À peine 23 % des entreprises marocaines intègrent aujourd’hui pleinement la RSE dans leur stratégie, selon une enquête 2024 de la CGEM – un chiffre qui révèle l’ampleur du chantier mais aussi l’urgence d’une mobilisation RH structurée autour de la durabilité.
La RSE s’impose comme levier de compétitivité à long terme
Clôturée le 27 juin à Tanger, la 3ᵉ édition du Congrès RSE NOW confirme une évolution majeure : la responsabilité sociétale n’est plus un supplément d’âme mais un déterminant croissant de la compétitivité, de l’attractivité et de la conformité. Organisé par le Club des Dirigeants, avec le soutien du Ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable, l’événement a réuni plus de 150 participants – dirigeants, experts RSE, représentants d’institutions et d’universités – autour d’un objectif commun : intégrer durablement les Objectifs de Développement Durable (ODD) dans les pratiques managériales et organisationnelles.
L’événement a également été soutenu par des partenaires stratégiques tels que la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, le CRI, Tanger Med Zones ou encore la CGEM. Cette convergence public-privé-académique illustre l’alignement progressif de l’écosystème marocain sur les standards internationaux de gouvernance éthique et durable.
Gouvernance, innovation, inclusion : les trois piliers d’un modèle RH renouvelé
La conférence inaugurale, animée par le Dr Tariq ESSAID, expert de la norme ISO 26000, a insisté sur l’impératif d’embarquer les parties prenantes dans une logique de gouvernance intégrée et responsable. Il ne s’agit plus simplement de se conformer mais d’aligner durablement performance économique et impact social.
L’accent mis sur la finance durable, la décarbonation, l’IA responsable ou encore le bien-être au travail souligne le rôle structurant que les fonctions RH doivent jouer. En tant que garants de la cohérence entre valeurs affichées et comportements managériaux, les DRH sont appelés à redéfinir les critères de performance : transparence, inclusion, résilience organisationnelle.
Vers une démocratisation des outils RSE au sein des PME
Un des temps forts de cette édition fut l’annonce par la CGEM du lancement d’un label RSE dédié aux PME, marquant une volonté claire de rendre accessibles les pratiques responsables à l’ensemble du tissu économique national. Selon l’Observatoire Marocain de la PME (OMPIC, 2023), plus de 93 % des entreprises au Maroc sont des TPE/PME – leur engagement conditionne donc directement la réussite d’une transition à grande échelle.
Ce label, adossé à des critères simplifiés mais exigeants, vise à encourager la formalisation des engagements éthiques, environnementaux et sociaux, tout en créant un avantage concurrentiel tangible.
Talents, territoires et impact : vers une RSE inclusive
La 4ᵉ édition du concours Green Tech Talents, en marge du congrès, a mis à l’honneur les innovations portées par les jeunes, les femmes et les entrepreneurs issus de zones rurales. Une dynamique salutaire quand on sait que, selon l’UNESCO, moins de 30 % des chercheurs dans les pays arabes sont des femmes, et que les zones non urbaines concentrent les poches les plus profondes d’inégalités sociales.
Pour les DRH, cette dimension inclusive représente une double opportunité : élargir les viviers de talents tout en renforçant l’ancrage territorial de l’entreprise. Des programmes internes favorisant la diversité, l’employabilité locale et l’entrepreneuriat social peuvent ainsi devenir des leviers puissants de marque employeur et de fidélisation.