Le capital humain est un enjeu majeur dans la transformation numérique des sociétés modernes. C’est ce qu’a réaffirmé Ghita Mezzour, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, lors des Assises des industries culturelles et créatives (ICC) tenues à Rabat. Selon elle, investir dans les compétences des individus est essentiel pour accompagner l’adoption de technologies comme l’intelligence artificielle (IA) tout en favorisant l’emploi et l’innovation. Cette vision s’inscrit dans la stratégie « Maroc Digital 2030 », qui ambitionne de former une nouvelle génération aux métiers du digital.
Pour Ghita Mezzour, la transformation numérique n’est pas seulement une question de technologie, mais surtout une affaire de compétences humaines. Le Maroc, conscient de cet enjeu, a mis en place une série d’initiatives pour préparer les jeunes aux métiers d’avenir. À travers la stratégie « Maroc Digital 2030 », l’objectif est clair : former 100 000 jeunes aux métiers du digital d’ici 2030.
Cette initiative s’appuie sur la création de 144 nouvelles filières numériques dans 12 universités publiques marocaines, en collaboration avec des entreprises privées. Ces filières couvrent des domaines variés comme l’intelligence artificielle, la Blockchain et la cybersécurité, offrant ainsi aux jeunes des opportunités dans des secteurs à forte demande.
Pour encourager la reconversion vers les métiers du digital, le programme « Jobintech » a été lancé pour les jeunes diplômés en sciences. Ce programme leur permet de se former gratuitement, sur une période de trois à six mois, grâce à des formations soutenues par de grands acteurs technologiques. Ces derniers offrent également des certifications gratuites, un atout pour renforcer l’employabilité des jeunes diplômés dans le domaine numérique.
L’importance de telles initiatives est cruciale dans un monde où l’automatisation et l’intelligence artificielle redéfinissent les emplois. Les métiers traditionnels disparaissent progressivement, remplacés par des fonctions nécessitant de nouvelles compétences. Si l’intelligence artificielle présente des opportunités de création d’emplois et d’amélioration de la productivité, elle soulève également des défis importants, notamment en ce qui concerne l’impact sur l’emploi et la créativité humaine.
L’automatisation croissante dans divers secteurs économiques, rendue possible par l’intelligence artificielle, a provoqué des craintes quant à la disparition de certains métiers. Durant les Assises des ICC, les panélistes ont discuté de la façon dont l’IA, bien qu’étant un outil puissant, peut également être perçue comme une menace pour l’emploi, en particulier dans les secteurs où la créativité humaine est centrale.
Toutefois, l’adoption de l’IA ne doit pas être vue uniquement comme une substitution aux compétences humaines. Elle peut, au contraire, devenir un levier pour enrichir la créativité et augmenter la productivité si elle est bien encadrée. Le leadership est donc essentiel pour naviguer dans cette nouvelle ère numérique. Une régulation efficace est indispensable pour garantir que l’IA ne déstabilise pas les secteurs existants tout en permettant de nouvelles opportunités.
Les experts présents aux Assises ont souligné que le leadership et la régulation seront déterminants pour une intégration réussie de l’intelligence artificielle dans l’économie. Le rôle des dirigeants sera de veiller à ce que l’adoption de l’IA se fasse de manière équilibrée, en tenant compte des réalités sociales et économiques.
La régulation devra s’adapter rapidement aux innovations technologiques pour protéger les emplois tout en permettant aux industries de profiter des avantages de l’IA. Par ailleurs, le développement de compétences humaines restera crucial pour exploiter pleinement le potentiel de ces technologies sans sacrifier l’apport créatif et intellectuel des individus.
Le discours de Ghita Mezzour lors des Assises des ICC met en lumière un point essentiel : le succès de la transformation numérique repose sur le capital humain. Sans un investissement massif dans la formation et l’acquisition de nouvelles compétences, l’adoption des technologies comme l’intelligence artificielle pourrait accroître les inégalités et menacer certains secteurs. Toutefois, en misant sur des initiatives telles que « Maroc Digital 2030 » et « Jobintech », le Maroc montre la voie vers une transition numérique inclusive et durable.