Au Maroc, les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur restent criantes, notamment dans les zones périphériques. Alors que l’excellence académique se heurte souvent à la précarité géographique et sociale, l’engagement de certains acteurs économiques dépasse désormais la philanthropie. C’est dans cet esprit que Ports4Impact, structure dédiée à la politique RSE de Marsa Maroc, vient de nouer un partenariat stratégique avec Jadara Foundation. Objectif : permettre à dix jeunes issus de régions portuaires, et sélectionnés selon des critères d’excellence et de vulnérabilité, d’accéder à un parcours universitaire complet et accompagné. Une démarche qui interpelle directement les DRH sur la nature de leur impact sociétal, bien au-delà de l’entreprise.
Ce partenariat repose sur un mécanisme exigeant : sélection des bénéficiaires selon une double grille académique et sociale, parité systématique hommes-femmes (50 % de jeunes filles), et inclusion de profils en situation de handicap. En plaçant la diversité au cœur de sa stratégie, Ports4Impact envoie un message clair : l’équité ne se décrète pas, elle se construit dès les premiers jalons d’un parcours professionnel. Le choix des zones ciblées – Dakhla, Laâyoune, Agadir, Safi, Jorf Lasfar, Casablanca, Mohammedia, Tanger et Nador – n’est pas anodin. Il s’agit de territoires portuaires stratégiques où Marsa Maroc opère, mais aussi de régions où l’accès aux dispositifs d’orientation ou de bourses reste fragmentaire.
Le soutien offert ne se limite pas à une aide financière. Jadara Foundation, acteur de référence dans l’accompagnement des jeunes à haut potentiel issus de milieux défavorisés, déploie un programme structuré : mentorat individualisé, coaching en soft skills, immersion dans des réseaux professionnels, accompagnement psychologique et suivi académique. L’approche est holistique, pensée pour créer les conditions d’un véritable ascenseur social, au-delà des discours.
Une RSE d’ancrage territorial, pas de vitrine
À travers Ports4Impact, Marsa Maroc affirme une vision de la RSE comme levier stratégique au service de la transformation sociale. L’association, créée pour donner une forme opérationnelle à cet engagement, n’est ni une fondation vitrine ni une simple entité caritative. Elle agit comme un catalyseur d’initiatives locales, en mobilisant des partenaires éducatifs, associatifs et institutionnels autour de projets ancrés dans le tissu territorial. Cette logique d’ancrage est essentielle : plutôt que de plaquer des dispositifs standardisés, Ports4Impact adapte son action aux réalités de chaque port et aux besoins spécifiques des communautés locales.
L’exemple de ce partenariat avec Jadara illustre une approche systémique, où la politique RH de l’entreprise rejoint ses engagements RSE dans une logique d’impact. En soutenant la formation de futurs collaborateurs potentiels issus de bassins d’emploi portuaires, Marsa Maroc construit aussi sa propre relève tout en contribuant au développement durable de ses zones d’implantation. Une stratégie de long terme qui interroge la fonction RH : quelles compétences voulons-nous demain ? Quels viviers devons-nous construire dès aujourd’hui ? Et comment les DRH peuvent-ils intégrer ces logiques d’intérêt général dans leur politique de GPEC territoriale ?
La montée en puissance du binôme entreprise-société civile
Depuis 2002, Jadara Foundation a accompagné plus de 3 025 jeunes dans leur parcours d’enseignement supérieur, dont 74 % de jeunes filles. Sa reconnaissance d’utilité publique témoigne de la crédibilité de son action. En s’associant à elle, Marsa Maroc évite l’écueil du mécénat ponctuel et mise sur la complémentarité des rôles. L’entreprise finance, la fondation accompagne, et ensemble elles construisent une trajectoire pour des jeunes jusqu’ici peu visibles dans les dispositifs classiques d’insertion.
Ce type de modèle croisé s’impose de plus en plus comme une référence. Il permet de dépasser les limites des politiques publiques éducatives en intégrant les entreprises comme acteurs de la chaîne de valeur de la formation. Les DRH ont ici un rôle stratégique à jouer, à la fois en soutenant ces dynamiques dans leur politique RSE, mais aussi en anticipant, avec les fondations et associations, les profils dont elles auront besoin demain. Le lien avec les territoires n’est plus une option : il devient une condition de survie et d’agilité dans un environnement où les inégalités peuvent impacter directement les performances économiques.
Au-delà de ses bénéficiaires immédiats, le partenariat entre Ports4Impact et Jadara Foundation esquisse une voie possible pour repenser l’action RH : non plus comme une simple gestion des ressources, mais comme un moteur d’inclusion active au service de la performance collective. Une réflexion désormais incontournable pour toute entreprise qui prétend avoir un impact.