Dans le cadre du dialogue social au Maroc, un nouvel élan est attendu avec le lancement d’un nouveau round de discussions en avril 2024, qui réunira le gouvernement, le patronat et les principaux syndicats. Cette rencontre est particulièrement cruciale dans le contexte socio-économique actuel, marqué par des défis considérables, notamment en termes de coût de la vie et de conditions de travail.
État des lieux
L’Union Marocaine du Travail (UMT), l’une des principales centrales syndicales du pays, a clairement affiché ses attentes pour ce nouveau cycle de négociations. Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT, a souligné l’importance d’une revalorisation significative des salaires, notamment à travers l’augmentation du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) et du Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG), ainsi que la revalorisation des pensions de retraite et des salaires des enseignants de la formation professionnelle.
Une des revendications majeures porte sur la réduction de l’impôt sur les salaires, actuellement pouvant atteindre jusqu’à 38%. Cette mesure, selon Moukharik, augmenterait le revenu disponible des salariés, qui « sont la seule catégorie sociale qui paie ses impôts à la source sans évasion fiscale », déclare-t-il à Médias24.
Parallèlement, la proposition d’augmenter le SMIG de 3.140 dirhams à 5.000 dirhams suscite un débat intense, notamment au sein du tissu entrepreneurial marocain, dominé par les TPE et les PME. La Confédération marocaine de TPE-PME a exprimé des réserves quant à la faisabilité de cette augmentation, citant une « grave crise » affectant le secteur. « 99 % des 14.000 faillites d’entreprises personnes morales au Maroc sont des TPE », indique un communiqué de la Confédération, ajoutant que le nombre dépasse largement les 33.000 si l’on inclut les entreprises personnes physiques.
Quels effets sur l’économie marocaine ?
L’augmentation proposée du SMIG pose donc un dilemme complexe. D’un côté, elle vise à améliorer le pouvoir d’achat des salariés et à atténuer les inégalités, dans un contexte où le coût de la vie ne cesse d’augmenter. D’un autre côté, elle pourrait accentuer la pression sur les TPE-PME déjà en difficulté, risquant de conduire à davantage de fermetures d’entreprises et à une augmentation du chômage.
Les implications socio-économiques d’une telle mesure sont donc multiples. Une augmentation significative du SMIG pourrait stimuler la demande intérieure en augmentant le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes, ce qui aurait un effet positif sur la croissance économique globale. Cependant, cette même mesure pourrait aussi engendrer une hausse des coûts de production pour les entreprises, particulièrement les TPE-PME, qui représentent une part substantielle de l’économie marocaine et sont un important vecteur d’emploi.
L’issue du dialogue social d’avril 2024 sera déterminante pour l’avenir économique et social du Maroc. Les parties prenantes sont donc face à un défi majeur : trouver un équilibre entre l’amélioration des conditions de vie des collaborateurs et la préservation de la compétitivité et de la viabilité des entreprises. La réussite de ce dialogue nécessitera non seulement des compromis, mais aussi la mise en place de mesures d’accompagnement pour les entreprises les plus vulnérables, ainsi qu’une réflexion approfondie sur les mécanismes de redistribution fiscale et sur les politiques de soutien à l’emploi et à l’entrepreneuriat.
Les discussions d’avril promettent d’être un moment charnière, non seulement pour les relations industrielles au Maroc, mais aussi pour l’orientation future de sa politique socio-économique.