Le chemin vers l’égalité professionnelle entre hommes et femmes reste semé d’embûches, notamment à travers les nombreux préjugés et mythes qui persistent dans le monde du travail. Si des progrès notables ont été réalisés au fil des décennies, il reste encore de nombreux stéréotypes à déconstruire, particulièrement dans le contexte marocain où les enjeux de parité et de leadership féminin sont encore loin d’être résolus. Cet article explore trois mythes récurrents qui entravent le développement professionnel des femmes et examine pourquoi il est crucial de les remettre en question.
Mythe n°1 : « Elle est la fille de »
L’un des mythes les plus répandus est celui selon lequel les femmes occupant des postes élevés ou ayant réussi dans leur carrière doivent leur succès à leurs origines familiales. Que ce soit par l’héritage d’une société familiale puissante ou le réseau de leur père, ce préjugé minimise leurs compétences et leur parcours personnel. Le mythe de « la fille de » est une forme subtile de dévalorisation, qui empêche de reconnaître la valeur réelle de l’engagement et des talents des femmes.
Au Maroc, où les structures familiales sont souvent influentes, cette idée est particulièrement ancrée. Les femmes qui réussissent et accèdent à des postes stratégiques dans les entreprises sont parfois perçues comme étant « favorisées » en raison de leur lien avec des figures masculines puissantes. Cette vision simpliste et réductrice ignore souvent la rigueur, la persévérance et les sacrifices qu’elles ont dû consentir pour se frayer un chemin dans un environnement encore largement dominé par les hommes.
Mythe n°2 : « Elle est la femme de »
Ce mythe renvoie à une autre forme de dévaluation, cette fois basée sur le statut conjugal. « Elle est la femme de » est une expression qui soulève l’idée selon laquelle une femme, même au sommet de sa carrière, doit son succès à l’influence de son mari ou compagnon, souvent perçu comme l’acteur principal dans cette dynamique. Cela reflète une vision archaïque des rôles de genre, où les femmes sont réduites à leur statut marital et à l’idée qu’elles n’ont pas de réussite propre, mais seulement une « réussite indirecte » par le biais de leur partenaire masculin.
Dans le monde professionnel marocain, cette perception est encore largement répandue, en particulier dans les secteurs où les traditions et les codes sociaux sont encore très présents. Les femmes qui réussissent dans des entreprises de premier plan sont souvent vues à travers ce prisme, ce qui constitue une remise en cause de leur légitimité et de leur autonomie professionnelle.
Mythe 3 : « Elle a eu de la chance »
Un mythe récurrent est de croire que la réussite d’une femme dans le monde professionnel est uniquement due à la chance ou à des circonstances fortuites. Ce raisonnement minimise le travail acharné, les compétences et la persévérance qui sont nécessaires pour atteindre des positions de leadership. Il est essentiel de reconnaître que le succès des femmes n’est pas le fruit du hasard, mais de leur mérite et de leur capacité à surmonter les défis professionnels.
Pourquoi déconstruire ces mythes est essentiel pour l’égalité professionnelle
La remise en question de ces trois mythes est primordiale si l’on veut permettre une véritable égalité des chances pour les femmes dans le monde du travail. Le premier pas vers une transformation réelle des mentalités passe par la reconnaissance du fait que le succès des femmes dans leurs carrières professionnelles ne dépend pas de leur genre ou de leurs relations familiales, mais de leur talent, de leur travail acharné et de leur capacité à se saisir des opportunités.
En tant que DRH, il est essentiel de déconstruire ces préjugés au sein de l’entreprise. Les mythes qui sous-tendent ces stéréotypes ne font que limiter les ambitions des femmes, tout en maintenant un climat de travail toxique et inégalitaire. En outre, ces préjugés créent un environnement où la réussite des femmes est systématiquement mise en doute, ce qui peut affecter leur engagement, leur performance et leur bien-être au travail.
La transformation culturelle dans les entreprises marocaines
Le monde du travail au Maroc connaît de profondes mutations. Alors que l’inégalité de genre persiste, de plus en plus d’entreprises commencent à prendre conscience des bénéfices d’une équipe diversifiée et inclusive. Certaines organisations mettent déjà en place des actions concrètes pour encourager les femmes à accéder à des postes de direction et à exercer leur leadership de manière égale à leurs homologues masculins.
Les DRH ont un rôle clé à jouer. Leur implication dans la gestion de la diversité et dans la déconstruction des stéréotypes de genre est essentielle pour garantir un environnement de travail équitable. La mise en place de quotas, la révision des critères de recrutement et l’intégration de critères de parité dans les évaluations de performance sont autant de leviers qui permettront aux femmes de gravir les échelons professionnels sans subir la pression des mythes et des préjugés.