fuite des cerveaux et la pénurie de main-d’œuvre en général. L’aspect positif est que le rythme des transformations s’accélère, tandis que le Maroc essaie de renforcer sa position économique et d’attirer les investisseurs étrangers. Il est désormais compréhensible que pour qu’une économie locale se développe, il y a des bases à considérer en premier. Cela fait du Maroc un lieu ambivalent ; problèmes structurels, mais avec la recherche active de développement que les cercles RH du pays décrivent, couplée aux transformations en cours, l’application des découvertes récentes ne semble pas un objectif très radical.