Les Neet (Not in Education, Employment or Training), ou jeunes de 15 à 34 ans n’ayant ni emploi, ni formation, ni éducation, représentent une population vulnérable dans de nombreux pays, y compris le Maroc. Ce phénomène est de plus en plus préoccupant, car il touche un grand nombre de jeunes, souvent confrontés à des difficultés économiques et sociales majeures.
Les Neet au Maroc : un phénomène en forte croissance
Le Maroc, comme de nombreux pays, fait face à une forte proportion de jeunes Neet. Bien que les données varient, selon les derniers rapports, environ 25 % des jeunes âgés de 15 à 34 ans au Maroc se trouvent dans cette situation. Ce taux est particulièrement élevé chez les femmes, qui rencontrent davantage de barrières pour accéder à l’éducation et à l’emploi. Les jeunes issus des milieux ruraux sont également plus vulnérables à ce phénomène, en raison de l’accès limité à l’éducation et à la formation professionnelle.
Les causes de l’augmentation des Neet
Le marché du travail est souvent caractérisé par un taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes diplômés. En conséquence, de nombreux jeunes, une fois leur formation terminée, n’arrivent pas à trouver un emploi stable. Ce phénomène a été exacerbée par la crise économique mondiale de 2008 et la crise sanitaire de la Covid-19, qui ont entraîné une réduction des opportunités professionnelles.
Le manque de compétences de base, telles que la maîtrise du français, des mathématiques ou de l’informatique, constitue également un obstacle majeur à l’insertion professionnelle des jeunes au Maroc. Bien que l’offre d’éducation et de formation se soit améliorée ces dernières années, de nombreux jeunes sortent du système éducatif sans avoir acquis des compétences adaptées aux besoins du marché du travail.
Pourquoi la situation est-elle plus grave au Maroc ?
Le système éducatif marocain, bien qu’en constante amélioration, souffre encore de certains défis structurels. En particulier, le manque de formation en alternance, qui combine théorie et pratique, reste un point faible. Contrairement à des pays comme l’Allemagne ou la Suisse, où la formation en alternance est courante, le Maroc n’a pas encore déployé de manière suffisante des modèles d’éducation qui permettent aux jeunes de se familiariser avec les exigences du marché du travail. En conséquence, une proportion importante des jeunes diplômés ne possède pas les compétences pratiques nécessaires à l’intégration dans le monde professionnel.
Les politiques publiques sont également insuffisantes pour répondre à l’ampleur du problème. Les dispositifs existants, tels que l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC), peinent à toucher tous les jeunes Neet, surtout ceux issus des milieux les plus précaires. Les jeunes ayant quitté tôt l’école, notamment ceux du milieu rural, se retrouvent dans une situation d’isolement, loin des programmes de réinsertion professionnelle.
Les solutions pour combattre le phénomène des Neet
Le Maroc doit impérativement renforcer ses politiques de lutte contre le décrochage scolaire et l’insertion professionnelle des jeunes. Plusieurs pistes peuvent être explorées :
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Renforcer l’enseignement en alternance : adopter un modèle de formation en alternance à l’instar des pays européens permettrait de faciliter la transition entre l’éducation et le marché du travail. Ce modèle, qui combine l’apprentissage en entreprise avec la formation théorique, pourrait être particulièrement utile pour les jeunes marocains, en particulier ceux issus de la formation professionnelle.
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Améliorer l’accès à la formation professionnelle et continue : il est essentiel de renforcer les programmes de formation professionnelle et de reconversion pour permettre aux jeunes de développer des compétences pratiques adaptées aux besoins du marché. Des certifications reconnues au niveau national et international, comme le Certificat de Qualification Professionnelle (CQP), sont des leviers intéressants pour améliorer l’employabilité des jeunes.
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Promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes : dans un contexte de chômage élevé, l’entrepreneuriat peut constituer une alternative pour les jeunes. Le Maroc pourrait encourager les jeunes à créer leur propre entreprise en leur offrant un accès facilité aux financements, des formations en gestion d’entreprise et des accompagnements adaptés.
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Renforcer les dispositifs de réinsertion : les politiques publiques devraient mettre en place des dispositifs plus ciblés pour les jeunes Neet les plus en difficulté. Des structures d’insertion professionnelles pourraient être créées pour accompagner ces jeunes tout en leur offrant une formation accélérée sur les compétences de base comme la maîtrise du français, les mathématiques, ou encore les compétences numériques.
Le phénomène des Neet au Maroc est un défi de taille, tant sur le plan social qu’économique. Pour y faire face, il est crucial de développer des stratégies intégrées qui vont au-delà de l’éducation formelle, en favorisant des parcours éducatifs et professionnels plus flexibles et adaptés aux besoins du marché du travail. La lutte contre ce phénomène passera également par une meilleure coordination entre les secteurs public et privé, afin de créer davantage d’opportunités d’emploi et de formation pour les jeunes marocains.