La publication du rapport annuel de la Cour des comptes pour l’année 2022-2023 a mis en lumière des enjeux cruciaux concernant l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC) au Maroc. Ce rapport souligne les défis auxquels l’ANAPEC est confrontée et offre des recommandations essentielles pour améliorer son efficacité et son impact sur le marché de l’emploi. Dans cet article, nous examinerons les principales conclusions de ce rapport et les implications qu’elles ont pour l’ANAPEC et l’emploi au Maroc.
L’ANAPEC joue un rôle central dans la gestion de l’emploi au Maroc. En tant qu’agence gouvernementale, elle est chargée de promouvoir l’emploi, de faciliter l’insertion professionnelle des citoyens, et de soutenir la création d’entreprises. Cependant, le rapport de la Cour des comptes met en lumière plusieurs défis majeurs auxquels l’ANAPEC est confrontée dans l’exécution de sa mission.
Le rapport de la Cour des comptes révèle plusieurs données préoccupantes. En 2019, le nombre de chercheurs d’emploi inscrits auprès de l’ANAPEC atteignait 1 655 462, dont une grande majorité (65%) étaient des jeunes âgés de 20 à 35 ans. Parmi ces chercheurs d’emploi, 18% étaient des bacheliers, 27% étaient diplômés de la formation professionnelle, 22% étaient diplômés de l’enseignement supérieur, et seulement 6,42% étaient des non-diplômés.
L’un des principaux constats du rapport est que le taux de nouveaux inscrits représente en moyenne seulement près de 14% du total des chercheurs d’emploi inscrits. Cela signifie que l’ANAPEC n’arrive pas à fournir des solutions d’emploi à la majorité de ses inscrits.
L’ANAPEC est également critiquée pour son manque d’inclusivité. Le rapport met en évidence le fait que l’agence n’a pas encore réussi à se positionner comme un service public de l’emploi ouvert à toutes les catégories de chercheurs d’emploi, y compris les non-diplômés et les anciens diplômés. Cette critique est en contradiction avec la stratégie de l’emploi lancée en 2015, qui prône une approche plus inclusive pour répondre aux besoins diversifiés de la population.
Le rapport révèle également des défis majeurs dans la gestion des programmes de formation qualifiante par l’ANAPEC. L’agence manque des capacités et des outils nécessaires pour garantir l’efficacité de ces programmes. La Cour des comptes recommande une révision de cette attribution de l’ANAPEC, avec une implication plus directe des organismes publics de formation dans le processus.
En outre, l’ANAPEC est confrontée à un défi de positionnement dans l’écosystème institutionnel lié à la promotion de la création d’entreprises et à l’appui à l’auto-emploi. Le rapport souligne que l’ANAPEC n’a pas réussi à définir clairement son rôle dans ce domaine. Bien qu’elle ait développé une nouvelle offre de services en 2015 en réponse aux difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du programme Moukawalati, cette offre reste limitée et ne couvre pas toutes les étapes du cycle de vie d’un projet entrepreneurial.
Face à ces constats alarmants, la Cour des comptes formule plusieurs recommandations cruciales. Tout d’abord, elle recommande au ministère chargé de l’emploi de redéfinir le rôle de l’ANAPEC en tant que service public de l’emploi. Cela devrait s’accompagner de la mise en place de programmes de promotion de l’emploi adaptés à chaque catégorie de chercheurs d’emploi.
La Cour des comptes insiste également sur la nécessité pour l’ANAPEC de respecter les engagements en matière de formation contractualisée pour l’emploi, garantissant ainsi l’insertion professionnelle des candidats formés.
Enfin, l’ANAPEC doit revoir son offre de services pour accompagner efficacement la création d’entreprise. Cela inclut la mise en place de processus clairs et d’outils d’accompagnement adaptés à chaque catégorie de porteurs de projets. Il est également essentiel de renforcer les compétences des conseillers spécialisés en emploi pour offrir un soutien de qualité aux chercheurs d’emploi.
La publication du rapport annuel de la Cour des comptes pour l’année 2022-2023 met en lumière les défis critiques auxquels l’ANAPEC est confrontée dans sa mission de promotion de l’emploi au Maroc. Pour améliorer l’efficacité de l’agence et offrir de meilleures perspectives aux chercheurs d’emploi marocains, il est essentiel de mettre en œuvre les recommandations de la Cour des comptes. L’ANAPEC doit redéfinir son rôle, améliorer la qualité de ses services, et adopter une approche plus inclusive pour répondre aux besoins variés de la population. Une réforme en profondeur est nécessaire pour dynamiser le marché de l’emploi au Maroc et stimuler la croissance économique du pays.