Le 17 juin 2025, dans les locaux flambant neufs de CasaNearshore Park, Oracle a levé le voile sur un projet aussi ambitieux que stratégique : l’ouverture de son dixième centre mondial de recherche et développement, le premier en Afrique. Cette décision n’est pas le fruit du hasard. Elle incarne la reconnaissance du potentiel technologique du Maroc, de la qualité de ses ingénieurs et de sa capacité à devenir un acteur de référence dans l’innovation logicielle, notamment sur les technologies cloud et l’intelligence artificielle.
Ce projet a pris forme en 2019, s’est accéléré en 2022 après la visite de Safra Catz, PDG d’Oracle, au Maroc, et s’est concrétisé sous l’égide d’un partenariat fort entre l’État et le géant américain. L’inauguration s’est déroulée en présence du Chef du gouvernement Aziz Akhannouch et de la ministre de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. Cette dernière a salué “un tournant structurant qui valorise les compétences marocaines et démontre la place centrale du Royaume dans la transformation digitale continentale.”
Un centre à haute valeur ajoutée pour l’emploi et les compétences
Installé sur sept étages, le centre R&D d’Oracle à Casablanca n’est pas un simple espace technique. Il se veut un lieu de vie et d’innovation. Il dispose d’un auditorium de 120 places, de salles de sport, d’espaces collaboratifs, d’un restaurant d’entreprise et de salles de prière — des installations pensées pour le bien-être et la rétention des talents. D’ici 2027, Oracle prévoit d’y recruter 1 000 collaborateurs, avec une première vague de 600 employés dès fin 2025, dont 80 profils seniors. Fait notable : 40 % des recrutements auront lieu en dehors du périmètre Casablanca-Rabat, contribuant à une meilleure répartition territoriale de la valeur ajoutée numérique.
Le centre mise aussi sur une dynamique de formation intégrée. Plus de 300 stagiaires seront accueillis chaque année, avec un taux d’embauche à l’issue du stage qui dépasse 94 %. Cette logique d’intégration progressive — du stage vers l’emploi stable — renforce le lien entre universités, écoles d’ingénieurs et tissu productif. Elle s’inscrit dans la vision de long terme défendue par Oracle et par le gouvernement marocain.
Craig Stephen, vice-président exécutif d’Oracle, a salué “le professionnalisme et la motivation des jeunes ingénieurs marocains, qui rivalisent avec leurs homologues des plus grandes places technologiques du monde.” Il ajoute : “De plus en plus, ces talents choisissent de rester ou de revenir au Maroc. Ce centre R&D est une réponse à leurs aspirations et à la montée en compétence du pays.”
Une mission d’innovation au service de la souveraineté numérique
Les équipes installées à Casablanca interviendront sur des domaines de pointe, dans un environnement technologique aligné sur les standards les plus exigeants. Le cœur d’activité couvre plusieurs axes : développement logiciel, intelligence artificielle, machine learning, cybersécurité, optimisation de langages de programmation, cloud infrastructure et gestion 24/7 des services. Ces fonctions stratégiques ne concernent pas uniquement la clientèle africaine : elles s’intègrent aux cycles de développement mondiaux d’Oracle.
L’ambition est double. D’une part, contribuer à l’excellence technologique de l’entreprise à l’échelle globale. D’autre part, renforcer la souveraineté numérique du Maroc en consolidant sa maîtrise des technologies critiques et en participant à la montée en puissance de son écosystème local.
Le centre est également un catalyseur de formation certifiante. Oracle collabore déjà avec plusieurs grandes écoles marocaines (EMI, ENSIAS, INPT, UIR, etc.), en intégrant ses cursus de certification dans les parcours académiques. En juin 2025, plus de 7 269 étudiants étaient inscrits à ces modules, avec près de 1 200 certifications Oracle délivrées. Une politique qui répond aux besoins croissants du marché en compétences cloud, data et IA, tout en réduisant l’écart entre la formation initiale et les attentes réelles des entreprises.
Une stratégie d’implantation territoriale et de soutien à l’écosystème
L’ouverture du centre de Casablanca s’inscrit dans une stratégie plus large de déploiement d’Oracle au Maroc. Le groupe a récemment annoncé l’implantation d’un bureau à Agadir, ainsi que l’ouverture prochaine d’un second site dans le nord du pays, probablement à Tanger ou Tétouan. Ces antennes visent à irriguer le tissu numérique régional et à consolider la présence d’Oracle au-delà des grands centres économiques classiques.
En parallèle, deux régions cloud publiques verront le jour à Casablanca et à Settat. Ces infrastructures permettront de proposer des services de stockage, de traitement et de sécurisation des données localement, tout en répondant aux contraintes de souveraineté réglementaire des institutions publiques et des grands comptes. Cette initiative favorisera la migration vers le cloud des administrations et entreprises marocaines, dans une logique de modernisation et de transformation digitale.
“Le Maroc n’est plus seulement un pays attractif. Il est devenu un choix stratégique pour les acteurs mondiaux de la tech”, a déclaré Amal El Fallah Seghrouchni, évoquant un nouveau cycle dans la consolidation de la place du Maroc comme hub numérique régional.
Le soutien de l’État, à travers la stratégie Maroc Digital 2030, joue ici un rôle d’accélérateur. En créant un environnement fiscal, réglementaire et institutionnel favorable, cette politique publique permet à des acteurs comme Oracle d’inscrire leur développement dans la durée et d’investir dans des projets à forte valeur ajoutée.
Une dynamique régionale porteuse pour l’innovation africaine
L’impact du centre dépasse les frontières marocaines. Il ouvre une nouvelle ère pour l’innovation africaine en facilitant l’émergence d’un pôle de développement technologique intégré sur le continent. Le choix d’installer ce centre à Casablanca — et non à Dubaï, Johannesburg ou Nairobi — envoie un message clair : le Maroc est désormais considéré comme une plateforme crédible pour piloter des projets technologiques internationaux, dans un cadre sécurisé, stable et compétitif.
À terme, ce centre contribuera à faire du Maroc un carrefour d’innovation entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Il donnera aux talents africains un accès direct à des projets d’envergure mondiale, à des outils technologiques de pointe, et à des parcours de carrière valorisants sans passer par l’expatriation.
Chiffres clés du centre R&D Oracle à Casablanca
- Ouverture : 17 juin 2025
- Lieu : CasaNearshore Park, Casablanca
- Nombre de collaborateurs prévus : 1 000 d’ici 2027
- Effectifs en 2025 : 600 employés, dont 80 seniors
- Taux d’embauche post-stage : 94 %
- Nombre de stagiaires annuels : 300+
- Certifications Oracle délivrées en 2025 : 1 200
- Partenaires académiques : 15 écoles et universités marocaines
- Régions cloud prévues : Casablanca et Settat
Avec ce centre, Oracle ne se contente pas d’ouvrir une antenne régionale. Il pose une brique structurante dans l’infrastructure technologique du Maroc. Le pays, quant à lui, capitalise sur ce partenariat pour former ses jeunes, retenir ses talents, et inscrire son économie dans une trajectoire d’innovation durable. À l’heure où la compétition mondiale sur les technologies numériques s’intensifie, le Maroc confirme sa capacité à attirer les leaders du secteur — et à s’imposer comme un acteur qui compte.