Après les bouleversements de ces 3 dernières années, le monde du travail peine à remotiver ses collaborateurs. Et cette nouvelle manière d’aborder son quotidien professionnel où le strict minimum est le maître mot donnera du fil à retordre aux RH et Managers. Un phénomène qui ne cessera probablement pas de faire parler de lui
Les origines
La démission silencieuse puise ses origines dans un autre buzz des réseaux sociaux : la grande démission. Apparue en période post-Covid, la grande démission a incité nombre d’employés à se libérer des chaines de l’employeur pour voler de leurs propres ailes d’entrepreneur, dans une optique de liberté professionnelle et d’accomplissement personnel.
Avec un ras-le-bol du salariat, les sortants recherchaient surtout à donner plus de sens à leur quotidien professionnel, après l’avoir expérimenté dénué d’interactions sociales, pendant la pandémie et avec le télétravail.
La démission silencieuse, quant à elle, se veut beaucoup plus invasive et sournoise puisque le collaborateur ne pose jamais sa démission. Créé à la base par un internaute sur une vidéo Tiktok, le phénomène a connu un véritable buzz avec plus de 3 millions de vues. Alimentée aussi par le contexte inflationniste, les réorganisations internes post-Covid ou encore le manque de personnel qualifié, la démission silencieuse s’est d’abord installée aux États-Unis, avant d’envahir l’Europe. Probablement présente depuis toujours sans vraiment être nommée, aujourd’hui, la tendance s’illustre par le hashtag Quiet quitting sur les réseaux sociaux.
La démission silencieuse, qu’est-ce que c’est ?
Consistant tout simplement à ne faire que ce pourquoi le contrat de travail rémunère, la démission silencieuse, même si le nom peut prêter à confusion, n’implique pas de démission dans le sens propre du terme. Aucun contrat n’est rompu, seulement, le collaborateur se limite à ce pourquoi il a été initialement mandaté. Exit les heures supplémentaires, les prises d’initiatives ou encore le surpassement au travail, on ne fait que ce pourquoi on est payé et dans les horaires indiqués.
Les partisans du moindre effort y trouveront leur compte, ne cherchant pas à évoluer professionnellement, préférant ainsi privilégier leur bien-être à celui de leur entreprise. L’employeur ne sert plus qu’à occuper une partie de la journée et à fournir la paie du mois. Le travail est fait, mais sans aucune valeur ajoutée. La démission silencieuse s’attaque ainsi autant à l’organisation interne, la culture de l’entreprise mais aussi à la marque employeur. Le phénomène peut s’expliquer de plusieurs manières différentes. Certains y voient un laisser-aller représentatif de la nouvelle génération. D’autres accusent les nouvelles techniques RH autour de la QVT, qui donnent plus de lestes aux collaborateurs. Enfin, n’en est pas des moindres, le taux de chômage diminuant, les collaborateurs n’ont plus peur de ne pas trouver de travail et se permettent d’attendre un licenciement, beaucoup plus attractif financièrement, avant de rebondir sur l’une des nombreuses offres d’emploi disponibles sur le marché du travail. Quelle que soit la raison à cette démission officieuse, le résultat est le même : l’entreprise se retrouve avec un collaborateur démotivé, qui ne cherche plus à donner, mais seulement recevoir.
Comment y remédier ?
Afin de pouvoir remédier au problème, faut-il encore pouvoir l’identifier. Car rares sont ceux qui revendiquent leurs démissions silencieuses, préférant rester à l’ombre du travail et des soucis. D’ailleurs, tous les profils sont éligibles à ce phénomène. Du collaborateur émérite qui ne compte pas ses heures, à l’employé modèle toujours force de proposition, ou encore le fainéant qui atteint difficilement ses objectifs, personne n’est à l’abri de la démission silencieuse. En effet, cet acte exprime avant tout un mal-être du collaborateur, préférant baisser les bras plutôt que continuer à se battre. Souvent, cela est lié à de multiples facteurs présents, et depuis longtemps. C’est là qu’intervient le manager. Son rôle est primordial car c’est lui qui doit motiver les troupes et repérer les maillons faibles, ou dans ce cas, les démissionnaires silencieux. Et c’est souvent lui qui est d’ailleurs à l’origine de ce comportement. En effet, sans communication, évolution ou gratification, le collaborateur baisse les bras et arrête ainsi tout effort. C’est pourquoi, en premier lieu, il faut remotiver les collaborateurs en mettant à disposition des outils RH performants, des formations récurrentes, des perspectives d’avenir au sein de l’entreprise avec des réorientations professionnelles et enfin, un cadre de travail agréable, serein et à l’écoute des collaborateurs.