Le Round University Ranking (RUR) 2025 confirme une dynamique qui s’accélère : les universités marocaines gagnent du terrain, et cette année, elles le font de manière visible. L’Université Euromed de Fès prend la première place à l’échelle nationale et la deuxième au niveau continental, juste derrière l’Université du Cap. Une performance inédite, qui illustre la montée en gamme d’un système universitaire en mutation.
Le RUR classe plus de 1 200 universités dans 85 pays à partir de quatre critères pondérés : enseignement (40 %), recherche (40 %), internationalisation (10 %) et impact sociétal (10 %). Euromed se démarque sur plusieurs fronts : publications scientifiques, partenariats structurés, innovation pédagogique. Son modèle euro-méditerranéen, combiné à une stratégie d’ouverture affirmée, lui permet d’émerger au-delà des standards locaux.
Les universités qui tirent le système vers le haut
Derrière Euromed, on retrouve l’Université Mohammed V de Rabat, qui consolide ses positions grâce à une activité scientifique soutenue. Suivent Cadi Ayyad à Marrakech, Hassan II à Casablanca et Abdelmalek Essaâdi à Tétouan. Des établissements qui restent des piliers, mais voient désormais apparaître une nouvelle concurrence interne.
Ce qui frappe dans ce classement, c’est la progression des structures hybrides : universités adossées à des partenariats internationaux ou à des fondations privées. Ces modèles cassent les codes historiques de l’enseignement supérieur au Maroc. Ils investissent, se positionnent et s’alignent progressivement sur les standards internationaux.
Une évolution dans un paysage global sous pression
Le Maroc n’est pas seul à progresser. Sur le continent, six pays gagnent en visibilité dans le classement RUR : l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, le Nigeria, le Kenya et le Ghana. La compétition devient continentale, parfois frontale, avec des enjeux de rayonnement académique et d’attractivité des talents.
Les données du RUR 2025 indiquent une progression marocaine sur plusieurs marqueurs : taux d’encadrement, taux de publication indexée, part d’étudiants internationaux. Pour les DRH, ces signaux dessinent une carte actualisée du potentiel académique du pays. Certains bassins de formation gagnent en profondeur, avec un impact direct sur la qualité des recrutements.
Rachid M., DRH d’un groupe industriel à Casablanca, le résume ainsi : « Ce type de classement nous aide à affiner notre cartographie des partenariats formation. On ne recrute plus seulement en fonction de la localisation, mais aussi de la réputation académique. »
Attention aux angles morts
Mais un classement reste un outil, pas un verdict. Le RUR, comme les autres benchmarks internationaux, s’appuie sur des critères homogènes, parfois éloignés des réalités locales. La pondération élevée accordée à la recherche favorise les établissements disposant d’un budget conséquent ou d’alliances scientifiques structurées. À l’inverse, les institutions tournées vers la professionnalisation ou le service territorial sont souvent sous-représentées.
Autre biais fréquent : l’indifférence aux spécificités régionales, culturelles ou linguistiques. Ces classements traduisent une forme de standardisation de l’excellence, qui mérite d’être regardée avec lucidité.
Pour les DRH, il est donc essentiel de croiser ces données avec une analyse qualitative de la formation, des compétences transférables et de l’insertion réelle des diplômés sur le marché marocain.
Vers une nouvelle cartographie des partenariats RH
Le rebond des universités marocaines dans le classement RUR n’est pas anodin. Il accompagne une tendance de fond : le rapprochement entre entreprises et établissements de formation. Dans les filières techniques, les écoles d’ingénieurs et les universités les plus performantes attirent déjà les entreprises pour co-construire des programmes, piloter des projets ou intégrer les alternants.
Ce mouvement peut s’élargir. Le classement international devient un levier supplémentaire pour structurer les politiques RH : choix des établissements cibles pour les stages, collaborations sur des certifications spécifiques, dispositifs de VAE. Les DRH gagnent à se saisir de ces données pour aligner leurs stratégies de développement des compétences avec les dynamiques académiques du pays.
Maintenir la dynamique, éviter l’essoufflement
La progression est réelle, mais fragile. Pour consolider cette trajectoire, plusieurs défis restent à relever : attirer et retenir les enseignants-chercheurs, améliorer les conditions de travail dans les universités publiques, renforcer la gouvernance et clarifier les modèles économiques. Les enjeux sont aussi politiques que structurels.
Le Maroc doit maintenant capitaliser. Il s’agit moins de célébrer un classement que de s’en servir comme point d’appui pour une stratégie durable. L’enjeu n’est pas seulement académique. Il est économique, social, territorial. Et les DRH en seront des acteurs déterminants.
Le classement RUR 2025 ouvre une fenêtre. Derrière les résultats, c’est tout un modèle de formation, de coopération et de montée en compétence qui s’esquisse. Aux DRH de transformer cette photographie en plan d’action.