Face à une reprise vigoureuse du transport aérien, Emirates entend recruter 5 000 membres d’équipage en 2025, dont une partie ciblée au Maroc. Ce chiffre s’inscrit dans une dynamique de croissance continue : la compagnie basée à Dubaï exploite actuellement plus de 264 avions gros porteurs et dessert plus de 140 destinations. Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), le secteur aérien retrouvera ses niveaux pré-Covid d’ici fin 2025, alimentant une course globale aux talents qualifiés dans les métiers du service et de la sécurité à bord.
Dans ce contexte, Emirates organise en juillet plusieurs journées portes ouvertes dans cinq villes marocaines – Tanger, Fès, Rabat, Casablanca et Marrakech. Objectif : identifier et attirer des candidats jeunes, multilingues et dotés d’un sens du service élevé. Pour la fonction RH marocaine, habituée à gérer des problématiques de fidélisation et d’engagement dans un marché local contraint, l’approche Emirates est un cas d’école.
Une promesse employeur claire, structurée et cohérente
Le modèle Emirates repose sur une équation simple : mobilité internationale + reconnaissance statutaire + avantages concrets. Chaque membre d’équipage est logé à Dubaï, bénéficie d’une couverture médicale premium, de primes de vol, d’un accès facilité aux voyages et d’une formation intensive dans un centre d’excellence. Ce package, clairement formalisé, est régulièrement mis à jour pour rester compétitif.
Selon le rapport 2024 de Deloitte sur la génération Z, 49 % des jeunes professionnels déclarent que la transparence sur les avantages sociaux est un critère décisif dans leur choix d’employeur. Emirates anticipe cette attente, et transforme l’offre RH en levier de marque employeur. À l’inverse, nombre d’entreprises marocaines échouent encore à documenter leur promesse RH ou à l’aligner avec leur réalité managériale.
Le Maroc : vivier stratégique, mais terrain concurrentiel
Pourquoi le Maroc ? D’abord, en raison de la forte disponibilité de profils multilingues issus d’une jeunesse diplômée, ouverte à la mobilité internationale. Ensuite, parce que le taux de chômage des jeunes diplômés reste élevé (18,6 % selon le HCP au T1 2025), rendant ces talents particulièrement réceptifs aux offres à l’étranger.
Mais cette attractivité externe accentue la pression sur les DRH marocains, confrontés à une fuite continue des compétences. Dans certains secteurs – hôtellerie, services client, aviation, santé – les départs vers les pays du Golfe ou d’Europe s’intensifient. La stratégie Emirates révèle ainsi une vérité que beaucoup préfèrent ignorer : la compétitivité employeur se joue à l’échelle internationale, même pour les entreprises opérant localement.
Un modèle d’exécution RH à haute intensité
La force d’Emirates ne réside pas seulement dans ses moyens, mais dans sa capacité d’exécution RH. La compagnie organise plus de 460 journées de recrutement à l’échelle mondiale sur l’année, avec des processus fluides, digitalisés, et une communication offensive. Les candidats marocains peuvent postuler en ligne, se présenter sans rendez-vous, ou suivre une procédure complète sur une seule journée.
Dans un pays où les processus de recrutement restent souvent longs, flous, voire arbitraires, cette efficacité envoie un signal fort : la guerre des talents se gagnera aussi par la rigueur du process et la clarté de l’expérience candidat.
Repenser l’attractivité RH dans une économie ouverte
Pour les décideurs RH marocains, cette campagne doit être lue au-delà du prisme de la “fuite des cerveaux”. Elle invite à repenser l’attractivité RH comme un avantage concurrentiel, non pas contre l’international, mais avec lui. Cela passe par :
- la formalisation de la proposition de valeur RH (PVE),
- l’investissement dans la mobilité interne et les parcours internationaux,
- et une stratégie de fidélisation ancrée dans les attentes concrètes des jeunes talents.