Le programme KAFAA est présenté comme une révolution dans la valorisation des compétences dans le secteur touristique marocain. Pouvez-vous nous expliquer les objectifs principaux de ce programme et la vision qui le sous-tend ?
Mme la Ministre Fatim-Zahra AMMOR : Le programme KAFAA est une révolution dans la valorisation des compétences au sein du secteur touristique marocain, car c’est la première fois qu’on met en place la Validation des Acquis de l’Expérience dans ce secteur. Je voudrais rappeler que KAFAA s’inscrit dans le cadre de la Feuille de Route du Tourisme et vise à renforcer le capital humain, afin d’améliorer la qualité des services offerts aux touristes et positionner notre destination parmi les meilleures au monde. Ce programme est aussi essentiel pour promouvoir l’emploi et valoriser le savoir-faire dans le secteur.
Avec KAFAA, nous souhaitons offrir aux professionnels du tourisme la possibilité de valoriser leur expérience et leur parcours par une reconnaissance formelle de leurs compétences. Le processus de certification est accessible à tous, peu importe leur localisation ou leur situation socio-économique.
En termes de chiffres, nous avons un objectif ambitieux de certifier 7.550 bénéficiaires d’ici 2026, dont 1.100 dès 2024.
Quels sont les principaux défis que vous avez identifiés dans le secteur touristique marocain, et comment le programme KAFAA entend-il répondre à ces enjeux ?
Mme la Ministre Fatim-Zahra AMMOR : Pour transformer le tourisme de notre pays, nous travaillons sur plusieurs volets, dont le développement des infrastructures touristiques. Mais évidemment, ces infrastructures ont besoin des hommes et des femmes qui les animent.
Avec le programme KAFAA, notre objectif est de mettre en valeur l’expertise de nos professionnels. En reconnaissant leur expérience, nous offrons à ces talents une motivation renouvelée pour donner le meilleur d’eux-mêmes et offrir des services qui répondent aux standards internationaux.
Cette approche devient encore plus critique à l’approche des événements sportifs internationaux que notre pays va accueillir, comme la Coupe du Monde 2030. Nous voulons nous assurer que chaque visiteur repart avec des souvenirs inoubliables, grâce à un personnel passionné et bien formé.
Quels sont les critères d’éligibilité pour les professionnels souhaitant participer au programme KAFAA, et comment se déroule le processus de validation des acquis de l’expérience ?
Mme la Ministre Fatim-Zahra AMMOR : Le programme KAFAA est ouvert à tous les professionnels qui ont au moins trois années d’expérience avérée dans le secteur du tourisme, de la restauration et de l’hôtellerie. Nous avons identifié plusieurs métiers clés qui peuvent participer, que ce soit dans l’accueil, la cuisine, la restauration ou l’hébergement.
Le processus de certification se déroule en quatre étapes : d’abord, la candidature, où chaque participant manifeste son intérêt. Ensuite, nous vérifions la recevabilité de chaque dossier. Après cela, un accompagnement est proposé pour aider le candidat à se préparer au mieux. Enfin, nous arrivons à la phase de certification, qui inclut un examen technique et pratique devant un jury. Cette dernière étape passe par un entretien et une mise en situation professionnelle.
Quel rôle les directions des ressources humaines (DRH) doivent-elles jouer pour assurer le succès du programme KAFAA au sein des entreprises ?
Mme la Ministre Fatim-Zahra AMMOR : Au-delà de KAFAA, les Directions des Ressources Humaines sont des partenaires essentiels pour développer une culture d’apprentissage continu au sein des organisations. Pour KAFAA, elles peuvent organiser des séances d’information et de sensibilisation, afin de faire connaître les bénéfices de la certification et accompagner les employés tout au long du processus.
En veillant à ce que les compétences et les expertises de leurs salariés soient reconnues, les DRH aident à renforcer la motivation et l’engagement des employés, et par conséquent l’ensemble du secteur touristique.
Nous comptons vraiment sur les DRH pour être des acteurs proactifs dans cette initiative, en encourageant la participation et en créant un environnement où l’apprentissage et la reconnaissance des compétences sont valorisés.
La participation au programme KAFAA est individuelle, avec des inscriptions gérées via le site Kafaa.ma. Comment les DRH peuvent-elles accompagner et généraliser ces démarches auprès de l’ensemble des collaborateurs ?
Mme la Ministre Fatim-Zahra AMMOR : Bien que la participation au programme KAFAA soit individuelle, il est crucial que les employeurs s’impliquent en encourageant et en sensibilisant leurs employés. Les DRH jouent un rôle clé en motivant leurs talents à saisir ces opportunités de développement. En plus des séances d’information, elles peuvent partager les avantages du programme et des témoignages d’employés ayant déjà bénéficié de la certification. Cela peut inspirer et inciter d’autres à s’engager dans le processus. Je tiens également à souligner que nous avons lancé le programme KAFAA en partenariat avec la Confédération Nationale du Tourisme, qui joue un rôle essentiel dans cette dynamique.
Comment le programme KAFAA garantit-il l’accessibilité à tous les professionnels du secteur touristique, y compris ceux situés dans les régions éloignées ou rurales, ainsi que les employés analphabètes qui possèdent une expérience significative sur le terrain ?
Mme la Ministre Fatim-Zahra AMMOR : L’accessibilité est vraiment au cœur de notre démarche avec le programme KAFAA, et c’est la raison pour laquelle nous avons mis en place la plateforme kafaa.ma accessible à tous. Chaque professionnel, quel que soit son parcours, mérite une chance d’être reconnu pour son savoir-faire. Nous avons mis en place un système d’accompagnement personnalisé et continu à chaque étape du processus. Des conseillers spécialisés sont là pour guider chaque candidat et des outils pédagogiques adaptés sont à leur disposition, afin de répondre aux besoins spécifiques de chacun.
Cette approche permet de soutenir tous les professionnels, y compris ceux qui se trouvent dans des régions éloignées ou ceux qui, malgré leur immense expérience sur le terrain, peuvent avoir des difficultés avec la lecture ou l’écriture. Nous voulons nous assurer que chaque personne, peu importe son bagage, puisse accéder à des opportunités de certification et se sentir valorisée pour ce qu’elle apporte au secteur touristique.
Le programme KAFAA propose une certification des compétences acquises sur le terrain. Comment comptez-vous garantir la reconnaissance de cette certification à l’échelle nationale et internationale ?
Mme la Ministre Fatim-Zahra AMMOR : Avec le programme KAFAA, nous mettons l’accent sur l’importance de la reconnaissance nationale, car notre priorité est de retenir et fidéliser nos talents localement. La certification KAFAA bénéficie d’une reconnaissance solide grâce à notre collaboration étroite avec les professionnels du secteur, représentés par la Confédération Nationale du Tourisme. Ces acteurs du terrain sont pleinement impliqués dans la définition des standards et des compétences à certifier, ce qui confère au programme une légitimité indiscutable à l’échelle nationale.
Nous croyons fermement que cette approche basée sur les véritables besoins et attentes des professionnels du tourisme est essentielle. En tenant compte de leur réalité quotidienne, nous veillons à ce que chaque certification reflète non seulement les compétences acquises, mais aussi la passion et l’engagement de ceux qui œuvrent pour faire briller notre secteur. Cela crée ainsi un climat de confiance et de fierté, tant pour les candidats qui envisagent la certification, que pour les employeurs qui reconnaîtront la valeur de ces compétences sur le marché.
Le programme KAFAA prévoit-il des évolutions ou des extensions pour inclure d’autres secteurs liés au tourisme, tels que l’artisanat ou l’économie sociale et solidaire ?
Mme la Ministre Fatim-Zahra AMMOR : En ce qui concerne l’artisanat, il existe déjà un programme similaire à KAFAA, lancé en 2021 en collaboration avec les chambres de l’artisanat dans plusieurs régions, dont Rabat-Salé-Kénitra, Draa-Tafilalet, Marrakech-Safi, L’Oriental, Souss-Massa, Tanger-Tétouan-El Hoceima et Fès-Meknès. Ce programme, couvre des métiers tels que la ferronnerie, la menuiserie, la couture traditionnelle, la broderie et d’autres. À ce jour, plus de 1 600 artisans ont eu la chance de faire certifier leurs compétences grâce à cette initiative. Nous avons l’intention de continuer à enrichir ce programme de Validation des Acquis de l’Expérience, tant dans les secteurs du tourisme que de l’artisanat, afin d’inclure un plus grand nombre de métiers et d’étendre la portée à d’autres régions.